Il a signé le livret de l’opéra-comique, L’Endriague (1723), mis en musique par Jean-Philippe Rameau. Un crocodile ailé, l’endriague, a obtenu des habitants d’une île imaginaire qu’ils lui sacrifient tous les six mois une jeune fille vierge de quinze ans.

La plus connue de ses œuvres est La Métromanie (1738) (du grec metron, mesure et mania, folie) qui eut un très vif succès pendant près de quatre-vingts ans. Cette comédie met en scène Damis et sa manie de faire des vers à tout bout de champ. Elle reprend la supercherie du poète Paul Desforges-Maillard (1699-1772). N’ayant pas reçu d’éloges pour ses premières œuvres, il réussit à publier au Mercure de France en se faisant passer pour une poétesse bretonne, Mademoiselle Malcrais de la Vigne. Il recueillit ainsi les louanges de Voltaire. Celui-ci se voyant caricaturé pour cette bévue dans une pièce à succès en voulut toute sa vie à Piron.

Voltaire n’avait aucun succès avec ses comédies, c’est pourquoi Piron se croyait son égal. Dans une de ses lettres il le traite d’ « illustre momie ». De son côté Voltaire écrira en 1776 : « Mes amis m'ont toujours assuré que dans la seule bonne pièce que nous ayons de lui il m'avait fait jouer un rôle fort ridicule. J'aurais bien pu le lui rendre ; j'étais aussi malin que lui, mais j'étais plus occupé. »

Il faut dire que Piron ne le ménageait pas. Il écrivit par exemple ceci contre lui :

Sur l'auteur dont l'épiderme
Est collé tout près des os,
La mort tarde a frapper ferme,
Crainte d'ébrécher sa faux.
Dès qu'il aura les yeux clos
(Car si faut-il qu'il y vienne),
Adieu renom, bruit et los (1)
Le temps jouera la sienne.

(1) Éloge, louange. Mot vieilli. Du latin laus, louange.

Piron (qui était né à Dijon) écrivit également ce quatrain où il se compare à Voltaire :

En deux mots voulez-vous distinguer et connaître
Le rimeur dijonnais et le parisien ?
Le premier ne fut rien ni ne voulut rien être.
L’autre voulut tout être et ne fut presque rien.

Voltaire est sarcastique, Piron épicurien. Quand il rencontre Piron pour la première fois Voltaire grignote du pain tout en lui parlant. En bon bourguignon Piron sort alors de son gilet un flacon de vin, qu’il se met à boire au nez et à la barbe de Voltaire.

Piron et Voltaire avaient tous les deux le don de la répartie. Un jour Voltaire lit une de ses tragédies, Sémiramis dans un salon. De temps à autre Piron ôte son bonnet. Voltaire, mécontent, s’interrompt et lui en demande la raison. « Continuez. Ne faites pas attention. J’ai l’habitude de saluer les gens de ma connaissance ». Il fait ainsi allusion à quelques vers imités de Corneille et de Racine. Peu de temps après Voltaire demande à Piron son avis sur le fait que sa Sémiramis a eu peu de succès. Réponse de Piron : « Je pense que vous voudriez bien que je l’eusse faite. ». « Je vous aime assez pour cela » aurait répondu Voltaire.

Piron était jaloux de Voltaire. Il ne pouvait entendre son nom sans entrer en fureur et ses saillies contre lui était presque un tic. C’est pourquoi on lui en attribue certaines qui sont vraisemblablement fausses. Celle-ci par exemple. Voltaire reproche à Piron d’avoir annoncé qu’une de ses pièces, Nanine, serait sifflée alors qu’elle ne l’a pas été. Réponse de Piron : « Comment peut-on siffler quand on bâille ? »

Juste avant sa mort Piron écrit à propos de Voltaire : « Il y a parmi mes meubles un petit coffret qui renferme cent cinquante épigrammes en son honneur. Si, quand je ne serai plus, il décoche un seul trait contre moi, je recommande à mon légataire littéraire de faire partir toutes les semaines un de ces épigrammes pour Ferney. Cette petite provision, ainsi ménagée, égaiera pendant trois ans la solitude du respectable vieillard. »

Après le pays de l'Astrée en 2009 et celui de Roger Vailland en 2010, la Société des écrivains et du livre lyonnais et rhônalpins (SELYRE) organise cette année une sortie culturelle au château de Voltaire. L'événement aura lieu le samedi 24 septembre 2011 au départ de Lyon. Renseignements et bulletin d'inscription ici.