Le Garde-mots

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Tag - Surréalisme

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vendredi 29 octobre 2010

Golconde (suite)

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René Magritte. Golconde. 1953.
The Menil Collection, Houston, Texas.

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dimanche 19 septembre 2010

Écriture automatique

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Procédé qui consiste à écrire au fil de la voix intérieure, sans contrôle de l’esprit, encore moins de la pensée. Cet abandon aux mystères de l’inspiration, au cours duquel les mots  se présentent d’eux-mêmes, produit des textes poétiques et très souvent surprenants.  Il s’agit de laisser courir sa plume, au fil de l'improbable,  sans s'arrêter, pour mieux se réjouir ensuite du résultat. Le style, authentique et qui a sa propre cohérence, n’est pas maîtrisé. Le hasard, l’inconscient, l’inspiration sont ses maîtres.

Le premier ouvrage écrit selon cette méthode, Les Champs magnétiques, d’André Breton (1896-1966) et Philippe Soupault (1897-1990), publié en 1919, fut le point de départ du mouvement surréaliste. On y lit par exemple : « On parle et vous n'entendez plus. Est-ce que vous n'auriez pas compris ce que nous disions. Regardez nos mains, elles sont pleines de sang. Approchez-vous de cette femme et demandez-lui si la lueur de ses yeux est à vendre. — Ma tête commence à être difficile à prendre à cause des épines. Venez, mon cher ami, du côté du marché aux poissons. J'ai vu dans l'œil d'une dorade une petite roue qui tournait comme dans le boîtier d'une montre. »

Dans le premier Manifeste du surréalisme (1924), André Breton présente ainsi l'écriture automatique :
« Faites-vous apporter de quoi écrire, après vous être établi en un lieu aussi favorable que possible à la concentration de votre esprit sur lui-même. Placez-vous dans l'état le plus passif, ou réceptif, que vous pourrez. Faites abstraction de votre génie, de vos talents et de ceux de tous les autres. Dites-vous bien que la littérature est un des plus tristes chemins qui mènent à tout. Écrivez vite sans sujet préconçu, assez vite pour ne pas retenir et ne pas être tenté de vous relire. La première phrase viendra toute seule, tant il est vrai qu'à chaque seconde il est une phrase étrangère à notre pensée consciente qui ne demande qu'à s'extérioriser. Il est assez difficile de se prononcer sur le cas de la phrase suivante ; elle participe sans doute à la fois de notre activité consciente et de l'autre, si l'on admet que le fait d'avoir écrit la première entraîne un minimum de perception. Peu doit vous importer, d'ailleurs ; c'est en cela que réside, pour la plus grande part, l'intérêt du jeu surréaliste. Toujours est-il que la ponctuation s'oppose sans doute à la continuité absolue de la coulée qui nous occupe, bien qu'elle paraisse aussi nécessaire que la distribution des nœuds sur une corde vivante. Continuez autant qu'il vous plaira. Fiez-vous au caractère inépuisable du murmure. Si le silence menace de s'établir pour peu que vous ayez commis une faute : une faute, peut-on dire, d'inattention, rompez sans hésiter avec une ligne claire. A la suite du mot dont l'origine vous semble suspecte, posez une lettre quelconque, la lettre l, et ramenez l'arbitraire en imposant cette lettre pour initiale au mot qui suivra. »

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vendredi 20 novembre 2009

La photo improbable

Entre Dandylan et Robert Doisneau il y a bien une petite place pour un débutant ? Je suis toujours prêt à photographier. À regarder, certes, mais aussi à voir et, bien sûr, à déclencher. Si je fais un jour un blog photo, je l'appellerai Le Garde-pas car la déambulation au hasard des rues et des champs est le meilleur moyen de se laisser surprendre par une image.

Vendredi 14. Je me promène rue Marcadet, dans le 18e arrondissement de Paris. Je ne me contente pas de marcher, je réfléchis, il n'y a rien de tel pour aérer le cerveau. Je pense à la photo que je ne prendrai jamais... Celle qui n’a aucune chance de venir se perdre sur mon capteur. Pourtant, elle serait belle « comme la rencontre d’un parapluie et d’une machine à coudre sur une table de dissection ».

