Le Garde-mots

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vendredi 26 juin 2009

Ecphrasis

Représentation d’une œuvre d’art (peinture, motif architectural, sculpture, objet d'orfèvrerie, tapisserie) sous forme d'une description littéraire vive et complète. Du grec, ekphrazein, exposer en détail.

La première ecphrasis de la littérature universelle est la description par Homère dans l'Iliade du bouclier d'Achille forgé par le dieu Héphaïstos.  L'arme défensive a été fabriquée à la demande de Thétis,  sa mère, non pas pour protéger Achille, mais « pour que tous soient émerveillés » quand le destin fera de lui un héros, ce qui arrivera à l'occasion de la guerre de Troie.

L’ecphrasis fascine depuis l’Antiquité dans la mesure où elle est la transcription de signes visuels en signes linguistiques.

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lundi 23 février 2009

La vierge

La vierge

Gustav Klimt. La vierge.
1912-1913
  Galerie Nationale (Narodni Galerie), Prague.


Klimt nous attire dans la spirale sans fin de son bouquet de femmes et de fleurs. Par cette composition où nous mêlons notre vertige au sien, il fait de nous les co-auteurs de sa toile, à moins que, plus finement, caressant son sujet à grands traits de couleurs, lui assignant des gestes précis, il ne soit, grâce à nous, le spectateur de ses propres émotions.

Le centre de gravité de la toile se situe dans sa partie supérieure, de telle sorte que la vierge  est plus près du ciel que de la terre. Les corps entremêlés ne figurent pas les poses de diverses jeunes filles, mais les multiples attitudes d'une seule, un peu comme dans un phénakistiscope arrêté. Est-elle endormie ou en transe  ? Repliée sur elle-même ou, comme les derviches tourneurs, ouverte aux mouvements de l'imaginaire ? Le peintre ne montre pas le désir ni le plaisir de cette femme idéale, mais plutôt son épanouissement par la danse. À moins que… Si l’on insiste du regard sur les deux corps de la partie inférieure du tableau, l’un à gauche, l’autre à droite, on découvre qu’ils symbolisent les jambes écartées de la jeune fille, et que sa robe est un gigantesque phallus orné de fleurs. Ici comme ailleurs, Klimt unit circularité et linéarité, féminin et masculin, peinture et décoration.

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vendredi 20 février 2009

Syndrome de Stendhal

Trouble de nature esthétique éprouvé devant une œuvre d’art. Cette décompensation culturelle se manifeste sous la forme d’une crise d’angoisse avec vertiges, suffocation, battements de cœur, douleurs dans la poitrine, perte du sentiment d’identité et du sens de l’orientation, allant parfois jusqu'au délire et à la dépersonnalisation. L'affection survient chez des personnes impressionnées par le lieu exceptionnel où leur voyage les a menées. Ce nom a été donné en 1990 par le docteur Graziella Magherini, psychiatre à Florence, en référence aux émotions ressenties par Stendhal dans cette même ville en 1817 à la sortie de l’église Santa Croce où il venait de voir une série de chefs-d'œuvre : « Enfin, je suis arrivé à Santa Croce. Là, à droite de la porte, est le tombeau de Michel-Ange; plus loin, voilà le tombeau d'Alfieri, par Canova : je reconnais cette grande figure de l'Italie. J'aperçois ensuite le tombeau de Machiavel ; et, vis-à-vis de Michel-Ange, repose Galilée. Quels hommes ! Et la Toscane pourrait y joindre le Dante, Boccace et Pétrarque. Quelle étonnante réunion ! Mon émotion est si profonde qu'elle va presque jusqu'à la piété. Le sombre religieux de cette église, son toit en simple charpente, sa façade non terminée, tout cela parle vivement à mon âme. Ah ! si je pouvais oublier... ! Un moine s'est approché de moi ; au lieu de la répugnance allant presque jusqu'à l'horreur physique, je me suis trouvé comme de l'amitié pour lui. [...] Je l'ai prié de me faire ouvrir la chapelle à l'angle nord-est, où sont les fresques du Volterrano. Il m'y conduit et me laisse seul. Là, assis sur le marchepied d'un prie-Dieu, la tête renversée et appuyée sur le pupitre, pour pouvoir regarder au plafond, les Sibylles du Volterrano m'ont donné peut-être le plus vif plaisir que la peinture m'ait jamais fait. J'étais déjà dans une sorte d'extase, par l'idée d'être à Florence, et le voisinage des grands hommes dont je venais de voir les tombeaux. Absorbé dans la contemplation de la beauté sublime, je la voyais de près, je la touchais pour ainsi dire. J'étais arrivé à ce point d'émotion où se rencontrent les sensations célestes données par les beaux-arts et les sentiments passionnés. En sortant de Santa Croce, j'avais un battement de cœur, ce qu'on appelle des nerfs à Berlin ; la vie était épuisée chez moi, je marchais avec la crainte de tomber. Je me suis assis sur l'un des bancs de la place de Santa Croce ; j'ai relu avec délices ces vers de Foscolo, que j'avais dans mon portefeuille ; je n'en voyais pas les défauts : j'avais besoin de la voix d'un ami partageant mon émotion. » (Stendhal, Rome, Naples, Florence).

