Assertivité
Par le gardien le lundi 12 janvier 2009, 00:00 - Singumots - Lien permanent
Un modèle d'assertivité : Gandhi (1869-1948)
Pendant huit ans Gandhi s'oppose aux lois ségrégationnistes, ce qui lui vaudra plusieurs séjours en prison. Le 18 juillet 1914 il quitte l'Afrique du Sud et s’installe définitivement en Inde où il devient le chef du mouvement nationaliste. En 1917 il utilise pour la première fois le jeûne pour faire pression sur les patrons d’une usine en grève et commence à réclamer aux anglais l’autonomie de l'Inde. D’année en année il en appelle à la non coopération avec l'administration britannique et se prononce pour le boycott des produits textiles d'origine européenne. Le Mahatma (la « grande âme » en sanskrit), également appelé Bapu (Père), est condamné à 6 ans de prison. À sa sortie deux ans plus tard il appelle ses compatriotes à la cohésion nationale et réclame l'égalité sociale pour les intouchables. Le 12 mars 1930 il entreprend une action spectaculaire : la marche du sel. Pendant 24 jours, et sur 384 km, le cortège, qui se gonfle progressivement de milliers de personnes, dénonce le monopole anglais sur la vente du sel. En 1930 Gandhi échappe à la première des cinq tentatives d'assassinat dont il sera la victime de la part des extrémistes hindous. De prison en grève de la faim il ne cessera pendant toute la décennie de se battre pour la cohésion entre les communautés, l'éducation des masses et la libération de l’Inde.
L’indépendance a lieu le 15 août 1947. Ce jour-là Gandhi ne participe pas aux festivités. Il porte le deuil d'un événement qui s'accompagne d’une partition entre les hindous et les musulmans - Inde d'un côté, Pakistan de l'autre - ce qui déclenche l'exode meurtrier de plusieurs millions de personnes. Gandhi décide de protester contre la tragédie par un jeûne qu’il entend poursuivre jusqu'à la mort. Il se nourrit de nouveau quand Nehru réussit à arrêter les massacres. Cependant les extrémistes hindous continuent à reprocher à Gandhi sa bienveillance à l'égard des musulmans. Le 30 janvier 1948, l'un d'eux, Nathuram Godse, l'abat à Delhi d’un coup de revolver alors qu’il est en chemin vers une réunion de prière. Plus de deux millions d'indiens assisteront à ses funérailles. Selon sa volonté, ses cendres seront dispersées dans plusieurs grands fleuves dont le Nil, la Volga et la Tamise. Le 30 janvier est aujourd'hui en Inde une journée nationale. C'est également, depuis un vote à l'unanimité de l'Assemblée générale des Nations unies le 15 juin 2007, une Journée internationale pour la non-violence.
« Il y a beaucoup de causes pour lesquelles je suis prêt à mourir mais aucune pour laquelle je suis prêt à tuer (Gandhi) ».
Le fil rouge de la vie de Gandhi est la recherche de la vérité. Pour y parvenir il tente des expériences sur lui-même, en particulier il s'entraîne à surmonter ses peurs et à apprendre de ses propres erreurs. Renonçant à appliquer strictement les pratiques de l'hindouisme, il devient adepte du végétarisme, dont il fait le point de départ du contrôle de ses besoins. Il se coupe les cheveux lui-même, nettoie ses latrines – travail habituellement réservé aux intou- chables - et incite sa femme et ses amis à en faire autant. Il adopte la pratique du rouet et abandonne les vêtements à l’occidentale. Il porte désormais le dhotî (équivalent masculin du sari).
À 37 ans il renonce à jamais aux relations sexuelles, afin de canaliser son énergie vers les combats spirituels. Sa vie simple confine à l’ascétisme. Il passe un jour par semaine dans le silence, pendant lequel il communique en écrivant sur un papier. Il pratique le brahmacharya – le contrôle des sens en pensée, en mots et en actions - dans le but de se rapprocher de Dieu et de se réaliser personnellement. À la fin de sa vie, devenu veuf, il partage la couche de sa nièce préférée, Manu, afin d'éprouver la solidité de son vœu de chasteté. C’est, pour lui, le triomphe de l’esprit sur la matière.
