Un concept vieux comme le monde

La mondialisation est née en Afrique orientale il y a 200.000 ans quand l'homme a commencé sa diaspora. Elle s'est véritablement concrétisée avec l'épopée d'Alexandre le Grand (356-323 av. J.-C.), la romanisation du pourtour de la Méditerranée (IIe s. av. J.-C.-IVe s. ap. J.-C.), par la suite la découverte de l'Amérique, la constitution de l'empire de Charles-Quint, la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, les campagnes napoléoniennes, les conquêtes coloniales, le percement des canaux de Suez et de Panama, les guerres mondiales, la création de la Société des Nations puis de l'Organisation des Nations Unies. Sans elle nous ne mangerions ni pommes de terre, ni maïs, ni pâtes, ni chocolat, ni pizza. Nous ne boirions pas de café. Nous ne porterions ni coton, ni soie, ni toile de Nîmes. Nous ne connaîtrions pas le jeu d'échecs. Nous ne porterions pas de mocassins.

Au fil des siècles, de nombreux facteurs l'ont favorisée : les voyages des explorateurs, l'expansionnisme religieux, les progrès de la technologie (globe terrestre, télégraphe, machines à vapeur, bateau à coque métallique, chemins de fer, automobile, téléphone, ordinateur), la révolution industrielle, le développement du commerce international, les flux migratoires, la conscience géopolitique. Les moteurs actuels en sont Internet (symbole de la diffusion et de l'interpénétration des savoirs), la diminution du coût des communications, les vols intercontinentaux, la convergence des organisations nationales, l'innovation, l'émergence des multinationales, l'accroissement des mouvements de services et de main-d’œuvre, la production à l'échelle mondiale, la montée en puissance des marchés financiers et des organismes dédiés (Banque mondiale, Fonds monétaire international, Organisation Mondiale du Commerce).

Vers un nouvel ordre mondial

On ne peut pas laisser l'économie galopante agir à sa guise jusqu'à régner sans partage sur un marché unique et universel. Il faut lui imposer des règles qui l'obligent à respecter les hommes, leur emploi, leur vie quotidienne, leur souveraineté culturelle, même si une langue véhiculaire domine un jour les échanges. La mondialisation suppose des droits et des devoirs, des actions, des transferts, des interdépendances. Bien conçue, maîtrisée, considérée comme l'ensemble des processus économiques ET politiques qui modifient le fonctionnement du monde, elle est peut-être une chance pour l'humanité.

Une utopie réaliste

À ce titre un gouvernement mondial sera, à plus ou moins long terme, indispensable si l'on veut conserver une place au système de concurrence, prendre en charge au plus haut niveau la circulation des biens, des services et des capitaux, la croissance, la sécurité, la lutte contre le terrorisme, le modèle de protection sociale, l'éducation, la formation professionnelle, la fiscalité, l'environnement et la pollution, la diffusion de l'information, et repenser les questions de frontières, de migrations humaines et de responsabilité vis-à-vis des pays en voie de développement. Ce programme sera une réussite s'il permet de revaloriser l'idée d'État-nation et de donner au principe de subsidiarité une efficacité directe. C'est par cette voie qu'il sera possible de respecter la diversité des groupes humains et d'éviter l'écueil de l'uniformisation de la culture. Il sera alors temps de proclamer la fin de l'histoire au sens où Hegel et Francis Fukuyama l'entendent, c'est-à-dire, la fin des conflits idéologiques, et l'avènement de la démocratie universelle.

Autrement dit le village planétaire, qu'on le veuille ou non, est pour demain. La gouvernance mondiale, même si elle établit une plus grande distance entre le citoyen et le pouvoir, même si elle n'a ni adversaire (quel ennemi pourrait-on menacer d'une bombe nucléaire ?) ni partenaire avec qui négocier, est un processus inéluctable et irréversible - pour certains un mal nécessaire. Si dans le passé il s'est agi, selon les époques et les régions, d'impérialisme, on ose espérer que des mots aussi prégnants que paix et abolition des inégalités auront du poids et de la pertinence. Sauf que, dans cette nouvelle organisation du monde, l'Europe sera caduque avant que d’être majeure, en tout cas elle ne constituera pas le sommet de la pyramide. Si elle perdure elle sera seulement un échelon important du fédéralisme mondial. Dès lors il ne restera plus qu'une question à résoudre, celle du pro- ou de l'antilibéralisme du gouvernement. L'humanisme, devra dans tous les cas, par nécessité géographique, sociale et politique, être l'objet de l'article premier de la Constitution de l'Union Mondiale.

14 mai 2139
Référendum sur la Constitution de l'Union Mondiale

Humour


Nous irons tous au paradigme

Le terme "mondialisation" a des sens variables selon le contexte dans lequel on l'emploie. Il n'est pas inutile de tourner autour de ce paradigme complexe pour mieux le cerner.

Acculturation. Adoption par un groupe humain du modèle culturel du pays qui l'accueille.

Antimondialisme. Courant de pensée qui vise à contester le processus de mondialisation.

• Altermondialisme. Courant de pensée qui vise à proposer un modèle de mondialisation différent de celui qui se met en place actuellement sur le mode capitaliste et néolibéral.

Collectivisme. Système politique fondé sur la propriété collective des moyens de production et d'échange.