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lundi 7 avril 2008

L'homme-lumière

C'est la nuit qu'il est beau de croire à la lumière
(Edmond Rostand, Chantecler).

Alain Guilhot allume les villes avec ses rêves. Si vous voyagez vous le connaissez, en tout cas vous avez déjà vu l'une ou l'autre de ses réalisations. Vous êtes-vous déjà demandé ce qui fait la beauté d'Agadir, Albertville, Alger, Avignon, Bahreïn, Bordeaux, Brive, Bruxelles, Cannes, Canton, Casablanca, Cergy-Pontoise, Charleville-Mézières, Chartres, Dijon, Dubaï, Hanovre, Hô Chi Minh Ville, Istanbul, Kuala Lumpur, Jumièges, La Havane, Le Puy-en-Velay, Les Baux de Provence, Lille, Lunéville, Lyon, Madrid, Marrakech, Marseille, Metz, Monaco, Moscou, Nantes, Nice, Pékin, Prague, Puebla, Québec, Rabat, Rio de Janeiro, Roanne, Rodez, Ronchamp, Saint-Étienne, Saint-Jean-de-Luz, Saint Pétersbourg, Saint-Paul-de-Vence, San José (Costa-Rica), Shanghai, Sofia, Tolède, Tunis ? Réponse : un long passé d'architecture et d'urbanisme, certes, mais aussi l'art d'Alain Guilhot qui les a toutes apprivoisées et nimbées de lumière. Il n'éclaire pas les villes, il les habille comme le fait un peintre sur un corps nu. Il donne aux bâtiments une vie intérieure, aux paysages urbains un supplément de beauté qui fait de nos yeux les voyageurs du sensible. Ce professionnel est avant tout un enchanteur, un scénographe, un allumé du paradigme lumineux. Depuis 30 ans, avec Architecture Lumière®, son concept, il envahit pacifiquement la planète.


Couverture livre
Il suffit, pour s'en convaincre, de prendre à bras le corps - car il pèse 2, 8 kg - le livre qu'Alain Guilhot vient de publier, Light is life (1). Voyez, page après page, ce délire de lumière, né à Lyon en même temps que le premier "Plan Lumière", et qui a conquis plus de 100 villes françaises et 37 pays dans le monde. Cette anthologie comporte 170 témoignages et 270 photos. Couleurs, contrastes, cadrages à profusion.

(1) Préfaces de Yann Arthus-Bertrand, Jean-Louis Borloo et de cinq personnalités du monde de la lumière. Les principales photographies sont de Jean-Marc Charles. Ouvrage tiré à 30000 exemplaires, dont 8000 en anglais. Éditeur : Les Chemins de Lumière. 70 €. Cliquez ici pour en savoir plus. Après avoir regardé la vidéo, cliquez sur les coins des pages pour voir une très belle série de photos. Auparavant, si vous ne l'avez pas, téléchargez Shockwave.

Shanghai

Shanghai
En incrustation : Alain Guilhot.

Kuala Lumpur

Kuala  Lumpur
Les tours Petronas

Lyon Manufacture

Lyon
La Manufacture des Tabacs, devenue l'Université Lyon 3,
la dernière réalisation (pour l'instant...).


Trois questions à Alain Guilhot…

AH. Qu'est-ce que la lumière ?
AG. Un faisceau enchanté qui permet de sortir du quotidien, de passer du réel au rêve et d'éclairer juste. La lumière réveille et révèle. Par elle et pour elle, osons sublimer le beau. 

