Une des cavatines les plus célèbres est certainement Casta diva dans Norma, de Vincenzo Bellini (1801-1835), opéra créé à la Scala de Milan le 26 décembre 1831.

Partition

Norma possède cette particularité d'allier la grandeur classique au romantisme à l’italienne. L'action se situe dans la Gaule occupée par les Romains, vers l'an 50 av. J.-C. Dans la forêt sacrée, le peuple gaulois, sur l’instigation des druides, veut se soulever contre le proconsul romain Pollione. Celui-ci est l’amant de Norma, qui a renoncé pour lui à ses vœux de grande prêtresse et lui a donné deux enfants. Elle entre, en scène les cheveux dénoués, le front ceint d’une couronne de verveine, une faucille d’or à la main. Elle tente de persuader les Gaulois de ne pas faire la guerre à Rome, trop puissante pour eux, et qui tombera d’elle-même à cause de ses vices. Elle cueille le gui sacré, tend les bras vers le ciel et invoque la lune tout en lui adressant une prière de paix : « Chaste déesse… » (en italien « Casta diva... »).

Casta Diva, che inargenti
Queste sacre antiche piante,
A noi volgi il bel sembiante
Senza nube e senza vel.

Tempra, o Diva,
Tempra tu de’ cori ardenti
Tempra ancora lo zelo audace
Spargi in terra, ah, quella pace
Che regnar tu fai nel ciel. >

Chaste Déesse, qui argente
Ces forêts antiques et sacrées,
Tourne vers nous ton beau visage
Sans nuage et sans voile.

Adoucis, ô Déesse
Adoucis des cœurs ardents le zèle,
Adoucis encore le zèle audacieux,
Répands sur terre, ah, cette paix
Que tu fais régner dans le ciel.

Cet air, un des plus appréciés du bel canto, constitue l’apothéose de l’émotion en musique. Il a été chanté par de nombreuses sopranos dont, bien sûr, Maria Callas. J'ai déjà raconté  ici dans quelles circonstances je l'ai entendu en atterrissant au-dessus de la forêt amazonienne

L’avion descend lentement sur Iguaçu, petit village frontalier à la croisée de trois pays, l’Argentine, le Brésil et le Paraguay. Nous sommes en plein orage. L’un après l’autre les éclairs arrachent à la forêt amazonienne des reflets d’un vert profond et cru. Je n’ai pas rendu mes écouteurs car la voix de la Callas résonne à mes oreilles, s’incruste dans mon silence d’émeraude sur fond de chœur solennel. L’air est connu entre tous : Casta Diva, tiré de la Norma de Bellini. Bientôt les chutes d’Iguaçu, le lieu où Roland Joffé à tourné le film Mission, viennent souligner la majesté de cet instant imprenable.

De nombreuses artistes de talent, d'Angela Gheorghiu à Joan Sutherland, en passant par... Nana Mouskouri ont repris cet air célèbre entre tous. Je viens par le plus grand des hasards d'en découvrir une qui les égale... et peut-être  même les surpasse, Hasmik Papian. À vous de comparer :

  Papian

Maria Callas                                Angela Gheorghiu