Les libertins dans la littérature

Aux XVIIe et XVIIIe siècles le sens du mot libertin était plus large. Il qualifiait un courant philosophique et littéraire qui refusait les dogmes, les contraintes, avait un grand désir d'indépendance et se soumettait à l'examen critique de la raison. Il réclamait, certes, la liberté des mœurs, mais ce n’était qu’une revendication parmi d’autres (l'équivalent contemporain est la « libre-pensée »). Les libertins étaient érudits, philosophes, subversifs, matérialistes. Ils remettaient en cause l'éthique religieuse et se qualifiaient eux-mêmes d’« esprits forts ». Ils dérangeaient la monarchie de droit divin. Une de leur maxime favorite était : « À l'intérieur fais ce qu'il te plaît, à l'extérieur fais selon la coutume. » Ils avançaient masqués, même si certains commirent des imprudences qu’ils payèrent de leur vie. Ils s’étaient libérés de ce que nous appelons la « pensée unique », affranchis de la morale religieuse, inspirés des théories du philosophe grec Épicure et de son culte du plaisir, du scepticisme de Montaigne, du libertinisme né au XVIe siècle en Italie (Cardan, Machiavel), à ne pas confondre avec le « libertinage » qui concerne les mœurs libres et qui est plus réducteur.

Synonymes et mots voisins : agnostique, antéchrist, antireligieux, aporétique, areligieux, athée, défiant, douteur, épicurien, esprit fort, impie, incrédule, incroyant, irréligieux, libre penseur, mécréant, non-croyant, païen, parpaillot, pyrrhonien, sans-Dieu, sceptique, voltairien.

Les libertins érudits du XVIIe siècle français.
Pour en savoir plus sur les auteurs cités ci-dessous, passez votre pointeur sur leurs noms.


Nicolas Vauquelin Des Yveteaux, François de La Mothe Le Vayer, Guy de la Brosse, Théophile de Viau, Gassendi, Nicolas Chorier, Cyrano de Bergerac, Molière, Le Métel de Boisrobert, Vallée Des Barreaux, Charles Sorel, Gabriel Naudé, Saint-Évremond, Guillaume Amfrye, Choisy, Pierre Bayle, Fontenelle.

Les romans libertins

Au XVIIIe siècle le libertinisme est, avant tout, littéraire. Il s’épanouit sous forme de romans qui prônent, dans un style grivois ou licencieux, la liberté de séduire et d’aimer. Les auteurs du siècle des Lumières ont pour nom : Voltaire, Crébillon fils, Diderot, Gervaise de Latouche, Restif de la Bretonne, Andréa de Nerciat, Sade, Choderlos de Laclos, Vivant Denon, Mirabeau.


[C'est aujourd'hui le sixième anniversaire du Garde-mots.
À cette occasion je vous offre ce billet
qui a nécessité d'importantes recherches.]