Le mot et l'image
Par le gardien le vendredi 8 janvier 2010, 00:00 - Versimots - Lien permanent
Le
mot parle
L'image raconte
Le mot boit
L'image est ivre
Quand ils s'aiment
Ils enfantent l'imprévu
Le
mot est un artilleur du rêve
L'image un silence déguisé
Le
mot travestit l'image
L'image résiste comme elle peut
Ils
se souviendront longtemps
De leur légende inachevée
Commentaires
En simplifiant outrageusement : selon le principe de la latéralisation fonctionnelle du cerveau, le mot s'adresse au cerveau gauche, il a une tendance synthétique et rationalisante ; l'image s'adresse au cerveau droit, elle a une expressivité symbolique et globale. Le mot encadre, l'image laisse plus de place à l'interprétation.
Ce poème me plait beaucoup.
en jouant avec les mots, en leur donnant une place inhabituelle on peut faire naitre des impressions fortes exemple: un mot à la place d'un verbe
Maternite (je l'ai écrit en atelier d'écriture)
Tu es vie
Je te respire
Je te berce, je te layette
Tu me tiédis, je te douceur
Je te talque, tu me hoquètes
Je te comptine, je te contiens
Tu m’absorbes, je te tétine
Tu vagis, je tangue
Tu suçotes, je te susurre
Tu serres ton petit poing
J’ouvre grand ma main
Tu gazouillis, tu effleures, tu caresses
Je bafouille, je suis pleurs, je faiblesse
Tu m’égratignes
Effectivement on est toujours un peu déçu des adaptations au cinéma des livres qu'on a beaucoup aimés, c'est même pour cela qu'on choisit d'aller voir le film, en soupçonnant qu'on restera sur sa fringale. Pour ma part j'ai assisté à une exception remarquable: "Le liseur" de Bernard Schlink, un roman sur les mots et qui va encore bien au-delà, et dont on a tiré une oeuvre au cinéma tellement fidèle à l'histoire qu'on a l'impression de se retrouver dans les pages du livre à la projection, avec la puissance d'évocation des images et le jeu juste et précis des acteurs en cadeau.
Elsa mail. Votre poème est très beau. On s'y croirait. Il donne envie de régresser.
Blechtrommel. Une autre exception : Oscar et la Dame Rose.
Ver00. Je suis d'accord, les mots ont leur subjectivité. Le discours dépend du contexte, des connotations et de l'équation personnelle.
Merci gardien.
Nîmes sous la neige,la vie est au ralenti,les mots sont flocons ...
Voici un peu d'hiver pictural.
Je suis d'accord, ce tableau illustre parfaitement mon poème. Merci de m'y avoir fait penser. À vrai dire, Magritte fait, avec Dalí, partie des peintres que j'aime vraiment. Ce qui explique peut-être la résonance entre mes mots et cette image...
Connaissez vous Jenny Holzer? Textes ou images??
Non, c'est une découverte. Jenny Holzer a une bonne idée, mais ça me paraît un peu répétitif. Cet art conceptuel est une construction mentale stylisée.
L'êtres humains ont dessiné des images qui nous racontent leur histoire quand il n'y avait pas encore de l´histoire.
Les mots, sont apparus peut-être quand l'homme a commencé à aimer … quand il a commencé à rêver.
Personne ne peut créer la dernière image… personne ne peut jamais dire le dernier mot ..... alors, la légende continue......
Joli poème Garde.
L'homme ne peut pas vivre seul. Les mots sont apparus quand il s'est organisé en tribu afin de pouvoir chasser à plusieurs. Alors il lui a fallu communiquer pour que la chasse soit efficace. Ça a commencé par des cris gutturaux, puis les sons sont devenus articulés.
Quand ils s'aiment cela peut donner ça :
"Avec ce mutin casque blond
C'est votre oubli que je défie
Et j'offre à ceux qui déjà l'ont
Dans le coeur, ma photographie."
Mallarmé, "Vers de circonstance", Photographies, VI
Essayez l'expérience suivante:
1) Regardez un film en baissant complètement le son.
2) Assombrissez l'image et n'écoutez que les dialogues et la musique.
Pour ma part j'ai mieux compris le film uniquement avec le son car j'arrivais à imaginer plus ou moins le décor.
Sans les mots c'est beaucoup moins évident.
Conclusion:
les mots stimulent notre imagination et nous font rêver
tandis que l'image nous est imposée.
Cher Garde, soyes un peu plus romantique, s'il vous plaît.
Les cris gutturaux ont commencé avec la chasse et de la défense, avec leur besoin les uns des autres .... ..... mais les mots……je pense que les mots sont venus quand leur âmes étaient un peu plus sophistiqués.
Laissez-moi rêver.
Mahfoud. On peut également - ça dépend de la manière dont on fonctionne - penser le contraire :
les images stimulent notre imagination et nous font rêver tandis que les mots nous sont imposés.
Ana. Disons que nous avons tous les deux raisons : vous, de rêver ; moi, de rapporter un fait scientifique.
Cher garde, j'acquiesce. Le contraire est valable et pour cette raison j'ai précisé : pour ma part. Quant à la conclusion, elle est relative à ma propre expérience.
J'aime beaucoup le poème d'Elsa.
Nous parlons d'un "plus" (le mot et/ou l'image) et non d'un handicap, l'analogie n'est donc pas possible. À propos, préférez-vous les frites ou le tango argentin ?
Je pense à ce petit livre de Patick Süskind, l'histoire de Monsieur Sommer où les mots et les images s'aiment et se marient.
Les mots de Süskind et les illustrations de Sempé. Des mots d'enfant, des aquarelles d'une délicatesse...
J'adore ce petit livre!
Je connais - et j'apprécie - Süsskind (Le Parfum, Le Pigeon, La Contrebasse : trois chefs-d'œuvre) depuis 20 ans, mais je ne connaissais pas ce livre. Merci.
ah je découvre ce blog avec le lien vers mon billet sur monsieur sommer, je reviendrai !
Bienvenue. J'ai choisi le lien vers votre blog, car l'article est bien fait.
C'est étonnant de constater à quel point un poème peut entrainer des réflexions 29...30 et peut-être plus!
Merci à vous passante, c'est un bien joli nom d'emprunt.
Les mots se mettent sur leur 31 avec les images et vice-versa sans doute, indissociables correspondances.