Le Garde-mots

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vendredi 3 septembre 2010

Personnification

Fait d'attribuer des propriétés humaines à un objet. Exemple : Le téléphone pleure. Étymologie : du mot français personne. Synonyme : subjectification (Bernard Dupriez).

Mots voisins : allégorie (personnification dans laquelle une réalité abstraite et universelle – l’amour, la mort, etc.  - est représentée, sur le mode narratif, comme un être vivant), allusion (figure par laquelle on évoque une personne ou un fait sans en parler expressément), anthropomorphisme (tendance à attribuer aux animaux ou aux choses des sentiments humains), comparaison, emblème (figure symbolique, parfois accompagnée d'une devise), évocation, fable, hypotypose (figure de style consistant à décrire une scène de manière si frappante, qu'on croit la vivre), incarnation, métaphore, mythe, parabole (court récit allégorique, symbolique, de caractère familier, sous lequel se cache un enseignement moral ou religieux), prosopopée (figure qui consiste, dans un discours, à faire parler et agir un être inanimé, un animal, une personne absente ou morte).

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vendredi 14 mai 2010

Quiquengrogne

Littéralement : « Qui qu'en grogne ! » Expression médiévale par laquelle on répondait à des protestations. De nombreux ouvrages fortifiés du Moyen Âge portent ce nom, comme par exemple la tour Qui Qu'en Grogne, vestige du château des Ducs de Bourbon, à Bourbon-l'Archambault (Allier), qui en comportait vingt-quatre. Quand le duc Louis 1er fit bâtir le château les bourgeois se plaignirent du fait que la tour allait dominer la ville et se soulevèrent. Mais le duc posta des hommes d’armes autour des fondations et fit continuer les travaux en déclarant : « On la bâtira, qui qu’en grogne ! »

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lundi 4 janvier 2010

La Demeure du Chaos

L’art dérange, sinon il ne mériterait pas son nom. Bach dérange avec sa musique si bien mesurée ; Mozart dérange par la justesse de ses notes ; Rimbaud hurle à nos oreilles ; Picasso dérange en empruntant, tel un dieu, le chemin de la création ; Dalí dérange car son trait est classique ;  l'hyperréalisme déréalise ; l'abstraction dérange car elle interpelle notre inconscient.  L’art nous interdit de vivre dans le consensus.

La Demeure du Chaos, située à Saint-Romain-au-Mont-d'Or, près de Lyon, est un musée dont on ne sort pas indemne. Il accueille (gratuitement) un millier de visiteurs chaque fin de semaine (il n'est ouvert que le samedi et le dimanche). Depuis sa création le 9 décembre 1999 - deux ans avant l’attentat du 11 septembre… - la Mairie de ce village bien tranquille exige par tous les moyens sa disparition, ce qui, d’ailleurs, contribue grandement à sa notoriété. Autrement dit son initiateur, Thierry Ehrmann, fondateur du site Artprice, numéro un mondial de l'information sur le marché de l'art, est sommé de détruire sa destruction. Car ce dont il est question ici c’est d’ériger en œuvre d’art la démolition progressive de cet ancien relais de poste établi sur les ruines d’un temple protestant [1].

Bienvenue dans la machine à déconstruire

S’agit-il vraiment d’une démarche artistique ? Il est certain que l’on n’entre pas dans une maison comme les autres, mais dans un décor de 12 000 m², qui se présente comme une métaphore de l’Apocalypse. Plus de 3000 œuvres, dans cet enfer noir et rouge à ciel ouvert, réalisées par une quarantaine d’artistes parmi lesquels le plus connu du grand public est Ben. Au hasard du circuit chaotique on découvre les ruines du World Trade Center, une carcasse d'hélicoptère, des voitures calcinées, les portraits de Ben Laden, du Dalaï-Lama, de l’insupportable Mahmoud Ahmadinejad, des vestiges de météorite, des murs éventrés, des signes et aphorismes alchimiques (« Le maître est là et il t’attend. »), le nombre 999 (qui naturellement peut se retourner en 666, le nombre de la bête). Sans compter divers slogans qui ne laissent pas indifférent : « Je suis l'homme que vous aimerez détester et que vous détesterez aimer. », « lI n'y a pas de plan B pour la planète ! », « Avec la Demeure du Chaos, la fête des voisins c'est 365 jours par an ! ») On se croirait dans le premier film de Luc Besson, Le dernier Combat. Il ne manque qu’une bombe atomique en ordre de marche pour que le réalisme soit parfait.

