Attirance sexuelle pour les statues, les
mannequins, les poupées ou autres éléments figuratifs. Du grec
agalma,
statue, et
philia, amour. Mots voisins : agalmatorémaphobie (peur que
les statues ne se mettent à parler ; du grec
agalma, statue,
rêma, parole et
phobos, peur) ; pygmalionisme (amour pour un
objet de sa propre création).
Pygmalion et le
pygmalionisme
À sa naissance Aphrodite (Vénus), déesse de l’amour et de la beauté, a été
portée par les flots jusqu’à Chypre mais les habitantes d’Amathonte, ville où
on lui rend un culte, refusent de l’honorer. Courroucée, Aphrodite décide de
les punir en les condamnant à la prostitution. Le sculpteur Pygmalion fuit la
débauche des femmes de son île et reste volontairement célibataire, cependant
il n’abandonne pas l’idée de l’amour. Voici qu'il s’éprend d'une statue
d'ivoire dont il est l'auteur et qu'il appelle Galatée. En donnant vie à la
statue Aphrodite exauce son vœu le plus cher. Pygmalion épouse sa création : de
leur union naît une fille nommée Paphos qui sera la fondatrice de la ville du
même nom dans l’ile de Chypre.
Dans un style flamboyant Ovide nous raconte le miracle : « C’était la fête de
Vénus. Chypre tout entière célébrait cette fameuse journée. L’or éclate sur les
cornes recourbées des génisses au flanc de neige qui, de toutes parts, tombent
sous le couteau ; l’encens fume : Pygmalion dépose son offrande sur l’autel, et
debout, d’une voix timide : « Grands dieux, si tout vous est possible,
donnez-moi une épouse... (il n’ose pas nommer la vierge d’ivoire) semblable à
ma vierge d’ivoire ». Vénus l’entend ; la blonde Vénus, qui préside elle-même à
ses fêtes, comprend les vœux qu’il a formés ; et, présage heureux de sa
protection divine, trois fois la flamme s’allume, trois fois un jet rapide
s’élance dans les airs. Il revient, il vole à l’objet de sa flamme imaginaire,
il se penche sur le lit, il couvre la statue de baisers. Dieux ! Ses lèvres
sont tièdes ; il approche de nouveau la bouche. D’une main tremblante il
interroge le cœur : l’ivoire ému s’attendrit, il a quitté sa dureté première ;
il fléchit sous les doigts, il cède. Telle la cire de l’Hymette s’amollit aux
feux du jour, et, façonnée par le pouce de l’ouvrier, prend mille formes, se
prête à mille usages divers. Pygmalion s’étonne ; il jouit timidement de son
bonheur, il craint de se tromper ; sa main presse et presse encore celle qui
réalise ses vœux. Elle existe. La veine s’enfle et repousse le doigt qui la
cherche ; alors, seulement alors, l’artiste de Paphos, dans l’effusion de sa
reconnaissance, répand tout son cœur aux pieds de Vénus. Enfin ce n’est plus
sur une froide bouche que sa bouche s’imprime. La vierge sent les baisers qu’il
lui donne ; elle les sent, car elle a rougi ; ses yeux timides s’ouvrent à la
lumière, et d’abord elle voit le ciel et son amant. Cet hymen est l’ouvrage de
la déesse ; elle y préside. Quand neuf fois la lune eut rapproché ses
croissants et rempli son disque lumineux, Paphos vint à la lumière, et l’île
hérita de son nom. » (Ovide.
Les
Métamorphoses, Livre X).
Ce mythe ancien a traversé les siècles. Il a été très souvent
repris dans l’art
et la littérature, y compris par
Jean-Jacques
Rousseau. La raison principale en est qu’un artiste met l’essentiel de
lui-même dans son œuvre, y compris son narcissisme. Parmi les autres : les
notions de double, de perfection, l’imitation de la nature ou
mimesis, le geste divin de création…
La nouvelle
Galatée
L’ivoire est actuellement interdite mais nos contemporains ont trouvé la
parade. Cliquez vite pour découvrir le nouveau visage de Galatée.