Histoire de la ponctuation
Par le gardien le dimanche 10 octobre 2010, 00:00 - Métamots - Lien permanent
Saint-Jérôme (345-420), à l’occasion de la traduction de la Bible grecque en latin (la « Vulgate ») met en place un système de ponctuation relativement complexe, dans lequel il reprend les trois points d’Aristophane de Byzance en ajoutant une division des textes en colonnes.
Au Moyen Âge, Gasparino Barzizza, dit Gasparin de Bergame (1370-1431), rédige le premier traité de ponctuation, La Doctrina punctandi.
La ponctuation s’est surtout développée avec l’apparition de l’imprimerie (vers 1440). Goeffroy Tory (1480-1533), par exemple, invente l’apostrophe et le point crochu qu'Étienne Dolet (1509-1546) renomme « virgule » dans son ouvrage Traité de la ponctuation de la langue françoise plus des accents d’ycelle. La Renaissance est également l’époque où l’on invente les signes diacritiques (comme la cédille et les accents). Les signes de ponctuation tels que nous les connaissons sont des apports successifs liés à l’essor de l’imprimerie. Ils seront pleinement organisés à partir du XVIIIe siècle. Dans l’article Ponctuation de L’Encyclopédie, Nicolas Beauzée défend avec force l’intérêt de la ponctuation. Il la règle sur les besoins de la respiration.
Au XIXe siècle un changement s'opère. On commence à rythmer la ponctuation sur les nécessités grammaticales. De même les auteurs, qui en laissaient le soin aux imprimeurs et l'ignoraient complètement, se l'approprient et même la revendiquent, avec à leur tête George Sand (1804-1876).
Au XXe siècle, Apollinaire (Alcools, 1913) supprime la ponctuation dans ses poèmes. Il a un précurseur Stéphane Mallarmé (1842-1898) qui ne ponctue pas son poème M’introduire dans ton histoire (1886). Mais surtout, signe de modernité, il sera imité par les générations qui le suivent.
Les signes anecdotiques
La ponctuation est actuellement stabilisée. On a bien cherché à inventer de nouveaux signes, mais ils n’ont eu que des succès éphémères :
• le point exclarrogatif [‽] ou « interrobang », combine les fonctions de point d’interrogation et de point d’exclamation ;
• le point d’ironie [], point d'interrogation ouvert à droite, a été proposé par Alcanter de Brahm ;
• le point d’indignation [¡], a été créé et utilisé par Raymond Queneau dans son roman Le Chiendent ;
• la virgule d’exclamation [virgule surmontée d’un point d’interrogation], et suivie d’une lettre en bas de casse (ou « minuscule ») contrairement au point d’interrogation ;
• et bien d’autres.
Pour être complet voici l'avis d'un expert, professeur de philosophie diplômé. La qualité de la vidéo n'est pas très bonne mais la leçon est imparable.
N'oublions pas non plus l'usage détourné et contemporain que les internautes font de la ponctuation.
Commentaires
Mon Dieu, nous sommes déjà dimanche!
Non, vendredi comme annoncé au bas de ce billet.
Non, même pas,c'est une coquetterie de Monsieur le Gardien. Le journal Le Monde ne date-t-il pas son édition du lendemain ! La suite est tirée de wikipédia:
Le Monde présente la particularité d'être daté du lendemain de son jour de parution. Son édition du jour est ainsi disponible dès midi à Paris, le soir même dans les grandes villes de France et partout ailleurs le lendemain, y compris à l'international. Par exemple, l'édition sortant des rotatives le vendredi 1er sera datée samedi 2.
Toujours appelé « quotidien du soir », Le Monde est aujourd'hui devenu en réalité un quotidien du midi. Le « bouclage » de la rédaction se fait le matin à 10 h 30, ce qui permet d'intégrer des informations tombées dans la nuit ou au petit matin, contrairement à la plupart de ses confrères qui bouclent dans la nuit.
Depuis le 7 novembre 2005, Le Monde publie une nouvelle formule, proposant un profond changement d'architecture. Le quotidien s'articule désormais en trois parties, et fait une large place à l'image (photo, dessin, infographies).
Depuis 1985, la une du Monde est illustrée par un dessin de presse le plus souvent signé de Plantu et depuis la nouvelle formule, d'une photo d'actualité.
Moi aussi j'ai mes dessins de presse, signés Ydel. "Modestement" je n'en affiche qu'un par mois. J'aime beaucoup les ydélires de ce dessinateur, en particulier son graphisme. Je le remercie une fois de plus de sa générosité.
Si le gardien se met à postdater, ou plutôt à sauter un billet, où allons-nous?
Triste dimanche soir en perspective....
Tu touches combien ?
Merci Garde, une histoire très intéressante.
J'espère que tous les lecteurs du Gardemots, ils font un clic pour voir l'avis d'un expert, professeur de philosophie diplômé.
"La leçon est imparable" et très très amusante (pluc, fssssss etc.)
Hola Garde !
Et n'aurais-tu pu point mentionner que la ponctuation de nos jours est très utilisée pour faire passer des émotions sur les ordinateurs? =)
Bonjour Dolgo. C'est fait depuis longtemps, ailleurs dans le Garde-mots. Ta remarque me fait cependant ajouter ceci à la fin du billet :
N'oublions pas non plus l'usage détourné et contemporain que les internautes font de la ponctuation.
Ouais mais,
Dans les émoticons - quel mot de merde! - ce n'est pas la ponctuation qui est utilisée, mais toute la palette de signes disponibles sur un clavier d'ordinateur.
Ils sont alors perçus comme des formes, et ça devient du dessin, ce qu'on pourrait appeler de l'art ASCII.
p.ex. :) est fait de deux signes de ponctuation, mais 80 est fait de deux signes mathématiques.