Morelle tubéreuse
Par le gardien le vendredi 15 janvier 2010, 00:00 - Singumots - Lien permanent
La pomme de terre est originaire de la Cordillère des Andes, où elle était cultivée par les Incas sous le nom de « papa » 1000 ans avant notre ère. Elle fut rapportée du Pérou par les Conquistadores et introduite en Espagne en 1534, et en France vers 1540.
Antoine-Augustin Parmentier (1737-1813), aide-apothicaire (pharmacien en second) dans l'armée royale, la découvrit au Hanovre où il fut prisonnier et nourri grâce à elle pendant la guerre de Sept Ans (1756-1763). Rentré en France, il s'en fit le propagandiste. Il remporta en 1773 le prix proposé par l'Académie de Besançon, à la suite de la grande famine de 1769, pour l'introduction de nouveaux végétaux dans l'alimentation. Cependant la pomme de terre n'eut pas le succès populaire escompté. En 1785 Parmentier offrit à Louis XVI un bouquet de fleurs de pomme de terre. Le roi en porta une à sa boutonnière le jour de la Saint-Louis et lui donna cinquante arpents de terre pour cultiver le tubercule dans la plaine des Sablons à Neuilly. Parmentier fit garder ses champs par des soldats afin de bien marquer le caractère précieux de ce tubercule. Les soldats avaient l'ordre de fermer les yeux lorsqu'on volait des plants, ce qui assura le succès populaire de la pomme de terre. Il reçut les félicitations du roi Louis XVI en ces termes : "La France vous remerciera un jour d'avoir inventé le pain des pauvres".
Vincent van Gogh. Les mangeurs de pommes de terre.
1885. Amsterdam, Rijksmuseum.
Commentaires
Moi j'ai beaucoup apprécié le "Cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates" de Mary Ann Shaffer et Annie Barrow édition NIL
Je vous conseille donc de bonnes purées et de bonnes lectures!
"les Ramasseurs de Pommes de Terre" de Vlaminck, vu au Musée du Luxembourg en 2008. Comment vous l'envoyer?
Le voici. Il y a aussi 'Les planteurs de pommes de terre' de Millet, 'Les ramasseurs de pommes de terre' de Pissarro, Millet.
j'en ai gros sur la patate de ne pas avoir pensé à ces deux-là!
Avant de te parler du fameux ou maudit tubercule et de sa place chez nous, je te pose une question (piège?) : que signifie être dans les patates?
C'est une expression québécoise que je découvre avec plaisir grâce à toi et au CNTRL :
Région. (Canada). Être dans les patates. Être dans l'erreur, se tromper, divaguer. −Une chance que ma mère t'entend pas, toi (...) −Ta mère, elle a toujours été dans les patates (J. Barbeau, Ben-Ur, 1971, p.19 ds Richesses Québec 1982, p.1737).
Hihihi! Les Québécois vivant loin des terres agricoles ont découvert qu'il existait autre chose que les pommes de terre (appelées autrefois presque uniquement « patates »), le chou (vert), les carottes, les ognons, le rutabaga (appelé inexactement navet), la laitue Iceberg (appelée tout aussi inexactement « salade ») sans vitamines, une fois que le mauvais (les feuilles vertes) eut été enlevé et une fois par an environ la courge poivrée, en 1967, lors de l'exposition universelle, Expo 67. La culture alimentaire. Comme la culture en général, n’avait que peu d’importance pour une majorité de gens. La vie était dure.
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Auparavant, un repas (y compris souvent le déjeuner, chez vous le petit-déjeuner) sans elles était inimaginable. Aujourd'hui, elles sont de plus en plus boudées par celles et ceux qui veillent à leurs santé et au maintien de leur poids, à cause de leur très haute teneur en glucides (amidon).
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Il en existe plusieurs variétés, certaines peu gouteuses qui avaient coutume, de plus, d'être bouillies (pouah) sans pelure (les vitamines, c'est dangereux pour la santé, les fibres, ce n'est pas bon) et noyées dans le beurre salé ou, si on recule encore plus loin dans le temps, frites avec le bacon et les œufs dans du lard salé, (plus facile à conserver : la minuscule glacière et probablement son cout devaient le rendre plutôt inaccessible aux gens sans moyens.
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Zed ¦D
Merci pour ces précisions qui me rappellent l'ambiance québécoise que j'ai beaucoup fréquentée il y a une vingtaine d'années.
De mon côté, j'ai une question capitale à te poser : connais-tu le gratin dauphinois ? Cette recette toute simple à base de pommes de terre, de crème et d'ail, est en même temps un des meilleurs plats du monde, de nombreux français te le confirmeront. Pour moi, c'est un des plats qui permettent de juger les qualités de cuisinière ou de cuisinier de quelqu'un. Imagine... Régaler sa famille ou ses invités avec de simples pommes de terres. Je suis sûr qu'un ou deux connaisseurs français vont te confirmer mes propos. Mais attention. Il ne faut pas des pommes de terres au goût "aseptisé" à la manière nord-américaine. Le produit doit être goutteux dès le départ. Je me souviens d'un gratin que mon épouse avait fait chez des amis en Californie. Tout le monde, autour de la table, s'extasiait. Et pourtant, nous qui connaissons le goût exact du plat, nous savions qu'il y manquait certaines petites saveurs qui en font toute la délicatesse.
Bonjour gardien,
pardonne d'emblée la digression par rapport au sujet en sus.
J'avais souvenir d'avoir lu sur ton blog, le mot précis désignant la partie du ciel dans laquelle vit les 12 grand dieux de l'olympe. Hélas, ma mémoire fugitive se livrer et ramener avec-elle le mot dérobé.
refuse àà se livreerr
un gratin dauphinois, délicieux. Mais une bonne tartiflette....pas mal non plus.