Il utilise le jeûne en signe de protestation et la non-violence (ahimsa), qu’il emprunte au jaïnisme, comme moyen de désobéissance civile. Il sait qu’il risque la prison et c’est d’ailleurs ce qui lui arrive à plusieurs reprises. Il s’inspire également des écrits de Léon Tolstoï, qui, dans les années 1880, a vécu une conversion profonde vers un christianisme non violent et proche de l'anarchie.
Gandhi écrit : « L'hindouisme tel que je le connais satisfait complètement mon âme, remplit mon être entier... Quand le doute m'assaille, quand le découragement me regarde en face, quand je ne vois plus aucune lueur d'espoir à l'horizon, je me tourne vers la Bhagavad Gita, et je trouve un vers pour me consoler ; et je commence à sourire immédiatement au milieu d'un écrasant chagrin. Ma vie a été remplie de tragédies et si elles n'ont pas laissé d'effet indélébile sur moi, je le dois aux enseignements de la Bhagavad Gita. »
À New Delhi, le Birla Bhavan, la maison où Gandhi a été assassiné, est ouverte au public depuis 1973. On peut y voir la pièce où le Mahatma vécut les quatre derniers mois de sa vie. Une colonne de pierre marque l'endroit exact où il a été abattu. Il existe également à Delhi un Musée National Gandhi. Je me souviens y avoir vu en 1977 une de ses dents et un tableau où sont symbolisées les principales religions.
Commentaires
En tous cas on ne peut pas lui enlever qu'il avait une grande volonté.
cordialement
Bel exemple de psychologie contemporaine...
Je me souviens avoir séjourné en 1979 dans le quartier de la gare à Old Delhi, où hindous, musulmans, sikhs et encore d'autres confessions vivaient ensemble sans problème (sauf en ce qui concernait les Intouchables, qui se convertissaient massivement à l'Islam pour échapper à leur sort peu enviable).
C'était un quartier qui vivait tout le jour et toute la nuit. La journée, c'était noir de monde, il y avait la proximité de la Porte afghane, du Fort rouge et de la Jama Masjid (grande mosquée de Delhi). Il y avait des voyageurs qui partaient et arrivaient de tous les coins de l'Inde: vers le Népal ou le Cachemire, vers Bénarès ou vers le sud, Agra ou Amritsar.
Il y a quelques années, un JT nous a informé qu'une bombe avait explosé à cet endroit, tuant et blessant des personnes.
Pour quoi?
Pour les mêmes raisons qu'ailleurs je suppose : le fanatisme et l'intolérance.
J'ai fait deux voyages en Inde. Le premier en 1977. Je suis arrivé à Delhi le jour même où l'on venait d'arrêter Indira Gandhi. À cause des perturbations ambiantes l'hôtel était complet (malgré une réservation évidemment). Pour le prix d'une chambre normale on m'a donné une suite réservée aux maharadjahs : plusieurs pièces de grand luxe ; le lit était si large qu'il avait CINQ oreillers ; on aurait pu baigner une Rolls dans la baignoire, etc. Au restaurant, le premier soir je demande où en est la situation (on entend des tirs dans la rue). Le garçon me dit : "Je suis content, vous êtes pour madame Gandhi..." et il me traite comme un peacock (faisan, l'oiseau national indien) en pâte.
Le souvenir le plus fort, à l'opposé, en 1993, est une journée à Bénarès. La misère y est insoutenable, la honte monte aux joues, on marche en baissant les yeux sur ses chaussures. Je ne parle pas des crémations, mais des personnes venuse mourir sur les ghâts dans la plus extrême pauvreté.
Entre les deux, voici un incident plus léger.
Souvenirs aussi de 3 passages en Inde, un pays démocratique et passionnellement violent à la fois.
Je me suis permis de reprendre l'article sur mon blog avec © & renvoie vers votre blog que je suis depuis longtemps
si cela vous posait merci de me prévenir pour que je supprime le billet
Chaleureusement
cha
Au contraire. La reprise de ce billet dans votre blog consacré au zen me fait plaisir.
Si l'on est non-violent avec les autres et pas avec soi-même c'est qu'on est dans la non-violence intellectuelle, pas la vraie.