Jean-Jacques et Thérèse

*En 1745 Jean-Jacques Rousseau s'installe à Paris et se met en ménage avec une lingère illettrée, de neuf ans sa cadette, Thérèse Levasseur. Elle travaille à l'hôtel meublé Saint-Quentin, où il réside, et subvient aux besoins de sa nombreuse famille : « La première fois que je vis paraître cette fille à table, je fus frappé de son maintien modeste, et plus encore de son regard vif et doux, qui pour moi n’eut jamais son semblable. (…) Elle crut voir en moi un honnête homme ; elle ne se trompa pas. Je crus voir en elle une fille sensible, simple et sans coquetterie ; je ne me trompai pas non plus. Je lui déclarai d’avance que je ne l’abandonnerais ni ne l’épouserais jamais. (Les Confessions, livre VII).

Ils auront cinq enfants, tous abandonnés à l’hôpital des Enfants-Trouvés, au grand dam de Thérèse, mais avec la complicité de la belle-mère. Les adversaires de Rousseau, auteur de Émile ou de l’éducation, le lui reprocheront amèrement. Il ne l’a certes jamais abandonnée mais ne s’est pas privé d’avoir des aventures. Il l’épousera, malgré tout, symboliquement le 30 août 1768 en se contentant de lui jurer fidélité devant le maire de Bourgoin (Isère). Ils resteront ensemble jusqu’à la mort de Jean-Jacques en 1778. Thérèse, devenue héritière de ses écrits, vivra jusqu’en 1801.

NB. Ceci est le huitième d'une série de 16 billets à paraître dans Le Garde-mots en cette année du tricentenaire de la naissance de Jean-Jacques Rousseau (1712-1778). Déjà parus : Hétérobiographie, Balustre, Charmette, Sub dio, Larcin, Notation, Primer. Noter également que la Selyre (Société des écrivains et du livre lyonnais et rhônalpins) organise une sortie littéraire aux Charmettes et à Annecy le samedi 29 septembre 2012. Renseignements et bulletin d'inscription ici.