Le Garde-mots

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samedi 30 juin 2012

Agalmatophilie

Attirance sexuelle pour les statues, les mannequins, les poupées ou autres éléments figuratifs. Du grec agalma, statue, et philia, amour. Mots voisins : agalmatorémaphobie (peur que les statues ne se mettent à parler ; du grec agalma, statue, rêma, parole et phobos, peur) ; pygmalionisme (amour pour un objet de sa propre création).

Pygmalion et le pygmalionisme

À sa naissance Aphrodite (Vénus), déesse de l’amour et de la beauté, a été portée par les flots jusqu’à Chypre mais les habitantes d’Amathonte, ville où on lui rend un culte, refusent de l’honorer. Courroucée, Aphrodite décide de les punir en les condamnant à la prostitution. Le sculpteur Pygmalion fuit la débauche des femmes de son île et reste volontairement célibataire, cependant il n’abandonne pas l’idée de l’amour. Voici qu'il s’éprend d'une statue d'ivoire dont il est l'auteur et qu'il appelle Galatée. En donnant vie à la statue Aphrodite exauce son vœu le plus cher. Pygmalion épouse sa création : de leur union naît une fille nommée Paphos qui sera la fondatrice de la ville du même nom dans l’ile de Chypre.

Dans un style flamboyant Ovide nous raconte le miracle : « C’était la fête de Vénus. Chypre tout entière célébrait cette fameuse journée. L’or éclate sur les cornes recourbées des génisses au flanc de neige qui, de toutes parts, tombent sous le couteau ; l’encens fume : Pygmalion dépose son offrande sur l’autel, et debout, d’une voix timide : « Grands dieux, si tout vous est possible, donnez-moi une épouse... (il n’ose pas nommer la vierge d’ivoire) semblable à ma vierge d’ivoire ». Vénus l’entend ; la blonde Vénus, qui préside elle-même à ses fêtes, comprend les vœux qu’il a formés ; et, présage heureux de sa protection divine, trois fois la flamme s’allume, trois fois un jet rapide s’élance dans les airs. Il revient, il vole à l’objet de sa flamme imaginaire, il se penche sur le lit, il couvre la statue de baisers. Dieux ! Ses lèvres sont tièdes ; il approche de nouveau la bouche. D’une main tremblante il interroge le cœur : l’ivoire ému s’attendrit, il a quitté sa dureté première ; il fléchit sous les doigts, il cède. Telle la cire de l’Hymette s’amollit aux feux du jour, et, façonnée par le pouce de l’ouvrier, prend mille formes, se prête à mille usages divers. Pygmalion s’étonne ; il jouit timidement de son bonheur, il craint de se tromper ; sa main presse et presse encore celle qui réalise ses vœux. Elle existe. La veine s’enfle et repousse le doigt qui la cherche ; alors, seulement alors, l’artiste de Paphos, dans l’effusion de sa reconnaissance, répand tout son cœur aux pieds de Vénus. Enfin ce n’est plus sur une froide bouche que sa bouche s’imprime. La vierge sent les baisers qu’il lui donne ; elle les sent, car elle a rougi ; ses yeux timides s’ouvrent à la lumière, et d’abord elle voit le ciel et son amant. Cet hymen est l’ouvrage de la déesse ; elle y préside. Quand neuf fois la lune eut rapproché ses croissants et rempli son disque lumineux, Paphos vint à la lumière, et l’île hérita de son nom. » (Ovide. Les Métamorphoses, Livre X).

Ce mythe ancien a traversé les siècles. Il a été très souvent repris dans l’art et la littérature, y compris par Jean-Jacques Rousseau. La raison principale en est qu’un artiste met l’essentiel de lui-même dans son œuvre, y compris son narcissisme. Parmi les autres : les notions de double, de perfection, l’imitation de la nature ou mimesis, le geste divin de création…

La nouvelle Galatée

L’ivoire est actuellement interdite mais nos contemporains ont trouvé la parade. Cliquez vite pour découvrir le nouveau visage de Galatée.

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jeudi 26 avril 2012

Carbonado

Carbonado
Autre nom du diamant noir. Mot d’origine portugaise signifiant « brûlé, carbonisé » car les premiers diamants noirs, qui ressemblaient à du charbon poreux, furent découverts au XVIIIe siècle au Brésil par les Portugais.

