Le Garde-mots

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vendredi 4 juillet 2008

Le rai de lumière

Champ
Jacques Oudot. 2005.
Le rai de lumière.

La vérité n'a pas de limite - ni intérieure, ni extérieure, ni réelle. Elle n'a pas de territoire, sinon elle-même, pas de prétention, pas de hasard. Quelques pigments et la lumière devient signe.

[Pour une rétrospective des œuvres de Jacques Oudot
figurant sur le Garde-mots cliquez sur le tableau.]

vendredi 20 juin 2008

Plaidoyer pour les couleurs

A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles,
Je dirai quelque jour vos naissances latentes.
(Arthur Rimbaud, "Voyelles", 1870-1871)

*
Mario Ponta. Repas traditionnel marocain.
Cliquez sur l'image pour découvrir le très beau site photographique de Mario Ponta.


Les couleurs sont partout. Nous avons la capacité d'en distinguer des milliers, pourtant nous ne sommes pas toujours sensibles à leur présence. Elles sont notre quotidien mais également le reflet de nos désirs. Elles résident en nous, sur nous, autour de nous. Elles sont à nous de toutes les manières : dans l'immédiat du monde, au cœur de nos actions et dans nos rêves. Du petit chaperon rouge à l'oie blanche, en passant par le cordon bleu, les petits hommes verts, l'avocat marron, les blancs-becs, les petits-gris, le rire jaune, la colère noire, la lanterne rouge, nous mettons des couleurs jusque dans nos pensées. Nos rêves en sont parés mais nous n'arrivons pas à les admirer autrement que dans un musée, un aquarium, un jardin ou un parc zoologique. Nous regardons avec dépit, méfiance ou inquiétude les feux rouges, les cartons jaunes, un œil au beurre noir, un bleu sur la peau, une arme blanche, une chemise brune et, pour mieux les oublier, nous nous lançons à la poursuite des arcs-en-ciel et de la vie en rose. La plupart du temps, cela va sans dire, nous faisons chou blanc. Telle que nous la percevons la couleur résulte de l'action conjuguée de la lumière, d'un objet et d'un observateur. Aucune perception colorée n'est possible en l'absence de l'un de ces trois partenaires. Autrement dit, si nous ne sommes pas présents il n'y a pas de couleur. En fait, on ne nous l'a pas assez dit : les couleurs n'existent pas. C'est ce qui fait leur mystère et leur charme.

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jeudi 29 mai 2008

Autochrome

*

Plaque de verre recouverte de fécule de pomme de terre trichrome (teintée en rouge-orangé, bleu-violet et vert) et d'une émulsion noir et blanc composée de grains de bromure d’argent sensibles à la lumière. Cet ancêtre de la diapositive est le premier procédé de photographie en couleur, à verre unique, à positif direct (sans négatif), non reproductible. Il fut mis au point en 1903 par Louis Lumière et commercialisé en 1907. L'autochrome connut immédiatement et pendant les trente années qui suivirent un grand succès (jusqu’à 6000 plaques par jour en 1913). Il fut supplanté par le kodachrome (1935) et l'agfacolor (1936). Le temps de pose était assez long (une à plusieurs secondes). L'image était projetée à l'aide d'une lanterne ou regardée à l'œil nu par transparence.  Les tons pastels désaturés ne donnaient qu'un reflet impressionniste de la réalité, mais c’est justement ce qui nous émeut encore aujourd'hui.

Parmi les nombreuses références, il faut consulter Les Autochromes Lumière, Lyon 1903 (Scheibli Editions, 1997), de Nathalie Boulouch, maître de conférences en histoire de l'art contemporain, et spécialiste des autochromes depuis sa thèse sur le sujet. On peut également consulter  le livre de David Okuefuna Le monde en couleurs (Le Chêne, éditeur). On y retrouve le souvenir d’Albert Kahn (1860-1940) qui fut à la fois banquier, mécène, philanthrope et idéaliste. Sous le nom  Archives de la planète il organisa des campagnes de prises de vues qui lui permirent de réunir entre 1908 et 1932 une collection unique au monde de 72.000 autochromes, 4000 plaques stéréoscopiques et 161945 mètres de films. On peut également retrouver son œuvre au Musée Albert-Kahn de Boulogne-Billancourt.

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lundi 7 avril 2008

L'homme-lumière

C'est la nuit qu'il est beau de croire à la lumière
(Edmond Rostand, Chantecler).

