Vitruve est respectueux des lois de la nature. Il recommande de bâtir dans les lieux les plus sains, d’avoir des notions de grammaire, de dessin, de géométrie, d’arithmétique, d’optique, d'histoire, d’astronomie, de gnomonique (art de concevoir des cadrans solaires), de médecine, de philosophie, et de musique ; d’avoir aussi bien des connaissances théoriques que pratiques dans ces divers domaines.  Il écrit :

« L'ordonnance d'un édifice consiste dans la proportion qui doit être soigneusement observée par les architectes. Or, la proportion dépend du rapport que les Grecs appellent analogie ; et, par rapport, il faut entendre la subordination des mesures au module, dans tout l'ensemble de l'ouvrage, ce par quoi toutes les proportions sont réglées ; car jamais un bâtiment ne pourra être bien ordonné s'il n'a cette proportion et ce rapport, et si toutes les parties ne sont, les unes par rapport aux autres, comme le sont celles du corps d'un homme bien formé.

Le corps humain a naturellement et ordinairement cette proportion, que le visage qui comprend l'espace qu'il y a du menton jusqu'au haut du front, où est la racine des cheveux, en est la dixième partie. La même longueur est depuis le pli du poignet jusqu'à l'extrémité du doigt qui est au milieu de la main ; toute la tête, qui comprend depuis le menton jusqu'au sommet, est la huitième partie de tout le corps. La même mesure est depuis l'extrémité inférieure du col par-derrière. Il y a depuis le haut de la poitrine jusqu'à la racine des cheveux une sixième partie, et jusqu'au sommet une quatrième. La troisième partie du visage est depuis le bas du menton jusqu'au-dessous du nez: il y en a autant depuis le dessous du nez jusqu'aux sourcils, et autant encore de là jusqu'à la racine des cheveux qui termine le front.

Le pied a la sixième partie de la hauteur de tout le corps, le coude la quatrième, et la poitrine est de la même dimension. Les autres parties ont chacune leurs mesures et proportions, sur lesquelles les peintres et les sculpteurs de l'antiquité qu'on estime tant, se sont toujours réglés ; de même il faut que les parties qui composent un temple aient chacune un rapport convenable avec le tout. (...)

Si donc la nature a tellement composé le corps de l'homme, que chaque membre a une proportion avec le tout, ce n'est pas sans raison que les anciens ont voulu que dans leurs ouvrages ce même rapport des parties avec le tout fût exactement observé.

Mais parmi tous les ouvrages dont ils ont réglé les mesures, ils se sont principalement attachés à déterminer les proportions des temples des dieux, dans lesquels ce qu'il y a de bien ou de mal fait est exposé au jugement de la postérité. »

Ce texte illustre à merveille l'étude des proportions anatomiques de l'homme, telle qu'elle a été reprise de Vitruve par Léonard de Vinci dans son dessin universellement apprécié, L’homme de Vitruve.