*Alors que le diamant blanc se présente sous la forme d’un seul cristal géant le carbonado est un agrégat de cristaux microscopiques (2 à 40 microns). Le carbone dont il est constitué est un isotope de celui du diamant blanc. Il est également plus dur et très délicat à cliver, à tailler, à polir.

Une origine extraterrestre

E.T. aux yeux de diamant noir
« Maison... »

Les diamants se sont formés sous la croûte terrestre et non dans les mines d'où on les extrait. Ils résultent  de l’effet de températures et de pressions importantes sur des molécules de carbone. Des éruptions violentes les ont par la suite fait remonter des entrailles de la Terre (au moins 150 km). C’est pourquoi on les trouve dans une gangue de roche volcanique, la kimberlite, générée par les éruptions.

En partant du fait qu’on ne trouve pas de diamant noir dans la kimberlite (depuis 1900 on a extrait environ 600 tonnes de diamant des divers mines du monde sans jamais en trouver) mais dans les dépôts alluvionnaires du Brésil et de Centrafrique, un groupe de chercheurs américains (Jozsef Garai et Stephen Haggerty de la Florida International University ; Sandeep Rekhi et Mark Chance de la Case Western Reserve University) a montré de manière à peu près certaine en 2006*, à l’aide d’un synchrotron à infrarouges, que le diamant noir est d’origine extraterrestre. Il s’est formé dans l’espace interstellaire, riche en hydrogène, sous l'action des ondes de choc des supernovae (explosions cataclysmiques de certaines étoiles). Il serait arrivé sur Terre il y a environ 3,2 milliards d’années sous la forme d’un astéroïde de plus d’1 km de long tombé sur le supercontinent (la pangée, qui unissait alors l’Amérique du Sud et l’Afrique), alors que les autres formes de diamant ne remontent qu’à un milliard d’années.

[*] Garai, J.; Haggerty, S.E.; Rekhi, S.; Chance, M. (2006). Infrared Absorption Investigations Confirm the Extraterrestrial Origin of Carbonado Diamonds. Astrophysical Journal 653 (2): L153–L156.

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lundi 23 avril 2012

Qui a inventé l'Art ?

La Madone de Port Lligat
Salvador Dalí (1904-1989). La Madone de Port Lligat (1949).
Marquette University, Milwaukee, Wisconsin.


Qui a inventé l'art ? Salvador Dalí, bien sûr.

Les peintres qui l'ont précédé étaient des visionnaires. Ils ont pressenti sa venue et se sont exercés à la préparer. Avec lui commence l'Art, celui qui transfigure le quotidien, qui l'installe entre le suranné et l'esprit rebelle, le classique et le dérisoire, l'amertume et le juste récit. Il revient aux générations futures d'approfondir son œuvre, de la magnifier et, si possible, de dépasser le principe d'« irrationalité concrète » (l'expression est de lui) qu'il nous a légué.

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vendredi 6 avril 2012

La Vénus d'Urbin

Titien. La Vénus
Le Titien , Vénus d’Urbin
(Venere di Urbino)
Huile sur toile, 119 x 165 cm.
Florence, Galerie des Offices, 1538.


Ce tableau de Tiziano Vecellio dit Le Titien (1488-1576) représente une femme nue, les cheveux dénoués sur l’épaule droite. Son regard direct et chaste contraste avec l’impression générale de sensualité qui se dégage de sa pose alanguie. Elle tient dans sa main droite un bouquet de roses, attribut de Vénus. La gauche s’égare pudiquement dans l’ombre du pubis, région qui attire d’autant plus le regard que son corps suit une ligne descendante. Et si nous ne voulions pas saisir l'allusion le bord vertical du grand rideau vert derrière la Vénus, nous mène exactement au même endroit.

Détournons par discrétion nos yeux vers l’arrière-plan, où deux servantes sortent de somptueuses toilettes d’un cassone. Un arbuste en pot, sans doute un myrte, autre symbole de Vénus, est posé sur le rebord de la fenêtre.
 