Alain Guilhot allume les villes avec ses rêves. Si vous voyagez vous le connaissez, en tout cas vous avez déjà vu l'une ou l'autre de ses réalisations. Vous êtes-vous déjà demandé ce qui fait la beauté d'Agadir, Albertville, Alger, Avignon, Bahreïn, Bordeaux, Brive, Bruxelles, Cannes, Canton, Casablanca, Cergy-Pontoise, Charleville-Mézières, Chartres, Dijon, Dubaï, Hanovre, Hô Chi Minh Ville, Istanbul, Kuala Lumpur, Jumièges, La Havane, Le Puy-en-Velay, Les Baux de Provence, Lille, Lunéville, Lyon, Madrid, Marrakech, Marseille, Metz, Monaco, Moscou, Nantes, Nice, Pékin, Prague, Puebla, Québec, Rabat, Rio de Janeiro, Roanne, Rodez, Ronchamp, Saint-Étienne, Saint-Jean-de-Luz, Saint Pétersbourg, Saint-Paul-de-Vence, San José (Costa-Rica), Shanghai, Sofia, Tolède, Tunis ? Réponse : un long passé d'architecture et d'urbanisme, certes, mais aussi l'art d'Alain Guilhot qui les a toutes apprivoisées et nimbées de lumière. Il n'éclaire pas les villes, il les habille comme le fait un peintre sur un corps nu. Il donne aux bâtiments une vie intérieure, aux paysages urbains un supplément de beauté qui fait de nos yeux les voyageurs du sensible. Ce professionnel est avant tout un enchanteur, un scénographe, un allumé du paradigme lumineux. Depuis 30 ans, avec Architecture Lumière®, son concept, il envahit pacifiquement la planète.


Couverture livre
Il suffit, pour s'en convaincre, de prendre à bras le corps - car il pèse 2, 8 kg - le livre qu'Alain Guilhot vient de publier, Light is life (1). Voyez, page après page, ce délire de lumière, né à Lyon en même temps que le premier "Plan Lumière", et qui a conquis plus de 100 villes françaises et 37 pays dans le monde. Cette anthologie comporte 170 témoignages et 270 photos. Couleurs, contrastes, cadrages à profusion.

(1) Préfaces de Yann Arthus-Bertrand, Jean-Louis Borloo et de cinq personnalités du monde de la lumière. Les principales photographies sont de Jean-Marc Charles. Ouvrage tiré à 30000 exemplaires, dont 8000 en anglais. Éditeur : Les Chemins de Lumière. 70 €. Cliquez ici pour en savoir plus. Après avoir regardé la vidéo, cliquez sur les coins des pages pour voir une très belle série de photos. Auparavant, si vous ne l'avez pas, téléchargez Shockwave.

Shanghai

Shanghai
En incrustation : Alain Guilhot.

Kuala Lumpur

Kuala  Lumpur
Les tours Petronas

Lyon Manufacture

Lyon
La Manufacture des Tabacs, devenue l'Université Lyon 3,
la dernière réalisation (pour l'instant...).


Trois questions à Alain Guilhot…

AH. Qu'est-ce que la lumière ?
AG. Un faisceau enchanté qui permet de sortir du quotidien, de passer du réel au rêve et d'éclairer juste. La lumière réveille et révèle. Par elle et pour elle, osons sublimer le beau. 

AH. Tu as fondé un nouvel art, une œuvre qui a son idéal et qui l'atteint souvent...
AG. Quand j'ai commencé, je n'avais pas la prétention de penser que c'était un art. Pour moi, c'était un engagement, une passion, puisque je souhaitais déjà proposer une écriture du beau. Je savais que j'étais sur une voie nouvelle... Avec le temps, il est vrai, éclairage, illumination sont devenus des mots insuffisants. Apporter la lumière, mettre en lumière, le geste-lumière, je revendique ces métaphores. Après tout, si on considère les choses du côté du sensible, ça devient évident, c'est finalement un art connu et reconnu dans le monde.

AH. Quel nom donnes-tu à tes réalisations ?
AG. Je n'aime pas qu'on parle de lumière artificielle. La lumière, pour moi, c'est le soleil de la nuit. Jusqu'à maintenant j'ai éclairé 3000 sites dans le monde. 3000 enfants-lumière.

… et à Olivier Binst, directeur éditorial et artistique de l'ouvrage

AH. Pourquoi avoir édité le livre d'Alain Guilhot ?
OB. J'avais fait une précédente expérience avec un livre intitulé Lux, qui présentait les œuvres de quelques dizaines de metteurs en lumière, dont Alain Guilhot. Light is life a valeur de mémoire. C'est un livre-bilan à propos des 30 années d'Architecture Lumière.

AH. Pourquoi ce format un peu particulier ?
OB. C'est un format décalé, ni un vrai carré ni un vrai rectangle. Les réalisations d'Alain sont monumentales : elles méritaient un livre de poids, avec, en outre, cinq paires d'ailes, c'est-à-dire cinq dépliants de chacun 1, 20 m d'envergure...

