Le style coruscant

Au figuré on parle de "style coruscant". Il s'agit d'une langue décadente, ornée, dans laquelle l'auteur recherche le mot rare, la tournure précieuse. Ce maniérisme décoratif eut particulièrement cours à la fin du XIXe siècle. Voyez comment le terme fut lui-même employé (ou coruscation, le substantif correspondant) par des auteurs dont, justement, le style peut être qualifié de coruscant ...

Journal des Goncourt :

Samedi 9 septembre. Visite de la maison de l'illustre couturier Worth, à Puteaux. Partout aux murs des assiettes de tous les temps, de tous les pays. Mme Worth dit qu'il y en a 25 000, et partout, jusqu'au dos des chaises, des larmes de cristal. C'est le délire du tesson de porcelaine et du bouchon de carafe. Le possesseur de ce logis, ressemblant à l'intérieur d'un kaléidoscope, revient, le soir là dedans, incapable de manger, incapable de jouir de son étonnant et coruscant immeuble, migrainé par les odeurs et les senteurs des grandes dames, qu'il a habillées toute la journée.

Joris-Karl Huysmans, écrit dans A rebours :

Comme le disait des Esseintes, jamais, à aucune époque, l'aquarelle n'avait pu atteindre cet éclat de coloris ; jamais la pauvreté des couleurs chimiques n'avait ainsi fait jaillir sur le papier des coruscations semblables de pierres, des lueurs pareilles à des vitraux frappés de rais de soleil, des fastes aussi fabuleux, aussi aveuglants de tissus et de chairs.

[Mot proposé par sounet]