Le Garde-mots

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Métamots

Mots des sciences humaines concernant le langage (linguistique, etc.).

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vendredi 15 juillet 2011

Adstrat

Langue géographiquement proche de la langue dont on parle, et qui l’influence. Exemple : l’italien peut, sous un certain angle, être considéré comme un adstrat du français dans la mesure où il a donné des mots comme « aquarelle » (de acquarella, lui-même dérivé de acqua, eau), « ballerine » (de ballerina, lui-même dérivé de ballare, danser), « fugue » (de fuga, de même sens), « pittoresque » (de pittoresco, lui-même dérivé de pittore, peintre). Du latin ad, indiquant la destination, et stratum, étendu.

lundi 11 juillet 2011

Topogramme

Arborescence qui  permet de mettre en forme des idées et de les associer à partir des liens sémantiques qu’elles entretiennent. Il a été formalisé par le psychologue anglais Tony Buzan qui propose ainsi une organisation non linéaire des activités cognitives. Du grec topos, lieu, et graphein, écrire.

À partir d’une idée centrale, on établit des mots-clés qu’on relie entre eux par des branches principales et secondaires. On peut ajouter des couleurs, des symboles, des dessins, des pictogrammes.

Par le biais des associations d’idées on peut ainsi apprendre plus facilement, mieux comprendre un sujet complexe, en acquérir rapidement une vue globale, trouver de nouvelles idées, les organiser avec souplesse, structurer les connaissances, les mémoriser.

Le topogramme favorise la concentration, la compréhension, la prise de décision, la gestion de projets, l’animation de groupes de travail. Son côté ludique est un « plus » intéressant.

Il facilite le fonctionnement des hémisphères gauche et droit du cerveau. Il relève du cerveau droit par sa présentation sous forme visuelle et l’utilisation de symboles (approche synthétique, globale) et du cerveau gauche quand il facilite la recherche de mots clés, l’organisation logique et l’élaboration de concepts (approche analytique).

Synonymes et mots voisins : arbre à idées, carte cognitive, carte conceptuelle, carte heuristique (qui sert à la découverte ; du grec heuriskein, trouver), carte des idées, carte mentale, carte sémantique, diagramme, organigramme (graphique représentant la structure hiérarchisée d'un groupe organisé), schéma conceptuel, schéma heuristique, schéma de pensée.

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vendredi 8 juillet 2011

Topo

Terme familier. Bref exposé, écrit ou oral, sur un sujet précis. Abréviation de topographie, description détaillée d’un lieu. Du grec topos, lieu.

Synonymes : abrégé, aperçu, avant-goût, croquis, esquisse, exposé, extrait, jus, laïus, note, projet, rapport, résumé, sommaire.

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lundi 20 juin 2011

Ana

Aux XVIIe et au XVIIIe siècles on accolait ce suffixe latin au nom propre de certains auteurs. Exemple : Voltairiana. Détaché et substantivé, le mot désigne le recueil des pensées d’un auteur. Il s’agit en outre d’un palindrome.

Synonymes et mots voisins : abrégé, aide-mémoire, analecte (morceaux choisis d'un auteur), anthologie, aperçu, chrestomathie (recueil de textes d'auteurs classiques), collection, compendium (résumé de l'ensemble d'une science, d'une doctrine), condensé, épitomé (abrégé d’un ouvrage historique ; du grec épitomê, lui-même de temnein, couper), extraits, florilège, manuel, mélanges, mémento, mémorandum (note destinée à rappeler quelque chose), morceaux choisis, pages choisiesprécis, recueil, résumé, sélection, sommaire, spicilège (recueil de documents), textes choisis.

lundi 13 juin 2011

Multianagramme

Après la multicontrepèterie, découverte par le gardien en 2006, voici la multianagramme  : une seule expression génère, après transposition, de nombreuses anagrammes. Voici 51 résultats obtenus avec l'expression « cristal de roche ». Avec ces 14 lettres on peut faire encore plus de séries de mots mais seules ont été retenues  les anagrammes cohérentes, celles qui ont un sens, en tout cas un début de signification.