Charles, si je comprends bien tu préfères le nectar et l'ambroisie aux pommes de terre ? Ceci dit, je ne vois pas à quoi tu fais allusion, étant donné que les dieux grecs ne vivaient pas dans le ciel mais sur le mont Olympe. Voici tous les billets du Garde-mots qui parlent de mythologie et d'Antiquité. Peut-être parles-tu d'Ether, dieu qui personnifiait le ciel ?
e21. La tartiflette c'est bon, mais le gratin dauphinois, quand il est réussi, a plus de subtilité. En outre la tartiflette a plusieurs ingrédients majeurs en dehors de la pomme de terre. Bref, tout ceci est affaire de goût individuel.
C'est vrai, mais alors si on aime la p.de t. sans fard, alors pourquoi pas tout simplement en robe de chambre? (on est sur un blog linguistique ou culinaire???)
Nous sommes sur un blog culturel. À ce titre, il n'y a pas de différence entre les mots et les plats. Comme vous, quand j'étais enfant je disais "robe de chambre". Aujourd'hui je préfère "robe des champs". Avec une pointe de beurre c'est très bon. Avec ce qui se passe en Haïti actuellement, cependant, j'ose à peine l'écrire.
Bonjour gardien,
j'aime beaucoup les pommes de terre,mais encore plus la patate douce, et la purée façon Robluchon.
Le mot auquel je faisais allusion vient de s'illuminer dans mon esprit : empyrée : "Ce temple où Jupiter, avec tant de splendeur, Est descendu, dit-on, du haut de l'empyrée". Voltaire. Mot également utilisé par Dante dans saDivine comédie, lorsqu'il aborde le Paradis.
bien sûr, je dis comme vous robe des champs comme je dis aussi maintenant être sur son trentain....
Charles. Empyrée n'est pas sur le Garde-mots. C'est effectivement le séjour des Dieux dans le ciel. Je n'ai pas réussi à trouver la différence mythologique entre l'Olympe et l'empyrée, seulement leur synonymie dans la Grande Encyclopédie. Cependant, "ce n'est pas mon dernier mot, Jean-Pierre, je choisis de demander à un ami". Allo, Dino ?
e21. Trentain ? Il semblerait que l'on dise "se mettre sur son trente et un", ce que confirme l'encyclopédie Larousse.
Oups! Toi aussi, Gardien?!!
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Ça alors, nos tubercules ont donc bien les mêmes racines culturelles. Zed ¦D
C'est la vertu de ce blog dont l'inspiration est unverselle. Il ne fait pas de différence entre la culture et l'agriculture.
J'abandonne donc avec regret mon trentain... et je me plonge dans Francis Ponge:
"Peler une pomme de terre bouillie de bonne qualité est un plaisir de choix.
Entre le gras du pouce et la pointe du couteau tenu par les autres doigts de la même main, l’on saisit – après l’avoir incisé – par l’une de ses lèvres ce rêche et fin papier que l’on tire à soi pour le détacher de la chair appétissante du tubercule.
L’opération facile laisse, quand on a réussi à la parfaire sans s’y reprendre à trop de fois, une impression de satisfaction indicible.
Francis Ponge était un magicien de la simplicité agissante des mots.
Et une Espagne sans tortilla et ses petits: "Tchic...tchic...tchic..." de bon matin qui scandent sa préparation, de cuisine en cuisine...C'est inconcevable! D'accord, la pomme de terre ne définit pas la tortilla!
La tortilla, c'est plutôt de l'œuf battu, monté, auquel on ajoute, maïs, légumes, voire....pomme de terre.
D'ailleurs, pour un Espagnol, quand il ajoute de la pomme de terre en petits morceaux ou en purée, il dit:
J'ai fait une tortilla à la Française.
et la chute de Ponge sur la p.de.t.:
"....Reste ce bloc friable et savoureux, — qui prête moins qu'à d'abord vivre, ensuite à philosopher."
Je suis d'accord. La philosophie du quotidien, c'est de manger sa pomme de terre en pensant qu'on mange une pomme de terre. Réduire la distance de soi à soi, n'est-ce pas de la philosophie ?
la philosophie du quotidien c'est de jouir de tous les petits bonheurs qui se présentent, genre une délicieuse p.de.t. au beurre et fleur de sel.. (et maintenant je me mets à la confection de mon parmentier... de canard). Enjoy!
De la culture et de l'agriculture tu as ainsi retourné les sillons et fait germé prose, humour et poésie. Ça s'arrose et ce n'est point toxique! Zed ¦D
Moi qui suis d'ordinaire mauvais cuisinier, j'ai réussi un gratin dauphinois qui a épaté toute ma famille. Ce fût un régal. Merci garde pour cette exquise recette.
Bravo. En suivant la recette dont j'ai donné le lien ?
oui oui j'ai appliqué la recette à la lettre, ce fût un vrai succés. Je l'ai fait accompagner par de la dinde grillée, ma femme n'en revenait pas. toute ma gratitude, garde.
Merci, LM. Mahfoud, ça te tente ?
tartaufle, tartoufle trife, troufe et, en arpitan, tartifle qui donne donc la tartiflette déjà mentionnée.
Merci à toi, Joël, qui appartiens au gratin d'Internet. [Avis aux puristes : j'ai vérifié, on fait l'accord avec l'antécédent.]
Se méfier des imitations on trouve dans nos assiettes des jasmins que l'on voudrait nous faire prendre pour des pommes de terre.