La Terre est bleue comme une orange pourrie

Pourquoi serions-nous choqués ? La démarche primordiale, essentielle, on peut même dire vitale de Thierry Ehrmann est de contester ce que nous faisons de notre planète. L’état de désolation dans lequel il met sa maison n’est autre que la métaphore en quatre dimensions de ce qui se passe dans la réalité du monde. Quand il nous donne à voir un bateau ivre en partance pour la mer d’Aral, alors qu’on sait que celle-ci se dessèche, il émet une protestation sur laquelle nous n’avons aucun droit moral, et surtout pas celui de protester. Double contrainte que connaissent tous les opprimés : je suis victime et je dois me taire. Cette noblesse de la cause perdue appliquée à six milliards d’individus et une maison est complètement insupportable. Thierry Ehrmann nous montre la confusion universelle mais aussi celle qui règne dans notre esprit. À partir de là il y a ceux qui acceptent d'être dérangés et les autres, tout aussi nécessaires, d'ailleurs, à la réussite du projet. Que serait cette maison éventrée si le maire de la localité restait passif ? Elle resterait ce qu'elle est, c'est-à-dire une œuvre d'art décalée dans une banlieue chic. Elle confirme ainsi son statut de manifeste artistique.

Plus loin, plus fort

Les idées ne manquent pas pour aller plus loin. Thierry Ehrmann doit refuser l’accès de ses gravats à toute personne vaccinée contre le tétanos, prévendre des billets pour la fin du monde, fonder la Bourse du Chaos et l'attribuer à des jeunes artistes sans avenir, créer un club très sélect où les chefs d’État et les gamins perdus des banlieues pourraient se rencontrer, autrement que par flics interposés, faire tourner les tables d’écoute, inviter des artistes de renom à venir en personne détruire leurs œuvres devant la presse, racheter le musée du Louvre et l’envoyer pièce par pièce sur la planète Mars afin de préparer le XXIIe siècle, militer en faveur d’une note supplémentaire dans la gamme, nommer Ben Laden gardien de ce champ de ruines, poser sa candidature à l’Académie des Beaux-Arts de Saint-Romain-au-Mont-d'Or. Bien que l’avenir n’existe plus il devrait également opérer une diversification horizontale de ses affaires. On peut lui suggérer de construire une usine d’incinération des ordures économiques, une usine de diables, créer un site d’évaluation du marché des cimetières, être le mécène des artistes poseurs de bombe, créer une association de visiteurs de prison de l’esprit, donner des cours de malédiction.

Il faut aussi lui faire promettre de détruire son musée au cas où, un jour, la planète fonctionnerait correctement.
-
[1] Je n'entrerai ici ni dans la polémique judiciaire en cours, ni dans le problème de voisinage que pose la Demeure du Chaos.

Mur peint

Hélicoptère

Ordre de destruction

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lundi 26 février 2007

Écholalie

Répétition automatique des derniers mots de l'interlocuteur. Il peut s’agir d’un mode infantile d’apprentissage, d’une maladie psychiatrique ou d’un procédé littéraire. Du grec êkhô, bruit répercuté et lalia, bavardage, babil.

Assez proches, les vers en écho, comme cette ballade de Victor Hugo (1828) :

                  La chasse du Burgrave

            «Daigne protéger notre chasse,
                         Châsse
            De monseigneur saint-Godefroi,
                         Roi !
 
            Si tu fais ce que je désire,
                         Sire,
            Nous t'édifierons un tombeau,
                         Beau ;
 
            Puis je te donne un cor d'ivoire,
                         Voire
            Un dais neuf à pans de velours,
                         Lourds,
 
            Avec dix chandelles de cire,
                         Sire !
            Donc, te prions à deux genoux,
                         Nous,
 
            Nous qui, né de bons gentilshommes,
                         Sommes
            Le seigneur burgrave Alexis
                         Six.»
 
            Voilà ce que dit le burgrave,
                         Grave,
            Au tombeau de saint-Godefroi,
                         Froid.
 
            «Mon page, emplis mon escarcelle,
                         Selle
            Mon cheval de Calatrava ;
                         Va !
 
            Piqueur, va convier le comte.
                         Conte
            Que ma meute aboie en mes cours.
                         Cours !
 
            Archers, mes compagnons de fêtes,
                         Faites
            Votre épieu lisse et vos cornets
                         Nets.
 
            Nous ferons ce soir une chère
                         Chère ;
            Vous n'y recevrez, maître-queux,
                         Qu'eux.
 
            En chasse, amis ! je vous invite.
                         Vite !
            En chasse ! allons courre les cerfs,
                         Serfs !»
 
            Il part, et madame Isabelle,
                         Belle,
            Dit gaiement du haut des remparts :
                         «Pars !»
 
            Tous les chasseurs sont dans la plaine,
                         Pleine
            D'ardents seigneurs, de sénéchaux
                         Chauds.
 
            Ce ne sont que baillis et prêtres,
                         Reîtres
            Qui savent traquer à pas lourds
                         L'ours,
 
            Dames en brillants équipages,
                         Pages,
            Fauconniers, clercs, et peu bénins
                         Nains.
 
            En chasse ! – Le maître en personne
                         Sonne.
            Fuyez ! voici les paladins,
                         Daims.
 
            Il n'est pour vous comte d'empire
                         Pire
            Que le vieux burgrave Alexis
                         Six !
 
