Voltaire et madame du Châtelet
Par le gardien le lundi 6 juin 2011, 00:00 - Gardimots - Lien permanent
En 1734 Voltaire a maille à partir avec la police du roi Louis XV à la suite de la publication de ses Lettres philosophiques qui critiquent vivement les institutions. Le couple quitte Paris et s'établit dans un château à Cirey, en Champagne, tout près de la Lorraine où Voltaire pourra fuir en cas de nécessité. Le château est presque en ruines et Voltaire prête à son propriétaire, le mari d'Émilie, la somme de 40 000 francs pour les frais de rénovation. Ils vont y passer près d'une dizaine d'années.
Émilie et Voltaire y travaillent ardemment, lisent la Bible pour mieux en faire l’analyse critique, font des expérimentations de physique, jouent des pièces de théâtre, donnent de grandes fêtes. Ils constituent également une bibliothèque de plus de 21 000 volumes. Chacun commente les manuscrits de l'autre. Voltaire pousse Émilie à traduire et à annoter les Principia Mathematica de Newton, ouvrage qui est encore apprécié aujourd'hui.
En 1748, la marquise rencontre à Lunéville, à la cour du duc de Lorraine, le beau chevalier Jean-François de Saint-Lambert, poète à ses heures, de dix ans son cadet. Elle tombe enceinte de ses œuvres et meurt peu après ses couches.
Voltaire écrit à l'un de ses amis : « Je n'ai point perdu ma maîtresse, j'ai perdu la moitié de moi-même, une âme pour qui la mienne était faite, une amie de vingt ans que j'avais vu naître. » Leur correspondance, qui occupait huit volumes reliés, a été perdue, sans doute détruite par Saint-Lambert.
Telle est brièvement rapportée l’aventure intellectuelle et amoureuse d’un couple qui « préfigure celui de Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir. Quelle modernité ! Ils partagent liberté amoureuse et liberté de pensée » note Élisabeth Badinter don son livre Émilie, Émilie, ou l'ambition féminine au XVIIIe siècle (Le Livre de poche).
Après le pays de l'Astrée en 2009 et celui de Roger Vailland en 2010, la Société des écrivains et du livre lyonnais et rhônalpins (SELYRE) organise cette année une sortie culturelle au château de Voltaire. L'événement aura lieu le samedi 24 septembre 2011 au départ de Lyon. Renseignements et bulletin d'inscription ici.
Commentaires
Merci Garde!
C'est toujours un plaisir lire sur des femmes intelligentes en toute époque, mais, spécialement à l´époque où il ne leur était pas permis d'être intelligentes.
Plus plaisir de savoir qu'elle avait « une liaison » avec Voltaire et, aussi quelle surprise que son mari, ait prêté le château et l'argent, à l'amant de son épouse !! Voilà la modernité, pas seulement pour ce temps là, je crois qu'elle le sera même au XXIIe siècle. Je ne crois pas que, ni même dans un siècle de plus, les hommes soient si "avant garde".
Pour finir, seulement je dirais qui j'envie la chance des lyonnais qui peuvent atteindre aux évènements et aux lieux si intéressants.
Mais non, Ana, on permettait aux femmes (je parle ici de la France) d'être intelligentes. Il suffit de voir les salons littéraires qu'elles animaient. Et à qui devons-nous la naissance de l'Ermitage de St Petersbourg???
Voltaire et Mme du Châtelet se seraient connus de 1749 à ... 1749. N'y aurait-il pas une petite erreur dans ces deux dates ? Car pour avoir autant de correspondances, leur liaison ne peut pas avoir duré seulement une année. Merci. Étienne.
Bonjour e21!
Les femmes, bien sûr, étaient intelligentes à toutes les époques, mais leur était-il "permis" de l'être ?
Combien de femmes ont du s'habiller en homme ou entrer dans un couvent aux siècles passés pour avoir la même éducation que les hommes ?
Le billet le dit :
« elle avait reçu la même éducation que ses frères, ce qui était exceptionnel pour l'époque. »
En France et dans le monde entier, à cette époque, il n'était pas commun de permettre aux femmes d'étudier les mathématiques, les sciences ou d'autres disciplines considérées comme réservées exclusivement au sexe masculin.
Enfin, j'ai donné une opinion personnelle mais elle est un peu basée sur l'histoire.
Merci e21, Saludos, Ana