Oscar et la Dame Rose
Par le gardien le lundi 7 décembre 2009, 00:00 - Gardimots - Lien permanent
Les comparatistes forcenés trouveront une parenté avec Fellini mais ce serait faire injure au réalisateur que de réduire son film à cette dimension, aussi flatteuse qu’elle soit. Il s’agit d’une œuvre originale où deux acteurs donnent le meilleur d’eux-mêmes. Michèle Laroque, dans son rôle de marchande de pizza reconvertie malgré elle en thérapeute, arrive encore à nous surprendre. Le rôle d’Oscar est tenu par Amir Ben Abdelmoumen, qui donne à son personnage une incroyable présence.
Oscar, dix ans, est beau, intelligent, généreux, perspicace, plein d’humour, philosophe. Il lui faut, pour mourir dignement, être initié aux mystères de la vie, et c’est la dame rose qui s’en charge. À la fin de l’histoire Oscar n’est pas celui qu’il aurait été sans leur rencontre, mais, de son côté, la dame rose n’aura jamais plus le même regard sur la vie.
Un des secrets du film est sans doute l’harmonie des impressions sensorielles, autrement dit la synesthésie. C’est dans ce contexte qu’il faut situer le court instant où la musique de Michel Legrand s’arrête, où le silence prend une valeur métaphorique. Il donne à entendre que la mort vient de saisir Oscar et notre émotion va bien au delà de la puissance de l'image.
On aime également découvrir comment E.E. Schmitt parvient à rendre le temps élastique. Il le ralentit et l’accélère à sa guise. Mes propos vous paraissent ésotériques ? Courez voir Oscar et la Dame Rose car le film demande à être vécu plus que raconté. À tel point qu’il n’est pas grave de vous dire qu’Oscar meurt à la fin. Le suspense est ailleurs. Je mentirais en affirmant qu’il est dans les cadrages, la saturation des couleurs, les très beaux clairs-obscurs, l’évolution des personnages, le rythme du montage, la musique : il est dans le fait de savoir comment tous ces paramètres vont évoluer jusqu'à la scène finale. « Je cherche des vibrations » déclare E.E. Schmitt après la projection. Il trouve les nôtres, nous libérant ainsi de notre inquiétude première. Quand on aime son œuvre on entre dans la salle obscure en se demandant si on ne va pas être déçu. On est surpris, à la sortie, d’avoir été ne serait-ce qu'effleuré par une telle pensée. Et l’on se dit que jamais Eric-Emmanuel Schmitt n’aurait eu ni l'imprudence ni l'audace de trahir ses lecteurs.
Éric-Emmanuel Schmitt
Éric-Emmanuel Schmitt et les Dames Roses
Éric-Emmanuel Schmitt et Jean Étèvenaux
Commentaires
Il sort mercredi prochain.
Cher Monsieur Horvilleur:
Je reste bouche-bée et ne peux pas croire cette coïncidence genial. Je suis une grand fan d'E-E Schmitt et précisément, "Oscar et la dame rose", c'est son premier roman dont j'ai lu.
Pour moi, c´été amour à première vue. Après d´avoir lu ce petit livre, j´ai voulu connaître toute son oeuvre, ainsi été que j'ai lu : “Monsieur Ibrahim et les fleurs du Corán”, “L´evangelie selon Pilat”, meme son premier roman,” La secte des egoistes" (le seul qui ne je n´aime bien) et récemment " L'enfant de Noé".
Eric-Emmanuel Schmitt a une manière très special de nous montrer le meilleur de nous memes.
Ses livres sont pleins de poésie, de tendresse, de douleur et d'humeur.
Quand j'ai vu le film "Monsieur Ibrahim el les fleurs du Corán", malgré le superbe acteur Omar Shariff et le petit "Moise", je me suis sentie un peu déçue. J'ai alors pensé qu'il c´était impossible de porter au cinéma, ce qui a tellement admirablement a écrit E-E Schmitt.