Communautarisme. Tendance d'un groupe à se replier sur lui-même.

Conservatisme. Attitude de ceux qui veulent conserver l'ordre social établi.

Confédération. Association d'États indépendants qui, par traité, délèguent une partie de leurs compétences à un pouvoir central, sans toutefois renoncer à leur souveraineté.

Constructivisme. Principe selon lequel la société doit être construite en fonction de choix collectifs et non du bien-être des individus.

Continentalisme. Politique de coopération entre les États d'un même continent.

Culture. Ensemble des normes et des valeurs intellectuelles, artistiques, religieuses, morales qui caractérisent une société.

État. Ensemble des individus qui vivent sur un territoire déterminé sous l'autorité d'un pouvoir politique.

État-nation. Coïncidence entre une notion d'ordre juridique et politique, l'État, et une notion d'ordre identitaire, la nation.

Exceptionnalisme. Principe selon lequel une nation estime devoir échapper à la règle commune à cause de ses particularités.

Expansionnisme. Attitude politique d’un État qui vise à étendre son pouvoir sur le territoire d’autres États.

Fédéralisme. Système politique dans lequel le pouvoir est partagé entre une autorité centrale et des États-membres souverains dans leurs propres domaines de compétence.

Fédération. Alliance politique inspirée du fédéralisme.

Fonctionnalisme. Doctrine selon laquelle les nécessités techniques d'un État imposent la coopération avec d'autres États, et la création des d'institutions internationales compétentes. Le versant politique se nomme le  néofonctionnalisme.

Géoéconomie. Discipline qui a pour objet l’analyse des stratégies d’ordre économique des États en fonction de leur géographie et de leur puissance politique.

Glocalisation. Mot-valise forgé à partir de "global" et de "local". Processus socioculturel qui adapte les tendances globales aux réalités locales.

Humanisme. Doctrine qui fait de l'homme et de son épanouissement la valeur suprême.

Idéologie. Se dit d'une doctrine qui cherche à influencer le comportement individuel ou collectif.

Individualisme. Conception politique qui tend à privilégier les droits, les intérêts et les valeurs des individus par rapport à ceux de la société.

Institutionnalisme. Doctrine économique qui met l'accent sur le rôle joué par les institutions dans l'activité économique.

Intégration. Processus par lequel des États décident d'abandonner une partie de leurs prérogatives au profit d'une souveraineté commune.

Interculturel. Se dit de l'interaction entre plusieurs cultures.

Intégrisme. Attitude religieuse qui préconise l'application stricte des dogmes et traditions et refuse leur évolution.

Intergouvernementalisme. Principe selon lequel, dans les organisations internationales destinées à régler un problème, les gouvernements des États-membres ont eux-mêmes le pouvoir.

Internationalisme. Organisation du monde basée sur la coopération et les échanges entre les États-nations considérés comme un réseau supranational. Il peut être considéré comme une étape vers la mondialisation.

Isolationnisme. Tendance d’un État à éviter tout engagement politique dans les affaires mondiales.

Libéralisme. Doctrine qui prône la liberté économique.

Libre-échange. Système de commerce international reposant sur l'absence de barrières, en particulier douanières, à la circulation des biens et des services.

Monde. Communauté des habitants de la Terre.

Mondial. Relatif à la Terre entière.

Mondialisme (ou globalisme). Idéologie qui affirme le caractère inéluctable de la mondialisation.

Mondialité. Caractère mondial d'un processus. Terme susceptible de qualifier la mondialisation aboutie.

Multiculturalisme. Coexistence de différentes cultures au sein d'un même pays.

Multilatéralisme. Méthode de coopération internationale qui consiste en l'établissement de règles communes et d'actions concertées entre États.
 
Nation. Communauté humaine organisée sur un territoire et qui possède une unité historique, linguistique, culturelle, économique.

Nationalisme. Sentiment de vif attachement à la nation.

Nationalité. Appartenance à une nation.

Néolibéralisme. Réémergence actuelle du libéralisme. Ce terme à une connotation politique marquée, le plus souvent négative.

Peuple. Ensemble des individus constituant une nation.

Pragmatisme. Tendance, pour un État, à adapter sa politique étrangère aux réalités du contexte international.

Promondialisme. Courant de pensée qui vise à promouvoir la mondialisation.

Protectionnisme. Politique économique qui pénalise l'introduction de produits étrangers dans un pays.

Réalisme. En matière de relations internationales, aptitude à voir les choses telles qu'elles sont et à agir en s'adaptant aux circonstances, sans s'embarrasser de principes.

Réformisme. Doctrine qui vise à transformer la société par desmoyens légaux et progressifs.

Régionalisme. Fédération de pays géographiquement proches, à laquelle les États transfèrent une partie de leur pouvoir.

Souveraineté. Compétence exclusive d'un État ou d'une Nation en matière de pouvoir politique.

Supranationalisme. Principe selon lequel une entité politique internationale est susceptible de prendre des décisions à l'égard des États-membres qui la composent.

Transnationalisation. Passage des flux d’investissement et des implantations à un stade multinational.

Unilatéralisme. Tendance, pour un État, à agir seul, sans consultation ni soutien de la communauté internationale.

Universalisme. Doctrine selon laquelle une organisation a vocation à représenter tous les peuples de la Terre.


[Pour TracesÉcrites et un monde meilleur]