Si vous allez voir l'exposition Doisneau - et vous vous y rendrez nécessairement si vous habitez à une distance raisonnable - allez-y avec votre âme d'enfant. Mesurez-vous à l'imprenable, sorte d'entité photographique qui relève du spirituel, de l'ombre lumineuse, de la vie rêvée, du désir pétrifié. N'y allez pas comme un adulte qui sait, ou qui fait semblant de croire, sinon vous ne pourrez pas supporter la vue des images.
Photo après photo (il y en a 280), votre regard ira d'étonnement en surprise, de scène de rue en portrait réaliste (Simenon, Gaultier, Binoche, nombre d'inconnus pittoresques et de scènes populaires à faire revivre Carné et Prévert). De photo célèbre, comme Le Baiser de l'Hôtel de ville, en cliché des rues pavées, du Canal de l'Ourcq jusqu'à la classe d'enfants qui se tiennent par le tablier, vous perdrez la maîtrise de vos idées. Vous voyagerez à perte de vue dans l'imaginaire et vous aurez envie d'y rester. Puis, vous souvenant d'ici-bas, vous retournerez au monde en couleurs, et vous parlerez à nouveau par vos lèvres. Vous sourirez à la vie en souvenir de Robert Doisneau, le photographe qui a réussi l'impossible : mettre en scène la réalité.
* Paris en liberté, Doisneau. Jusqu'au 17 février 2007. Exposition gratuite [pour faire plaisir à Dandylan] à l'Hôtel de Ville de Paris. Salle Saint-Jean - 5 rue Lobau - 75004 Paris. Tous les jours sauf dimanches et fêtes : 10 h/19 h.
* Crédit photo :
Atelier Robert Doisneau.