Heureusement, vous recommandez le film d'Oscar.
Merci beaucoup! Je ne sais pas comme dire cette expression en français, mais en Espagnol nous disons : Je ne vais pas le perdre par rien du monde!
P.S. Vous êtes sûr que vous n'êtes pas un expert en télépathie en travers de la toile?
J'ai, bien sûr, lu tous les livres que vous citez. Non, je ne suis pas expert en télépathie, mais les coïncidences me parlent. Permettez-moi de faire deux remarques à propos de Monsieur Ibrahim et les Fleurs du Coran. D'abord que, contrairement à Oscar et la Dame Rose, ce film n'a pas été réalisé par Éric-Emmanuel Schmitt. Ensuite que, personnellement, je n'ai pas été déçu. J'ai trouvé que François Dupeyron avait respecté le synopsis et que le jeu d'Omar Sharif était, comme d'habitude mais encore plus que d'habitude, remarquable.
Je suis d'accord Garde, Omar Shariff joue incroyablement bien Monsieur Ibrahim, aussi le petit Moise….. mais, a mon avis, le livre c´est beaucoup mieux que le film. Rappelez aussi que j'ai dit "un peu" déçue (pas beaucoup). Je suis sûre qui si je n´avais pas lu le livre, le film m'enchanterait. Domage!
P.S . Je suis prête pour coincidences. Saludos, Ana
un jour, entre dans la bibliothèque où je travaille,une dame d'un certain age, qui m'avoue ne pas être trop...lectrice et me demande un conseil pour un petit livre court.
Je lui propose : Oscar et la Dame rose.
Elle revient une semaine plus tard, se met à pleurer et me dit:- Vous avez choisi juste le livre qu'il me fallait.
J'ai perdu ma fille il y a 2 ans, d'une leucémie.C'est juste le livre qu'il me fallait. Il m'a beaucoup aidée! Alors je le lui ai offert!
Très belle histoire. D'après ce que je sais d'Éric-Emmanuel Schmitt je suis persuadé que ce type de synchronicité est fréquente dans sa vie et son œuvre. Après la projection, il a raconté que le petit garçon retenu pour le rôle d'Oscar (Amir) était le 12e qu'il a vu (sur 200). Or le chiffre douze joue un rôle essentiel dans le film. C'est le nombre de jours qu'il reste à vivre à Oscar au moment où le film commence.
"Tu n'as que deux pieds" disait Monsieur Ibrahim à Momo en allant lui acheter des chaussures.
"Tu n'as que deux pieds" me disais-je en allant m'acheter des chaussures.
Depuis j'ai des ampoules et mes chaussures me font mal aux pieds.
Ne devient pas soufi qui veut...
L'humanisme et le dévouement des blouses roses m'ont inspiré ce modeste poème. Je le leur dédie:
Les blouses roses
Font de belles choses
A petites doses
Mais combien grandioses
Travaillent en symbiose
Sans clause et sans pause
Belles comme des proses
Mesdames prenez une pose
C'est pour la bonne cause.
Mahfoud,
Votre petit poème est « chouette » comme Oscar dirait.
Blechtrommel,
Cette phrase me rappelle une histoire : il y a quelques années, mon mari et moi, que nous sommes architectes, nous avons eu une cliente difficile. Elle nous a demandées d'aller voir notre maison avant de nous demander de lui faire le dessin de la sienne.
Quand elle est arrivé a ma chambre et elle a vu mon placard, elle a sous les yeux et m'a demandée : Ceux-ci sont tous vos chaussures ? Oui, je l'ai répondu. Tous ? elle m'a demandé une autre fois. “Je n'ai que deux pieds”, j´ai répondu.
En se riant, elle m'a dit qu'elle avait besoin d´un placard beaucoup plus grand, parce qu'elle avait beaucoup de chaussures (je crois que elle était Imelda Marcos version mexicaine).
Finalement nous concevons ca maison, avec un placard énorme pour garder toutes les chaussures de ces cent pieds.