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lundi 18 avril 2011

Actanciel

Schéma actanciel

Analyse qui permet, dans un texte littéraire (conte, roman, nouvelle, pièce de théâtre), d’étudier les rapports de force existant entre les « actants », c’est-à-dire les personnages qui font ou subissent l'action. Il s’agit d’un réseau systémique qui comporte six fonctions, invariables d’une œuvre à l’autre : le sujet, l’objet, l'opposant, l'adjuvant, le destinateur, le destinataire. On recherche, en partant d’un des personnages, si tous les éléments sont présents. Plusieurs fonctions peuvent être cumulées par un des personnages. Ce schéma a été créé par A. J. Greimas en 1966.

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vendredi 15 avril 2011

Francisme

Particularité du français parlé en France par opposition à d’autres usages de la langue dans les principaux pays francophones : Québec (québécisme), Belgique (belgicisme), Suisse (helvétisme).

Synonyme : hexagonisme. Mots voisins : gallicisme (tournure propre à la langue française mais qui n’est pas une exclusivité du territoire français), géolecte (dialecte propre à une zone géographique), particularisme (caractéristiques particulières d'une communauté linguistique),  topolecte (dialecte propre à un village).

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vendredi 19 novembre 2010

Cratylisme

Théorie selon laquelle les noms utilisés pour désigner les mots, en particulier sur le plan phonique, ont un lien direct avec leur signification, un peu comme dans le cas des onomatopées. La forme et le contenu  du mot sont en quelque sorte de même origine et de même nature.

En établissant un rapport entre le son et la signification le cratylisme attribue ainsi un caractère naturel, quasi religieux, à l’étymologie, suggère l’hypothèse d’une langue universelle, idéalise la juste façon de nommer les choses. On retrouve une idée voisine avec le mythe de la Tour de Babel (Dieu punit les hommes de leur prétention à construire une tour qui monterait jusqu'au ciel en les dispersant et en les faisant parler diverses langues au lieu de la langue unique qu'ils employaient jusque là). On pourrait presque remonter au premier verset de l'évangile de Jean « Au commencement était le verbe » puisque les mots sont censés mimer la réalité. Les auteurs de la Renaissance, Rabelais en tête, ont éprouvé un vif intérêt pour le cratylisme. De nos jours le poète suisse Ferenc Rákóczy en fait même l'acte fondateur de tout processus poétique.

Mots voisins : iconicité (ressemblance naturelle entre le signe et ce qu’il signifie), langage (système de signes vocaux et graphiques destiné à l'expression de la pensée et à la communication entre les hommes), langue (système de signes vocaux et graphiques permettant la communication entre les individus au sein d’une même communauté), parole (usage concret du langage articulé dans le but d'exprimer ses pensées et ses sentiments), sémantique (étude de la signification des unités d'une langue),  signe (unité linguistique constituée d'une partie physique, matérielle, le signifiant, et d'une partie abstraite, conceptuelle, le signifié), signifiant (part matérielle, sonore ou visuelle, du signe), signifié (part conceptuelle, sémantique du signe).

Le terme fait référence au dialogue de Platon, le Cratyle, dans lequel l’un des interlocuteurs de Socrate, Cratyle, défend la thèse d’une relation motivée entre les mots et les choses. Pour lui, les mots sont attribués aux choses de manière symbolique et figée par le « Législateur ». L’autre personnage, Hermogène, ne croit qu’à l’arbitraire des mots (comme le fera plus tard Ferdinand de Saussure), dont les noms sont établis par convention entre les hommes ; autrement dit il n’y a pas de lien entre un son et ce qu’il signifie.

