« L'on peut écrire des histoires avec des
chapitres, des lignes, des mots : c'est de la littérature proprement dite. L'on
peut écrire des histoires, avec des successions de scènes représentées
graphiquement : c'est de la littérature en estampes. »
C'est ainsi que
Rodolphe Töpffer
(1799-1846), dessinateur, caricaturiste et écrivain suisse, décrit en 1845
l'art qu'il a inventé et que nous nommons aujourd'hui
bande
dessinée. Il fut professeur de rhétorique, critique d'art,
journaliste, directeur de pensionnat, membre du parlement du canton de Genève.
Il est en outre l’auteur de romans, traités, récits de voyage et pièces de
théâtre.
En 1827 il rédige à l’intention de ses étudiants un album illustré, « Les
Amours de monsieur Vieux-Bois ». Gœthe, qui a l'occasion de le feuilleter
quelques années plus tard, est enthousiaste. L'ouvrage, publié en 1833,
rencontre un succès immédiat. De nombreuses autres
histoires en
estampes, selon l'expression de l'époque, vont suivre. Töpffer est
également le premier théoricien de la BD. Il écrit dans
Essai de
Physiognomonie (1845) : « Ce petit livre est d'une nature mixte. Il se
compose d'une série de dessins autographiés au trait. Chacun de ces dessins est
accompagné d'une ou deux lignes de texte. Les dessins, sans ce texte,
n'auraient qu'une signification obscure ; le texte, sans les dessins, ne
signifierait rien. Le tout ensemble forme une sorte de roman d'autant plus
original, qu'il ne ressemble pas mieux à un roman qu'à autre chose ».