Merci ana votre histoire est tout aussi "chouette."
Bonjour aux lecteurs de ce site! Je suis la grand-mère maternelle de "Mona" qui tient le rôle de "Sandrine la Chinoise" dans ce film et j'en suis déjà fière! J'attends sa sortie prochaine à Bruxelles (le 16 décembre) pour le découvrir. A noter qu'un de mes patrons, qui avait un cancer en phase terminale, a reçu le livre de sa secrétaire: il lui a dit que cela l'aidait beaucoup! C'est une histoire merveilleuse qui s'adresse à tout public, même aux enfants: quand ils l'auront découvert l'histoire d'Oscar, ils n'auront pas peur de mourir un jour! Et puis, Michèle Laroque est encore plus merveilleuse que jamais. Ma petite-fille m'a confié: "Elle est dans la vie comme dans le film!" Une grande dame simple et généreuse d'affection. Tous les acteurs ont eu le bonheur de s'en rendre compte...
Merci pour ce témoignage. Je suis sûr que Mona est plus que gentille que Sandrine la chinoise...
Merci à vous, bon gardien!
J'espère aussi, cher gardien, que vous apprécierez également le film "Miss Mouche" de Bernard Halut (le réalisateur de "Blabla" en Belgique, et où Mona tiendra un rôle "entier"... Vous pouvez déjà la voir de plus près sur "Etonnante Miss Mouche": c'est elle qui tient le caméra et qui filme l'histoire de ses parents. Pour la sortie, je pense que nous devons encore attendre quelque temps... C'est le même casteur qui l'a retenue pour ce 2ème tournage, et je sais qu'il a même dû très fort insister car... "études avant tout!"
Prévenez-nous quand le film sortira (en fait revenez quand vous voulez, bien entendu).
Etrange
Aujourd'hui je remets à une collègue de travail un livre qui m'a enchanté: " La folle allure "de Christian Bobin en lui disant:" je suis sure que tu vas aimer" Elle de me répondre "demain je t'apporte: Oscar et la dame rose,je l'ai lu hier et j'ai pensé à toi tu vas adorer!" Hier soir je lisais votre billet! Synchronicité?
Bien évidemment, cher gardien, et merci pour votre bonne "appréciation"... J'ai téléphoné à Mona et elle sait que je vous ai contacté par email. Elle était fort heureuse! Bien évidemment, je vous tiendrai au courant et n'hésiterai donc pas à reprendre le contact!
Avec vous, Elsa, la synchronicité sur le Garde-mots à propos d'Oscar et la Dame Rose, en est à son troisième avatar en quelques jours...
Je rédige ce commentaire alors qu'Oscar et la Dame Rose est sorti il y a deux heures dans les salles. On devine déjà ce qui se profile en termes de commentaires professionnels. Certains critiques ne supportent pas d'avoir pleuré, ni d'avoir vu Oscar en prise directe avec Dieu (il lui envoie des lettres émouvantes grâce à des ballons gonflables). Parmi les coups de génie d'Éric-Emmanuel Schmitt : le choix d'acteurs que les critiques n'osent pas descendre en flèche, Michèle Laroque et Max von Sydow. On a l'impression qu'ils ont envie d'assassiner le film à cause du succès phénoménal de l'auteur et qu'ils n'osent pas de peur que le public ne leur donne tort. Le Monde titre : "Les larmes et l'eau bénite". C'est à peu près juste, comme lorsqu'on dit que le foie gras c'est du cholestérol et de la cirrhose de canard. Médicalement, il n'y a rien à redire, mais notre palais nous raconte une autre histoire. Alors n'hésitez pas. Achetez une tonne de mouchoirs et courez vous laisser charmer, voire étonner. Assistez à la douce mort d'Oscar, et vous en saurez un peu plus sur la vie.