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lundi 11 octobre 2010

Objeu

Mot-valise qui fait du poème un objet de jeu avec les mots. Il donne de l’objoie, surtout si l'on prend « Le parti-pris des choses », titre du premier livre (1942) de Francis Ponge (1899-1988), son créateur. Ce recueil est une série de proêmes (encore un mot de lui) qui tentent de serrer au plus près le quotidien. Quelques titres : La Crevette, Le papillon, Les escargots, L’huître, La bougie, L’orange, La pluie.  Ponge s'efforce de rester fidèle, autant qu’il est possible, à l’objet. Il s’agit, par un travail d’écriture précis et rigoureux, de tendre à ce que les mots deviennent matière verbale et peut-être la chose elle-même. Un exemple :

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dimanche 10 octobre 2010

Histoire de la ponctuation

La ponctuation est plus récente que l’écriture. Dans l’Antiquité on ne mettait pas d’espaces entre les mots mais des points (chez les Grecs et les Romains, l’emploi du verbe en fin de proposition permettait en outre de repérer les coupures de phrases). Aristophane de Byzance (257 – vers 180), conservateur de la bibliothèque d’Alexandrie, invente la ponctuation au IIe siècle av. J.-C., pour les écrits grecs, en utilisant un système à trois points : le point d’en haut  (ou « point parfait »), placé à l'extrémité supérieure de la dernière lettre d'un mot pour indiquer que le sens de la phrase est complet et qu’on peut aller à la ligne ; le point médian ou « point moyen » (à mi-hauteur) , équivalent de notre point-virgule ; et le point d’en bas ou « sous-point » (placé à l'extrémité inférieure d'un mot) qui correspond à notre point final. Ces points facilitaient la copie des manuscrits.

Saint-Jérôme (345-420), à l’occasion de la traduction de la Bible grecque en latin (la « Vulgate ») met en place un système de ponctuation relativement complexe, dans lequel il reprend les trois points d’Aristophane de Byzance en ajoutant une division des textes en colonnes.

Au Moyen Âge, Gasparino Barzizza, dit Gasparin de Bergame (1370-1431), rédige le premier traité de ponctuation, La Doctrina punctandi.

La ponctuation s’est surtout développée avec l’apparition de l’imprimerie (vers 1440). Goeffroy Tory (1480-1533), par exemple, invente l’apostrophe et le point crochu qu'Étienne Dolet (1509-1546) renomme « virgule » dans son ouvrage Traité de la ponctuation de la langue françoise plus des accents d’ycelle. La Renaissance est également l’époque où l’on invente les signes diacritiques (comme la cédille et les accents). Les signes de ponctuation tels que nous les connaissons sont des apports successifs liés à l’essor de l’imprimerie. Ils seront pleinement organisés à partir du XVIIIe siècle. Dans l’article Ponctuation  de L’Encyclopédie, Nicolas Beauzée défend avec force l’intérêt de la ponctuation. Il la règle sur les besoins de la respiration.

Au XIXe siècle un changement s'opère. On commence à rythmer la ponctuation sur les nécessités grammaticales. De même les auteurs, qui en laissaient le soin aux imprimeurs et l'ignoraient complètement, se l'approprient et même la revendiquent, avec à leur tête George Sand (1804-1876).

Au XXe siècle, Apollinaire (Alcools, 1913) supprime la ponctuation dans ses poèmes. Il a un précurseur Stéphane Mallarmé (1842-1898) qui ne ponctue pas son poème M’introduire dans ton histoire (1886). Mais surtout, signe de modernité, il sera imité par les générations qui le suivent.

Les signes anecdotiques

La ponctuation est actuellement stabilisée. On a bien cherché à inventer de nouveaux signes, mais ils n’ont eu que des succès éphémères :

• le point exclarrogatif [‽] ou « interrobang »,  combine les fonctions de point d’interrogation et de point d’exclamation ;

• le point d’ironie [ironie2.png], point d'interrogation ouvert à droite, a été proposé par Alcanter de Brahm ;

• le point d’indignation [¡], a été créé et utilisé par Raymond Queneau dans son roman Le Chiendent ;

• la virgule d’exclamation [virgule surmontée d’un point d’interrogation], et suivie d’une lettre en bas de casse (ou « minuscule ») contrairement au point d’interrogation ;

• et bien d’autres.

Pour être complet voici l'avis d'un expert, professeur de philosophie diplômé. La qualité de la vidéo n'est pas très bonne mais la leçon est imparable.

N'oublions pas non plus l'usage détourné et contemporain que les internautes font de la ponctuation.

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