Un nouvel ordre du monde ?

Le transhumanisme réinterroge des notions aussi vieilles que la civilisation : l’identité, la filiation, l’égalité, la singularité, la souffrance, l'imperfection, le plaisir, l'éternelle jeunesse, l’immortalité, la pensée, la vie, la puissance mentale, la place de l'homme dans la nature, son avenir dans l’univers, l'existence de Dieu.

Le clone triste

La condition humaine s’en trouve cruellement interpellée, même si la priorité des nouveaux Faust est la démocratisation de l’accès aux technologies avancées. Ils préparent, bien qu’ils s'en défendent, l'avènement d'une secte universelle pour laquelle l’homme sera un produit  manufacturé. S'il devient plus savant, plus efficace, en sortira-t-il pour autant grandi ? Quand la science-fiction sera devenue la science, les techno-utopistes pourront abolir la bioéthique, se rendre maîtres des forces qui organisent l’univers et être heureux de ne rien ressentir. Le bonheur sur ordonnance ministérielle en quelque sorte.

Au-delà de l’éthique

À tout prendre, cette toute puissance a des avantages : elle fera disparaître des aberrations aussi primitives que les notions de société, de culture, d'appartenance. Il régnera une délicieuse ambiance post-darwinienne, au sein de laquelle le mot évolution aura enfin disparu des dictionnaires. Le Petit Prince sera illisible, le monde sera  exclusivement virtuel, on concevra le charisme comme une notion mathématique. On pourra télécharger des pans entiers de l’esprit humain, domestiquer les cerveaux, les greffer sur commande, abolir le rêve et la poésie. Il n’y aura plus rien d‘humain dans l’homme. Ce sera l'époque bénie où nous, les obscurantistes d'aujourd'hui, serons devenus des mythes.