Les épidémies étaient dues à un champignon, Claviceps purpurea, qui se développe, pendant les années pluvieuses, sur les fleurs de seigle et autres céréales. Il forme des filaments qui s’agglomèrent en un tissu dense recouvert d’une écorce violacée visible à l'œil nu. L’ensemble a une forme allongée et recourbée comme l’ergot du coq, d'où le nom vernaculaire d'ergot de seigle. L'affection se produisait quand les gens consommaient du pain "ergoté", c'est-à-dire non débarrassé du parasite.
On sait actuellement que le produit contracte les fibres musculaires, en particulier celles des artères, ce qui explique aussi bien sa toxicité que ses possibilités thérapeutiques. Les sages-femmes l'utilisaient à faible dose pour accélérer les accouchements et arrêter les pertes de sang. Elles l’employèrent d’abord secrètement, puis finirent par révéler son existence aux médecins à la fin du XVIIIe siècle.
De nos jours la farine est très contrôlée et il n'y a pas lieu de craindre le retour d’une telle épidémie. On a parlé pour la dernière fois en France de l'ergot de seigle en août 1951. A l'époque un boulanger de Pont-Saint-Esprit (Gard) fut accusé d'avoir empoisonné 250 personnes et provoqué 6 décès. Les journaux affirmaient qu'il s'agissait d'un retour de l'ergotisme. Les médecins finirent par comprendre qu'un composé mercuriel avait été utilisé pour désinfecter les grains de blé.