Glissons vers l'un des points forts du tableau, le petit épagneul endormi sur le lit. Le chien est un symbole de fidélité incitant à considérer ce tableau comme parfaitement en accord avec les mœurs du XVIe siècle. Les images de nudité était fréquentes dans les chambres à coucher de l’époque. On les y accrochait (parfois on les cachait dans les cassoni) en leur attribuant une puissance magique. La femme était censée regarder un tel tableau pendant l’acte sexuel afin que son futur enfant eût toutes les chances d’être beau.

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vendredi 9 mars 2012

Truisme

Vérité si évidente qu'il n'y a pas nécessité de l'énoncer. Synonymes et mots voisins : banalité, certitude, évidence, généralité, lieu commun, platitude, poncif, tautologie, vérité. De l'anglais truism, de même signification, lui-même de true, vrai, sûr.

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vendredi 18 novembre 2011

Piédouche

Petit piédestal mouluré, rond ou carré, supportant un buste, une statuette ou un vase. De l’italien pieduccio, petit pied, lui-même de piede, pied.

Synonymes et mots voisins : piédestal, scabellon (haut piédestal destiné à supporter un buste ; de l’italien sgabellone, avec influence d’escabeau), socle, stylobate (soubassement formant un piédestal continu destiné à porter une rangée de colonnes), support.

*

Merci au dessinateur Ydel pour cette illustration. Pour afficher l'ensemble de ses contributions au Garde-mots cliquez sur l'image. Bientôt on ne dira plus "un dessin d'humour" mais "un Ydel".

lundi 7 mars 2011

Allégorie de la Foi

Vermeer. Allégorie de la Foi
Jan Vermeer. Allégorie de la foi. 1670-1672
New York, Metropolitan Museum of Art.


La scène se déroule dans un intérieur privé comme en attestent la tenture calée sur une chaise et son coussin bleu. Elle nous montre un événement religieux, ce qui est plutôt inattendu dans un tel cadre, mais s’explique par le fait qu’au XVIIe siècle les catholiques n’avaient pas le droit de pratiquer la messe en public. Ils le faisaient chez eux, dans des chapelles privées.

Vermeer. Allégorie de la Foi
Une femme en extase est assise sur une estrade recouverte d’un tapis. Elle s’appuie sur une table haute où sont posés un crucifix, une Bible, un calice et sans doute une chasuble. Les couleurs éclatantes de son vêtement blanc (symbole de pureté) et bleu (couleur de Marie), tranchent sur le reste de la composition. Elle a la main droite sur le cœur en signe de foi et le pied droit sur le globe terrestre, afin de rappeler avec force que  la religion domine le monde. Elle est parfaitement dans son rôle car elle personnifie l’allégorie annoncée dans le titre du tableau, c’est-à-dire la foi catholique triomphant du protestantisme. La pomme sur le sol ainsi que le serpent de la Genèse écrasé par une pierre, contrastant avec le réalisme de la demeure hollandaise, indiquent que le mal est terrassé. Né dans un milieu calviniste, Vermeer se convertit au catholicisme, la religion d’une minorité marginalisée, qui était celle de son épouse, avec laquelle il habitait à Delft dans un quartier nommé « le coin des papistes ». C’est ce qui explique qu’il ait peint ici une « église cachée » ou schuilkerk. Il s’agit d'ailleurs d’une œuvre de commande, donc idéologique.

Vermeer. Allégorie de la Foi
Le tableau est construit de manière géométrique, avec ses rectangles, ses losanges, ses triangles et ses ronds qui organisent l’arrière-plan. Cependant deux lignes obliques, celle de la tenture, celle de la femme chavirée, rompent avec l’harmonie préétablie et confèrent à l’ensemble une énergie peu commune. Une troisième ligne oblique recoupe les deux précédentes, celle de la lumière qui comme toujours chez Vermeer est absente-présente : sa source est hors champ mais on l’aperçoit dans la boule de verre qui pend du plafond. Ses effets sont évidents, en particulier sur la robe de la femme et sur la Bible, vers lesquelles le regard est attiré. Grâce à elle la foi fait le lien entre le monde terrestre et le monde spirituel.

