Le ginkgo a pour caractéristique d'être dioïque, ce qui signifie qu'il existe des pieds mâles et des pieds femelles. Les mâles bourgeonnent quinze jours avant les femelles, si bien que pour sexer une jeune pousse on surveille l'éclosion de ses feuilles et on la compare à celle d'individus formellement identifiés. On plante généralement des arbres mâles car les fruits, qui ressemblent à une grosse mirabelle, ont une odeur très désagréable de beurre rance quand ils pourrissent. La pulpe contient des substances irritantes. Si elles sont consommées en quantité modérée et grillées, les amandes sont comestibles, et même très appréciées en Extrême-Orient où elles jouent le rôle que les Européens accordent à la pistache. La tradition, encore vivace, veut qu'on les offre au cours des cérémonies de mariage ou lors des grandes réceptions. Le bois, de couleur claire et à grain fin, a toujours servi à la confection des autels du culte bouddhiste et des tables d'audience des tribunaux.

Le ginkgo est un arbre très robuste qui résiste au froid, aux insectes, aux parasites, à la pollution urbaine et industrielle. A ce titre, il est souvent planté dans les grandes villes. Il perd ses feuilles pratiquement d'un seul coup, ce qui facilite l'entretien des rues. Il résiste au feu : dès que la température s'élève il se gorge d'eau et son écorce se couvre d'un suc ininflammable. C'est le premier arbre à avoir repoussé sur les terrains dévastés par la bombe d'Hiroshima (6 août 1945): on vit, au printemps suivant, au niveau de l'épicentre, un rejeton émerger d'une souche qui avait brûlé.

L'usage traditionnel de ses feuilles dans la pharmacopée chinoise se perd dans la nuit des temps. Il est reconnu actuellement par les autorités médicales comme utile pour améliorer la circulation sanguine et le métabolisme cellulaire, et prévenir la sénescence.

Pour en savoir plus sur l'arbre qui défie le temps consulter Ginkgo biloba et Objet bloguant non identifié.

Arbre

Goethe possédait plusieurs ginkgos dans son jardin de Weimar. Ils lui inspirèrent en 1815 un poème intitulé Gingo biloba [sic], dédié à la belle Marianne von Willemer:

La feuille de cet arbre
Qu'à mon jardin confia l'Orient
Laisse entrevoir son sens secret
Au sage qui sait s'en saisir.

Serait-ce là un être unique
Qui de lui-même s'est déchiré ?
Ou bien deux qui se sont choisis
Et qui ne veulent être qu'un ?

Répondant à cette question
J'ai percé le sens de l'énigme.
Ne sens-tu pas d'après mon chant
Que je suis un et pourtant deux ?


[Retrouvez ce billet dans L'Almanach 2009 du Garde-mots]