Le surréalisme, qui fit de cette phrase de Lautréamont sa devise, n'est pas mort avec Breton et  Dalí. Notre imaginaire sans limite autorise, aujourd’hui encore, les clichés les plus inattendus. Pourquoi  pas la poignée de main du Petit Prince et de Gérard Depardieu ? Ou le Diable entrant dans un bureau de tabac pour demander des allumettes ? Pourquoi pas une paire de chaussures pendue à un fil entre deux maisons ?  Ça ne court pas les rues, je sais, mais c'est justement ce qui m'intéresse. Et, pour faire bonne mesure, au moment où je serais prêt à déclencher, un avion, traversant le ciel de Paris, s'inviterait dans la composition. Instant magique, bien au-delà du possible, métaphore de la vieille errance de l'humanité. On a bien le droit de rêver...

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lundi 27 novembre 2006

Journal d'un diariste constipé


Il vient de m'en arriver une belle. Jusqu'ici ma vieille aboulie m'empêchait d'écrire. Je n'avais pas besoin de connaître l'accord du participe passé en genre et en ombre, ni d'acheter du café Grammaire pour me tenir éveillé, ou encore de mettre un tampon sur les règles d'orthographe. Je n'avais aucun goût pour l'écriture écrivante, ce qui m'évitait de penser, et c'était bien.

Et puis un jour j'ai eu une altercation avec une coccinelle. Enfin, avec la conductrice d'une coccinelle. En préambule je dois dire que je ne sais pas conduire les métros, c'est pourquoi je me déplace en autobus. En fait, ce jour là, j'avais pris mon vélo car je venais de m'acheter un pantalon et je voulais le tester. Allait-il résister ? Allait-il craquer ? Bref je m'entraînais sur une aire de stationnement quand une rainette croisa mon chemin en faisant des bonds hystériques. Magnanime, je fis un écart pour lui laisser le temps de trouver un bocal ou une mare, ou la plus proche station météo. C'est ainsi que je me retrouvai face à une grosse dame en train de s'extraire comme elle le pouvait de sa voiture jaune vermillon. Mon guidon se coinça entre ses seins, ce qui, vous le reconnaîtrez, est un drôle d'endroit pour une oaristys. La dame m'injuria, me traita de mouche à roulettes, de coléoptère adelphe, de trublion pacifiste et autres oxymores bien senties. Elle finit par bafouiller de colère, s'exprimant de manière obscure, vaginale ou clitoridienne je ne sais trop, maniant le pataquès comme un personnage de film contemporain. Je ne répliquai pas car je n'avais pas de mots assez forts pour l'empêcher de me hurler dans les oreilles les accents de son plaisir et de ses injures.

Ce traumatisme réveilla en moi le besoin d'évacuer les matières à délire que je retenais depuis trop longtemps. Je courus m'installer devant une bière et un ordinateur dans un cybercafé, je demandais à mon voisin une leçon de piratage et, pour la première fois, je me mis à bloguer compulsivement. Depuis lors j'écris mes billets sur le blog des autres, répandant, sans éprouver la moindre difficulté à craquer leurs mots de passe, le flot incessant de mes envies poétiques dans les méandres de leur pensée et je signe "Le blogueur masqué". Mon succès ne se dément jamais. Les internautes vont de blog en blog à la recherche de mes incongruités. Quand ils me retrouvent ils me demandent si j'habite Internet ou le vaste monde en décomposition. Je leur réponds que j'habite les mots, et ils repartent, heureux, à la conquête de la planète des songes.  C'est ça la sérendipité.

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jeudi 7 avril 2005

Berne (pavillon en)


Expression utilisée traditionnellement dans la marine pour désigner un pavillon roulé sur lui-même ou hissé à mi-hauteur en signe de deuil ou de détresse. Elle peut également avoir une emploi métaphorique : "Ce n'est pas la crainte de la folie qui nous forcera à laisser en berne le drapeau de l'imagination" écrivait André Breton dans son premier ''Manifeste du surréalisme'' en 1924.