La religion est omniprésente dans ce tableau, en particulier par le motif de la croix qui y figure deux fois. La peinture sur le mur est une version simplifiée du tableau de Jacob Jordaens, Le Christ en croix (peint aux alentours de 1620). Au XVIIe siècle la technique du « tableau dans le tableau » est courante. Pour la composition dans son ensemble Vermeer tire son inspiration d'un recueil de figures allégoriques, L'Iconologia de Cesare Ripa (1593), très utilisée par les peintres de l’époque.

Ce tableau, très différent de l’ensemble de l’œuvre de Vermeer, nous aide à comprendre qu’il réfléchissait longuement à ses toiles, y ajoutant du symbolisme avec une virtuosité sans pareille. Il ne se contentait pas de représenter une certaine réalité. Chez lui le monde est apparemment ordonné mais quand on l’étudie de près on s’aperçoit qu’il en dit plus que le regard ne peut saisir du premier coup.

L’Allégorie de la foi n’est pas le plus populaire des tableaux de Vermeer mais il n'en demeure pas moins l’un des plus emblématiques de sa manière de peindre.

vendredi 4 mars 2011

Vermeer

L'Entremetteuse
Jan Vermeer. L'Entremetteuse (1656).
Staatliche Kunstsammlungen, Dresden

Jan Vermeer, dit Vermeer de Delft (1632-1675), est un peintre classique du siècle d’or hollandais. Il s'est représenté lui-même ici sous les traits du jeune homme au col blanc.

À  quelques exceptions près il peignit des scènes intimistes où la lumière, élément essentiel venu de l’extérieur, donne à l’ensemble un effet subtil. L’organisation spatiale et la perspective y jouent également un rôle. Méthodique et travaillant sans doute lentement il n’a produit que 37 tableaux – dont 25 scènes d’intérieur -  si l’on ne compte que ceux qui lui sont attribués avec certitude.

Il ne fut véritablement connu du public que deux siècles après sa mort, quand, en 1866, le critique d’art Théophile Thoré-Burger redécouvrit sa Vue de Delft.

Sous des dehors classiques Vermeer est atypique, ce qui explique l’admiration que Salvador Dalí avait pour lui. Ils ont la même approche : réalisme du décor et sujets souvent allégoriques.

Lundi nous analyserons en détail un de ses tableaux les plus curieux, Allégorie de la Foi. On ne peut pas dire « les plus aboutis » car ils le sont tous.

vendredi 12 février 2010

Mimesis

Nom féminin. Représentation de la nature au moyen de l'art. Ce terme est déjà employé dans ce sens dans La République de Platon et la Poétique d'Aristote. Il ne faut pas le confondre avec mimétisme, la tendance à imiter les gestes et attitudes, qui concerne le domaine  comportemental.

Mots voisins : ekphrasis (description littéraire, vive et complète d'une œuvre d'art),  poiesis (création). Antonyme : diégèse (qui consiste à raconter au lieu de montrer). 

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lundi 4 janvier 2010

La Demeure du Chaos

L’art dérange, sinon il ne mériterait pas son nom. Bach dérange avec sa musique si bien mesurée ; Mozart dérange par la justesse de ses notes ; Rimbaud hurle à nos oreilles ; Picasso dérange en empruntant, tel un dieu, le chemin de la création ; Dalí dérange car son trait est classique ;  l'hyperréalisme déréalise ; l'abstraction dérange car elle interpelle notre inconscient.  L’art nous interdit de vivre dans le consensus.

La Demeure du Chaos, située à Saint-Romain-au-Mont-d'Or, près de Lyon, est un musée dont on ne sort pas indemne. Il accueille (gratuitement) un millier de visiteurs chaque fin de semaine (il n'est ouvert que le samedi et le dimanche). Depuis sa création le 9 décembre 1999 - deux ans avant l’attentat du 11 septembre… - la Mairie de ce village bien tranquille exige par tous les moyens sa disparition, ce qui, d’ailleurs, contribue grandement à sa notoriété. Autrement dit son initiateur, Thierry Ehrmann, fondateur du site Artprice, numéro un mondial de l'information sur le marché de l'art, est sommé de détruire sa destruction. Car ce dont il est question ici c’est d’ériger en œuvre d’art la démolition progressive de cet ancien relais de poste établi sur les ruines d’un temple protestant [1].