            Fuyez ! – Mais un cerf dans l'espace
                         Passe,
            Et disparaît comme l'éclair,
                         Clair !
 
            «Taïaut les chiens, taïaut les hommes !
                         Sommes
            D'argent et d'or paieront sa chair
                         Cher !
 
            Mon château pour ce cerf ! – Marraine,
                         Reine
            Des beaux sylphes et des follets
                         Laids !
 
            Donne-moi son bois pour trophée,
                         Fée !
            Mère du brave, et du chasseur
                         Sœur !
 
            Tout ce qu'un prêtre à sa madone
                         Donne,
            Moi, je te le promets ici,
                         Si
 
            Notre main, ta serve et sujette,
                         Jette
            Ce beau cerf qui s'enfuit là-bas
                         Bas !»
 
            Du Chasseur Noir craignant l’injure,
                         Jure
            Le vieux burgrave haletant,
                         Tant
 
            Que déjà sa meute qui jappe
                         Happe,
            Et fête le pauvre animal
                         Mal.
 
            Il fuit. La bande malévole
                         Vole
            Sur sa trace, et par le plus court
                         Court.
 
            Adieu clos, plaines diaprées,
                         Prées,
            Vergers fleuris, jardins sablés,
                         Blés !
 
            Le cerf, s'échappant de plus belle,
                         Bêle ;
            Un bois à sa course est ouvert,
                         Vert.
 
            Il entend venir sur ses traces
                         Races
            De chiens dont vous seriez jaloux,
                         Loups ;
 
            Piqueurs, ardentes haquenées,
                         Nées
            De ces étalons aux longs crins
                         Craints,
 
            Leurs flancs, que de blancs harnois ceignent,
                         Saignent
            Des coups fréquents des éperons
                         Prompts.
 
            Le cerf, que le son de la trompe
                         Trompe,
            Se jette dans les bois épais...
                         Paix !
 
            Hélas, en vain !... la meute cherche,
                         Cherche,
            Et là tu retentis encor,
                         Cor !
 
            Où fuir ? dans le lac ! Il s'y plonge,
                         Longe
            Le bord où maint buisson rampant
                         Pend.
 
            Ah ! dans les eaux du lac agreste
                         Reste !
            Hélas ! pauvre cerf aux abois,
                         Bois !
 
            Contre toi la fanfare ameute
                         Meute,
            Et veneurs sonnant du hautbois...
                         Bois !
 
            Les archers sournois qui t'attendent
                         Tendent
            Leurs arcs dans l'épaisseur du bois !...
                         Bois !
 
            Ils sont avides de carnage ;
                         Nage !
            C'est ton seul espoir désormais.
                         Mais
 
            L'essaim, que sa chair palpitante
                         Tente,
            Après lui dans le lac profond
                         Fond.
 
            Il sort ! Plus d'espoir qui te leurre !
                         L'heure
            Vient où pour toi tout est fini.
                         Ni
 
            Tes pieds vifs, ni Saint Marc de Leyde,
                         L'aide
            Du cerf qu'un chien, à demi mort,
                         Mord,
 
            Ne te sauveront des morsures
                         Sûres
            Des limiers ardents de courroux,
                         Roux.
 
            Vois ces chiens qu'un serf bas et lâche
                         Lâche,
            Vois les épieux à férir prêts,
                         Près !
 
            Meurs donc ! la fanfare méchante
                         Chante
            Ta chute au milieu des clameurs.
                         Meurs !
 
            Et ce soir, sur les délectables
                         Tables,
            Tu feras un excellent mets ;
                         Mais
 
            On t'a vengé. – Fille d'Autriche
                         Triche
            Quand l'hymen lui donne un barbon
                         Bon.
 
            Or, sans son hôte le bon comte
                         Compte.
            Il revient, quoique fatigué,
                         Gai.
 
            Et, tandis que ton sang ruisselle,
                         Celle
            Qu'épousa le comte Alexis
                         Six,
 
           Sur le front ridé du burgrave
                         Grave,
            Pauvre cerf, des rameaux aussi ;
                         Si
 
            Qu'au burg vous rentrez à la brune,
                         Brune,
            Après un jour si hasardeux,
                         Deux !

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vendredi 22 décembre 2006

Jéhovah

Lorsque avec ses enfants vêtus de peaux de bêtes,
Échevelé, livide au milieu des tempêtes,
Caïn se fut enfui de devant Jéhovah,
Comme le soir tombait, l'homme sombre arriva
Au bas d'une montagne en une grande plaine …

        Victor Hugo, La conscience.

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vendredi 24 juin 2005

Mascaret

Mascaret

Vague déferlante produite, dans certains estuaires, par la rencontre du courant du fleuve et du flot montant de la mer. Les travaux d'endiguement entrepris depuis les années 60 ont fait disparaître le mascaret un peu partout en France, sauf sur la Garonne. Synonyme: barre.

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