Lubin Baugin. Le Dessert de gaufrettes
Lubin Baugin. Le Dessert de gaufrettes.
Huile sur bois. 41 x 52 cm.
Vers 1631. Musée du Louvre, Paris.

Ce tableau, apparemment très simple, avec ses couleurs primaires et ses lignes tranchées, raconte une histoire qui se situe à égale distance entre l’ascèse et la tentation. Selon les conventions des historiens de l’art il s’agit d’une nature morte, mais ce qui frappe, ici, c’est la vie. Le vin a été versé. Le bouchon de tissu a été remis en place sur la fiasque. Les sept gaufrettes, habilement disposées et dont la texture accroche la lumière, sont prêtes pour la dégustation alors que l’arrière-plan, très sombre, suggère la frugalité. Le plat d’étain, poli et circulaire - il paraît ovale à cause de la perspective - cache le pied du verre et déborde de la table. Il  contraste avec la disposition asymétrique des gaufrettes. Rien n’est plus réel que cet ensemble qui cherche à nous tenter en nous plaçant au bon endroit et nous conduit, en fait, aux confins de la méditation.

Lubin Baugin (v. 1612 - 1663) est avant tout un peintre de scènes religieuses mais on connaît également de lui quatre natures mortes, dont Le dessert de gaufrettes est la plus connue. Dans le film d'Alain Corneau Tous les matins du monde (1991), d’après le roman de Pascal Quignard, le personnage de Lubin Baugin est joué par Michel Bouquet. Le dessert de gaufrettes y est également mis en scène. Dans son récit La Main d'oublies (2007) Sophie Nauleau décrit sa fascination pour le tableau et l’œuvre de fiction qu’il a suscité.