Chronique d'un assassinat annoncé. Extrait de L'Express, sous la signature d'Eric Libiot (7 décembre 2009) : "Alors, quand je vois un film qui déploie autant de bêtise pour faire croire, dans un grand élan de philosophie d'eau de bénitier frelatée, que les gens qui meurent nous aident à vivre, je n'ai qu'une envie : utiliser l'humour comme seule politesse du désespoir (parce que, oui, je suis resté poli) et me reconvertir dans la critique de théâtre."
Vous voyez que j'ai raison : le film déplaît aux critiques, c'est bien la preuve qu'il faut aller le voir.
Je suis allée voir le film la semaine dernière et vous fais part de mes impressions. C'est un très beau film, très émouvant, mais manquant de fond. Des moyens pas assez substantiels à la base en sont-ils la cause? Le petit Amir qui joue le rôle d'Oscar est exceptionnel. Tous les commentaires que j'ai vus là-dessus vont dans ce sens. Michèle Laroque est elle aussi très bien dans son rôle: elle est d'une spontanéité époustouflante. Ma petite-fille Mona qui tient le rôle de Sandrine la Chinoise est une vraie peste dans ses deux interventions (c'est elle qui tient le plus grand des petits rôles) et je pense qu'elle a fort bien interprété le rôle qui lui a été imparti. Un film très émouvant qui relate surtout les émotions d'un petit garçon atteint du cancer et qui fait confiance à la Dame Rose qui lui a conseillé d'écrire une letttre à Dieu chaque jour qui lui restait à vivre, et que chaque jour comptait pour 10 ans de vie. Il se met donc dans la peau d'un enfant de 10 ans, puis d'un jeune de 20 ans, d'un adulte de 30 ans et ainsi de suite, jusqu'à 100 ans, en adaptant ses expressions oralse à chaque âge. Cette façon "palliative" est très bien rendue. Et donc, c'est pour Oscar une fugue par rapport à son cancer. La triste fin du film gâche le réconfort et les émotions qu'on a pu ressentir dès le début. Si je devais aller revoir le film, je quitterai certainement avant la fin: la longue procession au cimetière était inutile à mon avis. Elle ternit le plus important: la façon dont Oscar a vécu ses derniers jours.
Merci pour votre témoignage. Je suis sûr que vous êtes contente de constater que votre petite-fille sait jouer la comédie. En ce qui concerne le fond et la fin, ce n'est pas parce que le titre est Oscar et la Dame rose qu'il s'agit d'un film rose, genre La mélodie du bonheur. C'est plutôt un film philosophique qui incite à méditer sur la vie. Or le sel de la vie ne peut se concevoir sans la mort. La fin du film est faite pour que le spectateur déplace son attention vers la Dame Rose, laquelle ne sera plus jamais une simple confectionneuse de pizza. Naturellement tout ceci est subjectif. Chacun voit le film à sa manière, ce qui est, à mon avis, un gage supplémentaire de qualité.
Pourquoi aurai-je peur ? Je suis encore saturé de l'époque où vous veniez ici et postiez des commentaires qui n'avaient rien à voir avec le billet. Il a fallu que je vous bannisse deux fois pour que vous compreniez.
Cher gardien,
Merci beaucoup pour votre appréciation quant à la prestation de Mona! Permetez-moi de revenir à mon post n° 23 et votre réaction n° 24. Ce qui m'a "dérangée", c'était le fait que la scène du cimetière était trop trop longue. Ce n'était pas nécessaire! Il ne faut toutefois pas perdre de vue qu'Eric-Emmanuel Schmitt a dû rallonger sensiblement le scénario par rapport à son livre, dans le but d'en faire un long métrage, et cela se ressent beaucoup, ce qui donne moins de consistance... On sait bien que ce n'est pas un film "rose", mais cela ne servait à rien à mon avis d'insister sur le côté larmoyant...
Comme convenu en décembre et après une longue attente, voici le site Daily Motion où a été reprise hier la bande-annonce du film "Miss Mouche" de Bernard Halut, avec ma petite-fille Mona dans le rôle de "Nina":