Le Garde-mots

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

lundi 7 septembre 2009

Sim

Un grand amuseur public et comédien, Simon Berryer, dit Sim, a rejoint dimanche un autre firmament.

Je dînai dans un petit restaurant, habituellement très fréquenté, mais où ce soir d'octobre 2004, quatre ou cinq tables seulement étaient occupées. À l'une d'entre elles Sim, avec deux ou trois autres personnes. Que faites-vous dans ces cas là ? Rien. Vous n'allez tout de même pas déranger quelqu'un sous prétexte qu'il est drôle, très connu et que vous l'avez reconnu ? Enfin, personne ne l'a fait... jusqu'à ce que Sim se lève pour quitter les lieux. C'est à ce moment précis qu'un beauf', il n'y a pas d'autre mot, se lève avec précipitation et lui serre la main en débitant une interminable série de phrases creuses. Comme il y a peu de clients, il n'y a pas besoin de tendre l'oreille. La scène se passe à haute voix et tout le monde peut en profiter : « Monsieur Sim, je suis heureux de vous rencontrer...  Je vous admire... Je... bla... bla... », et ainsi de suite pendant deux minutes et plus. Voici la fin de la conversation. Bien entendu, je n'invente rien.

- Sim. Monsieur, puis-je vous demander une faveur ?
- Beauf. Mais oui...
- Sim. Auriez-vous l'amabilité de me rendre ma main ?

L'autre est bien obligé de s'exécuter. Il n'en abandonne pas, pour autant sa proie.

- Beauf. Et qu'est-ce que vous vous faites à Lyon ?
- Sim. Je tourne un épisode de Louis la Brocante [1]...
- Beauf. Ah bon ? Je croyais que vous étiez à la retraite.
- Sim. Oui, mais je suis un intermittent de la retraite...

Sim quitte le restaurant dans l'hilarité générale d'au moins douze personnes. Sans doute la plus petite audience qu'il ait jamais eue. Mais heureuse d'avoir assisté à un sketch  improvisé avec talent.
-
[1] Cet épisode a été rediffusé dimanche soir par France 3.

vendredi 25 janvier 2008

Michel Le Royer

Il est, dans la vie, des rencontres qui comptent plus que d'autres. Après Léopold Sédar Senghor, Mstislav Rostropovitch, Michel Serres, je vous raconterai sans doute un jour Pierre Mendès-France, Federico Fellini, Andrée Chédid, Jean Rousselot, Sim et quelques autres. Aujourd'hui je vous parle de Michel Le Royer. Mais si, vous savez, Le Chevalier de Maison-Rouge. Il donnait lundi dernier une conférence au Groupe Paris-Lyon dans le prestigieux décor Art nouveau de l'Hôtel Château Perrache. Qui mieux que lui, élève de Madame Dussane, camarade de promotion de Jean-Paul Belmondo, Jean-Pierre Marielle, Jean Rochefort, Bruno Cremer, Claude Rich et quelques autres, serait capable de décrire avec autant de fougue et de jeunesse l'art du théâtre ? "Mon âge commence par septante, dit-il modestement, comme pour apaiser la brûlure du mot "soixante-dix". Comédien-serviteur-amoureux de son métier - impossible de se contenter d'un mot  simple, d'un qualificatif passe-partout pour résumer cet homme de passion - le voilà qui emploie des gros mots : diction, jeu, écoute... Car il a la fausse naïveté de croire à la survie de certaines valeurs culturelles. Ce jeune homme prend de l'âge en rêvant de toujours. il pourfend sans regret ceux qui nient la théatralité du théâtre. "Le théâtre, dit-il transcende la vie." Pas question de faire semblant d'oublier que le poulet est en carton-pâte et que le spectateur participe à la représentation au même titre que le comédien. Prenez ce qu'il dit au premier degré : quand il vous parle - que ce soit en public ou en privé - il ne joue pas. Ne cherchez pas le truc derrière ses mots, l'usage construit des sentiments pour éviter le faux pas d'être comme les autres. "L'acteur, dit-il encore, est le magicien de l'expérience collective." Michel Le Royer est à la fois subtil et entier. Existe-t-il, dans la vie ou au théâtre, plus belle intention ?


*    *

45 ans entre ces deux images
et toujours la même fougue...

Lire la suite...

vendredi 29 décembre 2006

Virelangue

Répétition rapide et aussi longtemps que possible d'une suite de mots présentant une difficulté de prononciation et/ou de compréhension. A un moment donné la phrase se déforme. Elle devient soudain amusante ou inintelligible, ou encore finit par véhiculer un mot cru. Il s'agit le plus souvent d'un jeu, comme par exemple  les virelangues classiques de notre enfance :

Les chaussettes de l'archiduchesse sont elles sèches, archisèches ?

Panier-piano.

Le virelangue peut également être utilisé par les comédiens pour leurs exercices de diction, un peu comme les gammes du musicien :

- Dis-moi, petit pot de beurre, quand te dépetipodebeurreriseras-tu ?
- Gros pot rond de beurre, je me dépetipodebeurreriserai quand tous les petits pots de beurre se dépetipodebeurreriseront et auront dégrospotsronddebeurreriser tous les gros pots ronds de beurre.

Ou encore, en remerciant Mnésique pour cette illustration sonore :



Ceux d'entre vous qui savent lire voudront peut-être lire le texte, afin de mieux s'imprégner de cette phrase définitive :

"Kiki était cocotte, et koko concasseur de cacao. Kiki la cocotte aimait beaucoup Koko le concasseur de cacao. Or un marquis caracolant, caduc et cacochyme, conquit par les coquins quinquets de Kiki la cocotte, offrit à Kiki la cocotte un coquet caraco kaki à col de caracul. Quand Koko le concasseur de cacao s’aperçut que Kiki la cocotte avait reçu du marquis caracolant, caduc et cacochyme un coquet caraco kaki à col de caracul, Koko le concasseur de cacao conclut : je clos mon caquet, je suis cocu !"

De nombreux exemples figurent ici.  Synonyme : trompe-oreilles. Étymologie : traduction presque littérale de l’expression anglaise tongue twister, qui fait tordre la langue.

Lire la suite...

jeudi 23 juin 2005

Fiasco


Échec total et notoire.


*Fiasque
Le terme, qui appartient à l'argot des comédiens italiens, a été importé par Stendhal. L'origine de l'expression toscane dont il est tiré, "far fiasco", est obscure. Selon la théorie la plus plaisante le responsable d'un échec doit payer aux autres une bouteille ovale au col allongé, recouverte d’une clisse d’osier, autrement dit une "fiasque".

Lire la suite...