La
ponctuation est plus récente que l’écriture.
Dans l’Antiquité on ne mettait pas d’espaces entre les mots mais des points
(chez les Grecs et les Romains, l’emploi du verbe en fin de proposition
permettait en outre de repérer les coupures de phrases). Aristophane de Byzance
(257 – vers 180), conservateur de la bibliothèque d’Alexandrie, invente la
ponctuation au IIe siècle av. J.-C., pour les écrits grecs, en utilisant un
système à trois points : le
point d’en haut (ou « point parfait
»), placé à l'extrémité supérieure de la dernière lettre d'un mot pour indiquer
que le sens de la phrase est complet et qu’on peut aller à la ligne ; le
point médian ou « point moyen » (à mi-hauteur) , équivalent de notre
point-virgule ; et le
point d’en bas ou « sous-point » (placé à
l'extrémité inférieure d'un mot) qui correspond à notre point final. Ces points
facilitaient la copie des manuscrits.
Saint-Jérôme (345-420), à l’occasion de la traduction de la Bible grecque en
latin (la « Vulgate ») met en place un système de ponctuation relativement
complexe, dans lequel il reprend les trois points d’Aristophane de Byzance en
ajoutant une division des textes en colonnes.
Au Moyen Âge, Gasparino Barzizza, dit
Gasparin de Bergame
(1370-1431), rédige le premier traité de ponctuation,
La Doctrina
punctandi.
La ponctuation s’est surtout développée avec l’apparition de l’imprimerie (vers
1440).
Goeffroy Tory
(1480-1533), par exemple, invente l’
apostrophe et le
point
crochu qu'
Étienne Dolet (1509-1546)
renomme « virgule » dans son ouvrage
Traité de la ponctuation de la langue
françoise plus des accents d’ycelle. La Renaissance est également l’époque
où l’on invente les
signes
diacritiques (comme la cédille et les accents). Les signes de ponctuation
tels que nous les connaissons sont des apports successifs liés à l’essor de
l’imprimerie. Ils seront pleinement organisés à partir du XVIIIe siècle. Dans
l’article
Ponctuation de
L’Encyclopédie,
Nicolas Beauzée défend
avec force l’intérêt de la ponctuation. Il la règle sur les besoins de la
respiration.
Au XIXe siècle un changement s'opère. On commence à rythmer la ponctuation sur
les nécessités grammaticales. De même les auteurs, qui en laissaient le soin
aux imprimeurs et l'ignoraient complètement, se l'approprient et même la
revendiquent, avec à leur tête George Sand (1804-1876).
Au XXe siècle, Apollinaire (
Alcools, 1913) supprime la ponctuation
dans ses poèmes. Il a un précurseur Stéphane Mallarmé (1842-1898) qui ne
ponctue pas son poème
M’introduire dans ton histoire (1886). Mais surtout, signe de modernité, il
sera imité par les générations qui le suivent.
Les signes anecdotiques
La ponctuation est actuellement stabilisée. On a bien cherché à inventer de
nouveaux signes, mais ils n’ont eu que des succès éphémères :
• le
point
exclarrogatif [‽] ou « interrobang », combine les fonctions de point
d’interrogation et de point d’exclamation ;
• le
point d’ironie [
],
point d'interrogation ouvert à droite, a été proposé par Alcanter de Brahm
;
• le point d’indignation [¡], a été créé et utilisé par Raymond Queneau dans
son roman
Le Chiendent ;
• la
virgule
d’exclamation [virgule surmontée d’un point d’interrogation], et suivie
d’une lettre en bas de casse (ou « minuscule ») contrairement au point
d’interrogation ;
• et
bien
d’autres.
Pour être complet voici
l'avis d'un expert, professeur de philosophie
diplômé. La qualité de la vidéo n'est pas très bonne mais la leçon est
imparable.
N'oublions pas non plus l'usage détourné et contemporain
que les internautes font de la
ponctuation.