AH. En quoi l'art d'Alain Guilhot est-il différent de celui des autres maîtres-lumière ?
OB. L'ampleur ! Son terrain de jeu c'est le monde ! No limit !

Signature du livre


[Retrouvez ce billet dans
L'Almanach 2010 du Garde-mots
]

vendredi 28 décembre 2007

Quinquet

Mais ce qui attire le plus les yeux, c’est, en face de l’auberge du Lion d’Or, la pharmacie de Monsieur Homais ! Le soir, principalement, quand son quinquet est allumé et que les bocaux rouges et verts qui embellissent sa devanture allongent au loin, sur le sol, leurs deux clartés de couleur, alors à travers elles, comme dans des feux de Bengale, s’entrevoit l’ombre du pharmacien accoudé sur son pupitre (Gustave Flaubert, Madame Bovary).

Quinquet

Lampe à huile à double courant d'air, dont le réservoir est situé à un niveau supérieur à celui de la mèche (antérieurement il était sous la flamme ou à la même hauteur). La mèche est creuse, ce qui permet à l'air de circuler au sein de la flamme, donnant ainsi un meilleur éclairage et un minimum de fumée. Le quinquet est surmonté d'une cheminée de verre qui canalise également l’air autour de la flamme et assure le tirage. Il fut inventé en 1782 par Ami Argand (1755-1803), physicien et chimiste genevois, et commercialisé par Antoine Quinquet (1745-1803), apothicaire à Paris. On a d'abord dit "lampe à la Quinquet", puis par simple antonomase "quinquet". Le mariage de Figaro fut donné à la Comédie Française le 27 avril 1784 dans une salle éclairée par des quinquets. Synonymes : fumignon, godet, lampe, lumignon, veilleuse. Métaphoriquement le mot signifie également œil, surtout à travers l'expression ouvrir ses quinquets.

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vendredi 9 mars 2007

Obscurantisme

Attitude de ceux qui sont opposés à la diffusion du savoir, des connaissances, de la culture ou du progrès. Refus d'adopter un comportement tolérant ou de reconnaître la validité des faits scientifiquement acquis. Les raisons peuvent en être personnelles, sociopolitiques ou religieuses. L’obscurantisme a recours à la langue de bois, à la censure, à l’inquisition, à la fatwa, au meurtre, au bûcher, au terrorisme. Il discrédite l’entendement, l'intelligence, l'étude, l'érudition, la tolérance, la civilisation. A l’opposé on trouve le discernement et la connaissance rationnelle.

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lundi 1 janvier 2007

Bonne année

*

La lumière est celle de l'année qui commence, et pourtant ce n'est qu'une réserve [1]. L'accomplissement viendra plus tard, quand pourrez y baigner vos désirs, les réchauffer au soleil printanier, les rendre beaux comme une toile de Jacques Oudot [2]. Et si ce n'est avec les gestes du peintre, que ce soit, au moins, avec les couleurs de la vie.

[1] Réserve. Partie, dans un dessin, une peinture ou une gravure, sur laquelle il n'existe pas d'application, une partie laissée en blanc.
[2] Pour en savoir plus sur le peintre cliquez sur son tableau.

lundi 4 décembre 2006

Lumière

Lumière sur une montagne
Vous allez en Savoie enterrer un ami et, sur l'autoroute, vous voyez ça.
A quoi pensez-vous ?

jeudi 30 novembre 2006

Satie

Satie
Jacques Oudot. Honfleur, maison natale d'Erik Satie.

Lumière et couleurs rayent la toile d'une image soutenue. La maison d'Erik Satie, le maître de la musique du XXe siècle, vous ouvre les portes de l'Art.

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vendredi 4 août 2006

Cézanne ou l'école du regard

Le Grand pin et les Terres rouges
Paul Cézanne. Grand Pin et Terres rouges.
1890-1895. Musée de l'Ermitage (Saint-Pétersbourg).

Ce tableau est actuellement visible à l'exposition Cézanne en Provence (Musée Granet , Aix-en-Provence, jusqu'au 17 septembre 2006). "Te souviens-tu du pin qui, sur le bord de l'Arc planté, avançait sa tête chevelue sur le gouffre qui s'étendait à ses pieds ? Le pin qui protégeait nos corps par son feuillage de l'ardeur du soleil, ah ! puissent les dieux le préserver de l'atteinte funeste de la hâche du bûcheron ! (Cézanne, Lettre à Émile Zola, 9 avril 1858).

Il y avait trop de monde, et puis la guide n'aimait pas Cézanne, j'ai fait demi-tour ...

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