Il y a trente ans je tenais un cahier d’écriture automatique. Je jetais des mots sur le papier, jour après jour, sans rature, sans les choisir, sans temps mort, sans jamais me relire. Je l’ouvre aujourd’hui pour la première fois.  Je retranscris ici une page, sans rien changer, pas même les fautes d’orthographe, les répétitions, les maladresses. Je ne touche pas à la ponctuation, je ne supprime ni n’ajoute quoi que ce soit. Après avoir ouvert le cahier au hasard je reproduis les premières pages, de gauche et de droite,  qui se présentent.

Écriture automatique

« dessinée. Le papillon resiste et la fleur se repend. Le désir renait pour la seconde approche. L’échange se fait curieux puisqu’il se détruit au fur et à mesure que sa musique avance.  La nature proteste de ce spectacle d’où elle est absente. Car elle est vivante la nature, la terre ce sol humide, froid, confortable peut en témoigner, protester de tous ses cris, refuser de se prêter au jeu du sol, au vol du feu, au fol du veu, à toute sorte de corolle et de faux-jeu (tons). La terre cette nourricière méconnue n’aura de récompense que par sa marche accomplie vers l’homme lorsque celui-ci dans la destinée incertaine de l’amour enfin inventé décrétera que son cœur n’est plus le siège que de l’intention sanguine, son cerveau le lieu de passage d’une abstraction révolutionnaire, son ventre l’abri des déchets les plus matériels. Et qu’il n’existe nulle part si ce n’est dans son nom.


Resoudre le problème de la langue c’est crucifier des papilles et des mots, des noms, des adverbes et des jets de salive. Ravaler des passion et des intention digestibles. Ouvrir la bouche et mordre le néant. Digérer l’inconnu mais vomir la syntaxe. Saler les phrases, sucrer les bonheurs imparfaits donner à l’hystérie des droits sur la nouvelle cuisine grammaticale. Je ne prétends pas faire du délire verbal une autoroute pour le bonheur des oiseaux et des chants. Donner à mes vertèbres des illusions de bonheur verbal. Douleur inconcevable du néant illimité, limitrophe, amer pouvoir de l’écartement des cuisses du temps. L’amour obscène de l’espace sans desir et sans loi. La divination précoce de l’incongru cerebral. L’attention flottante d’un verdict repassé au fer du temps sur la jeannette des plaisirs »

[Vous pouvez confier
vos textes automatiques
au Garde-mots
si ça vous (en)chante.]