Bienvenue dans la machine à déconstruire

S’agit-il vraiment d’une démarche artistique ? Il est certain que l’on n’entre pas dans une maison comme les autres, mais dans un décor de 12 000 m², qui se présente comme une métaphore de l’Apocalypse. Plus de 3000 œuvres, dans cet enfer noir et rouge à ciel ouvert, réalisées par une quarantaine d’artistes parmi lesquels le plus connu du grand public est Ben. Au hasard du circuit chaotique on découvre les ruines du World Trade Center, une carcasse d'hélicoptère, des voitures calcinées, les portraits de Ben Laden, du Dalaï-Lama, de l’insupportable Mahmoud Ahmadinejad, des vestiges de météorite, des murs éventrés, des signes et aphorismes alchimiques (« Le maître est là et il t’attend. »), le nombre 999 (qui naturellement peut se retourner en 666, le nombre de la bête). Sans compter divers slogans qui ne laissent pas indifférent : « Je suis l'homme que vous aimerez détester et que vous détesterez aimer. », « lI n'y a pas de plan B pour la planète ! », « Avec la Demeure du Chaos, la fête des voisins c'est 365 jours par an ! ») On se croirait dans le premier film de Luc Besson, Le dernier Combat. Il ne manque qu’une bombe atomique en ordre de marche pour que le réalisme soit parfait.

La Terre est bleue comme une orange pourrie

Pourquoi serions-nous choqués ? La démarche primordiale, essentielle, on peut même dire vitale de Thierry Ehrmann est de contester ce que nous faisons de notre planète. L’état de désolation dans lequel il met sa maison n’est autre que la métaphore en quatre dimensions de ce qui se passe dans la réalité du monde. Quand il nous donne à voir un bateau ivre en partance pour la mer d’Aral, alors qu’on sait que celle-ci se dessèche, il émet une protestation sur laquelle nous n’avons aucun droit moral, et surtout pas celui de protester. Double contrainte que connaissent tous les opprimés : je suis victime et je dois me taire. Cette noblesse de la cause perdue appliquée à six milliards d’individus et une maison est complètement insupportable. Thierry Ehrmann nous montre la confusion universelle mais aussi celle qui règne dans notre esprit. À partir de là il y a ceux qui acceptent d'être dérangés et les autres, tout aussi nécessaires, d'ailleurs, à la réussite du projet. Que serait cette maison éventrée si le maire de la localité restait passif ? Elle resterait ce qu'elle est, c'est-à-dire une œuvre d'art décalée dans une banlieue chic. Elle confirme ainsi son statut de manifeste artistique.

Plus loin, plus fort

Les idées ne manquent pas pour aller plus loin. Thierry Ehrmann doit refuser l’accès de ses gravats à toute personne vaccinée contre le tétanos, prévendre des billets pour la fin du monde, fonder la Bourse du Chaos et l'attribuer à des jeunes artistes sans avenir, créer un club très sélect où les chefs d’État et les gamins perdus des banlieues pourraient se rencontrer, autrement que par flics interposés, faire tourner les tables d’écoute, inviter des artistes de renom à venir en personne détruire leurs œuvres devant la presse, racheter le musée du Louvre et l’envoyer pièce par pièce sur la planète Mars afin de préparer le XXIIe siècle, militer en faveur d’une note supplémentaire dans la gamme, nommer Ben Laden gardien de ce champ de ruines, poser sa candidature à l’Académie des Beaux-Arts de Saint-Romain-au-Mont-d'Or. Bien que l’avenir n’existe plus il devrait également opérer une diversification horizontale de ses affaires. On peut lui suggérer de construire une usine d’incinération des ordures économiques, une usine de diables, créer un site d’évaluation du marché des cimetières, être le mécène des artistes poseurs de bombe, créer une association de visiteurs de prison de l’esprit, donner des cours de malédiction.

Il faut aussi lui faire promettre de détruire son musée au cas où, un jour, la planète fonctionnerait correctement.
-
[1] Je n'entrerai ici ni dans la polémique judiciaire en cours, ni dans le problème de voisinage que pose la Demeure du Chaos.

Mur peint

Hélicoptère

Ordre de destruction

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