La liaison qui fait encore rêver les admirateurs de Voltaire est celle qu'il entretint avec Gabrielle Émilie Le Tonnelier de Breteuil, marquise du Châtelet (1706-1749). Elle dura de 1734 à la mort de madame du Châtelet. Voltaire était séduit par sa grande intelligence. Mathématicienne, passionnée de sciences, elle avait reçu la même éducation que ses frères, ce qui était exceptionnel pour l'époque. Ils furent amants, mais pas seulement. Ils  étaient également unis par leur amour de la physique, de la métaphysique et de la littérature.

En 1734 Voltaire a maille à partir avec la police du roi Louis XV à la suite de la publication de ses Lettres philosophiques qui critiquent vivement les institutions. Le couple quitte Paris et s'établit dans un château à Cirey, en Champagne, tout près de la Lorraine où Voltaire pourra fuir en cas de nécessité. Le château est presque en ruines et Voltaire prête à son propriétaire, le mari d'Émilie, la somme de 40 000 francs pour les frais de rénovation. Ils vont y passer près d'une dizaine d'années.

Émilie et Voltaire y travaillent ardemment, lisent la Bible pour mieux en faire l’analyse critique, font des expérimentations de physique, jouent des pièces de théâtre, donnent de grandes fêtes. Ils constituent également une bibliothèque de plus de 21 000 volumes. Chacun commente les manuscrits de l'autre. Voltaire pousse Émilie à traduire et à annoter les Principia Mathematica de Newton, ouvrage qui est encore apprécié aujourd'hui.

En 1748, la marquise rencontre à Lunéville, à la cour du duc de Lorraine, le beau chevalier Jean-François de Saint-Lambert, poète à ses heures, de dix ans son cadet. Elle tombe enceinte de ses œuvres et meurt peu après ses couches.

Voltaire écrit à l'un de ses amis : « Je n'ai point perdu ma maîtresse, j'ai perdu la moitié de moi-même, une âme pour qui la mienne était faite, une amie de vingt ans que j'avais vu naître. » Leur correspondance, qui occupait huit volumes reliés, a été perdue, sans doute détruite par Saint-Lambert.

Telle est brièvement rapportée l’aventure intellectuelle et amoureuse d’un couple qui « préfigure celui de Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir. Quelle modernité ! Ils partagent liberté amoureuse et liberté de pensée » note Élisabeth Badinter don son livre Émilie, Émilie, ou l'ambition féminine au XVIIIe siècle (Le Livre de poche).

Après le pays de l'Astrée en 2009 et celui de Roger Vailland en 2010, la Société des écrivains et du livre lyonnais et rhônalpins (SELYRE) organise cette année une sortie culturelle au château de Voltaire. L'événement aura lieu le samedi 24 septembre 2011 au départ de Lyon. Renseignements et bulletin d'inscription ici.