J’ai assisté le 19 juillet 2008 à un mariage
un peu particulier. Il y avait de la bonne humeur, des invités sympa, des
parents souriants, un cocktail dans un très beau parc, un château, des
musiciens jazzy et des mariés heureux. Jusque là, rien que du courant,
en tout cas du prévisible.
Tout a commencé par une cérémonie religieuse dans un cellier en pierres dorées
du Beaujolais, sur les lieux mêmes de la réception. Les mariés, David et Lina,
formaient un couple comme les autres, avec toutefois une particularité. Issus
de cultures différentes, ils avaient demandé au
père Christian Delorme,
curé bien connu pour ses positions originales et tranchées, chargé au diocèse
de Lyon des relations avec les musulmans, de les aider à consacrer leur union.
La Bible, le Coran et un Arbre de vie, posés sur une simple planche de bois,
symbolisaient la Table de cérémonie.
Chaque instant fut un moment fort. C’est ainsi que les quelque 150 à 200
invités purent entendre un conte africain, un texte de mère Teresa sur l’Amour,
un extrait du Coran (la sourate
An-Nûr, autrement dit les
Versets
de la Lumière). Ces versets ont d’abord été lus en arabe puis le P.
Delorme en a donné une traduction française. Il y avait aussi un conte soufi,
un extrait de l’Évangile de Matthieu sur Jésus et le mariage, la célébration de
l’Arbre de Vie, de la musique anglo-saxonne, bref un cérémonial inédit,
composite et joyeusement sérieux. Jusque là, ça sonne un peu différent mais,
après tout, le XXIe siècle est déjà bien entamé. Le curé a béni les
alliances, puis David et Lina ont allumé ensemble une bougie, suivant en cela
la tradition juive. Le Père Delorme en profita pour leur rappeler que, selon
les religions juive et musulmane, "se marier c’est déjà accomplir la moitié de
la religion". ll ajouta, avec un rien de malice : "Que ça ne vous empêche pas
de faire vôtre la deuxième moitié !"
Nous sommes pour l’entente des êtres et des peuples, n’est-ce pas ? Notre
sensibilité ne se contente plus de l’étroite répétition des traditions
ancestrales ? Nous avons un regard attendri sur le monde actuel ? Eh bien,
vous croyez avoir tout vu, tout lu, tout entendu ? Le plus surprenant,
c’est pour maintenant. La cérémonie se termina par un texte de Voltaire.
Imaginez : un curé lisant religieusement du Voltaire... Pas n’importe quel
curé, je vous l’accorde, mais pas n’importe quel texte de Voltaire non plus :
une prière.