AH. Tu as fondé un nouvel art, une œuvre qui a son idéal et qui l'atteint souvent...
AG. Quand j'ai commencé, je n'avais pas la prétention de penser que c'était un art. Pour moi, c'était un engagement, une passion, puisque je souhaitais déjà proposer une écriture du beau. Je savais que j'étais sur une voie nouvelle... Avec le temps, il est vrai, éclairage, illumination sont devenus des mots insuffisants. Apporter la lumière, mettre en lumière, le geste-lumière, je revendique ces métaphores. Après tout, si on considère les choses du côté du sensible, ça devient évident, c'est finalement un art connu et reconnu dans le monde.

AH. Quel nom donnes-tu à tes réalisations ?
AG. Je n'aime pas qu'on parle de lumière artificielle. La lumière, pour moi, c'est le soleil de la nuit. Jusqu'à maintenant j'ai éclairé 3000 sites dans le monde. 3000 enfants-lumière.

… et à Olivier Binst, directeur éditorial et artistique de l'ouvrage

AH. Pourquoi avoir édité le livre d'Alain Guilhot ?
OB. J'avais fait une précédente expérience avec un livre intitulé Lux, qui présentait les œuvres de quelques dizaines de metteurs en lumière, dont Alain Guilhot. Light is life a valeur de mémoire. C'est un livre-bilan à propos des 30 années d'Architecture Lumière.

AH. Pourquoi ce format un peu particulier ?
OB. C'est un format décalé, ni un vrai carré ni un vrai rectangle. Les réalisations d'Alain sont monumentales : elles méritaient un livre de poids, avec, en outre, cinq paires d'ailes, c'est-à-dire cinq dépliants de chacun 1, 20 m d'envergure...

AH. En quoi l'art d'Alain Guilhot est-il différent de celui des autres maîtres-lumière ?
OB. L'ampleur ! Son terrain de jeu c'est le monde ! No limit !

Signature du livre


[Retrouvez ce billet dans
L'Almanach 2010 du Garde-mots
]

lundi 1 janvier 2007

Bonne année

*

La lumière est celle de l'année qui commence, et pourtant ce n'est qu'une réserve [1]. L'accomplissement viendra plus tard, quand pourrez y baigner vos désirs, les réchauffer au soleil printanier, les rendre beaux comme une toile de Jacques Oudot [2]. Et si ce n'est avec les gestes du peintre, que ce soit, au moins, avec les couleurs de la vie.

[1] Réserve. Partie, dans un dessin, une peinture ou une gravure, sur laquelle il n'existe pas d'application, une partie laissée en blanc.
[2] Pour en savoir plus sur le peintre cliquez sur son tableau.

mardi 16 mai 2006

Minimalisme


Tendance artistique qui cherche à développer ses effets en réduisant le plus possible l'expressivité. Dans cette perspective seule compte l'idée, ce qui fait de la neutralité le comble de la sophistication. Synonyme : art minimal, minimisme.

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mercredi 8 février 2006

Canonique


Se dit d'un texte, d'un art ou de points de droit conformes aux canons, c'est-à-dire aux règles de l'Église. Du grec kanôn, baguette droite, règle, modèle ; lui même emprunté à l'hébreu qaneh, roseau, baguette de jonc.

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jeudi 19 janvier 2006

Technique


Ensemble des procédés qu'on emploie, en fonction de connaissances spécifiques et de règles précises, lorsqu'on veut produire un résultat dans le domaine artistique, littéraire, scientifique, économique, artisanal ou industriel. Composante essentielle du savoir-faire, la technique est la condition nécessaire, mais non suffisante, de toute réalisation pratique, de toute activité qui prétend à la réussite. Elle libère l'Homme des contraintes de la nature, ce qui peut avoir des effets secondaires redoutables. Du grec tekhnê, savoir-faire dans un métier.

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vendredi 5 août 2005

Académie


Compagnie de personnes qui délibèrent à propos des belles lettres, des sciences ou des beaux-arts. On y associe des idées de prestige, d'exemplarité, de société savante reconnue par l'État, d'où la connotation péjorative des mots dérivés "académisme", "académique", qui dénoncent l'imitation sans originalité de modèles officiels.

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mardi 19 avril 2005

Antinomie


Opposition, réelle ou apparente, entre deux idées, deux principes, deux lois.

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