Le Garde-mots

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Recherche - dents

vendredi 27 juin 2008

Alchimie du verbe

Voyelles

Rimbaud
1873. Arthur Rimbaud, 19 ans, parvenu au terme de son « long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens », dit adieu à la poésie. Bientôt il oubliera qu'il fut explorateur de métaphores, organisateur de mots, trafiquant de poèmes et se fera aventurier pour de bon. En attendant, avec Une saison en enfer, cette prose vibrante qui relève du genre autobiographique, il est sur le point d’achever sa vie littéraire.

Sous le titre Alchimie du verbe, il note :

A moi. L'histoire d'une de mes folies.
Depuis longtemps je me vantais de posséder tous les paysages possibles, et trouvais dérisoires les célébrités de la peinture et de la poésie moderne.
J'aimais les peintures idiotes, dessus de portes, décors, toiles de saltimbanques, enseignes, enluminures populaires ; la littérature démodée, latin d'église, livres érotiques sans orthographe, romans de nos aïeules, contes de fées, petits livres de l'enfance, opéras vieux, refrains niais, rythmes naïfs.
Je rêvais croisades, voyages de découvertes dont on n'a pas de relations, républiques sans histoires, guerres de religion étouffées, révolutions de moeurs, déplacements de races et de continents : je croyais à tous les enchantements.
J'inventai la couleur des voyelles ! - A noir, E blanc, I rouge, O bleu, U vert. - Je réglai la forme et le mouvement de chaque consonne, et, avec des rythmes instinctifs, je me flattai d'inventer un verbe poétique accessible, un jour ou l'autre, à tous les sens. Je réservais la traduction.
Ce fut d'abord une étude. J'écrivais des silences, des nuits, je notais l'inexprimable. Je fixais des vertiges.

Rimbaud a marqué à jamais la poésie. Nul ne peut prétendre écrire un vers, même pauvre, sans penser à l'Homme aux semelles de vent, celui qui, le premier, a su prendre l’envolée dont nous ne sommes jamais revenus. Lui rendre une visite est comme un acte de foi. Un hommage à la jeunesse en sa dimension sacrée, à la révolte, aux élans qui inventent un rêve plus grand, à tout ce qui ruisselle en nous quand jaillit la poésie. Dimanche dernier à Charleville-Mézières, où il est né, j’ai pu voir l’original de "Voyelles". Rimbaud y pratique la synesthésie comme s'il voulait donner un sens au mystère qui va bientôt l'abandonner. De la première voyelle, A, à la dernière, O, il utilise l’ordre grec et non pas celui qui nous semble "naturel", AEIOU. Grâce à lui, entre l'alpha et l'omega, le début et la fin du monde, circule une énergie aux couleurs chatoyantes, comme un arc-en-ciel de pensées.

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dimanche 27 avril 2008

Tavelle

Instrument servant, sur un métier à tisser, à dévider le fil de soie. Synonyme : dévidoir. Du latin tabella, planchette, lui-même de tabula, table, puis planche.

La tavelle, c'est surtout...

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vendredi 15 février 2008

Seing

Marque ou signature qu’on appose au bas d’un écrit dans le but d’en attester la validité. Du latin signum, signal. On ne prononce pas le "g", ni directement ni par liaison avec un autre mot. Synonymes : cachet, empreinte, marque, paraphe, signature. Homophones : ceint, sain, saint, sein.

Acte sous seing privé (ou "sous-seing"). Se dit d'un acte juridique établi entre particuliers, sous leur seule signature, sans l'intervention d'un officier ministériel. Il s’oppose à l’ "acte authentique" qui se fait, au contraire, en présence du notaire.

Blanc-seing. Signature apposée d'avance sur une feuille de papier laissée blanche et qui recevra par la suite une convention ou une déclaration. Pluriel : "des blancs-seings".

Contreseing. Signature de la personne qui contresigne un acte dans le but d’authentifier la signature principale ou de marquer un engagement solidaire.

À la Saint-Glinglin. Expression qui signifie "à une date indéterminée, dans très longtemps, probablement jamais." Il s’agit, en fait, de la déformation de seing, toujours du latin signum, signe, signal, dans le sens de "sonnerie de cloche", confondue avec saint par homophonie. Ce mot est ici associé à l’onomatopée glinglin, qui évoque le son des cloches, sans doute dérivée du verbe glinguer, sonner, lui-même de l’allemand klingen, sonner1. L’ensemble signifie au final "quand les cloches sonneront". Symboliquement, il s’agit de repousser une échéance jusqu'au moment du signal de la fin des temps, c’est-à-dire lors de la sonnerie des trompettes du Jugement dernier. En effet, les fermiers et les métayers avaient l'habitude de payer leurs dettes après les récoltes, en se calant sur la fête d’un saint, généralement la Saint-Michel (29 septembre). La locution "à la seing glinglin", entendue comme "à la Saint-Glinglin" était donc un calembour destiné à tromper le créancier. Expression équivalentes : quand les poules auront des dents, aux calendes grecques, pendant la semaine des quatre jeudis.

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[1] Noter que le tocsin (sonnerie de cloche à coups répétés et prolongés pour donner l’alarme), a la même origine : de l’ancien provençal tocasenh, formé de toca, dérivé de tocar, sonner (les cloches) et de senh, cloche, issu du latin signum. Il s’est écrit également  tocseing.

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mardi 11 décembre 2007

Ingrid Betancourt

Ingrid Betancourt est notre fille, notre mère, notre sœur. Voici de larges extraits de la lettre de 12 pages qu'elle a adressée à sa famille. Blogueurs du monde entier lisez ce texte, affichez-le sur votre site et demandez aux autres blogueurs de vous imiter afin de tenter de la sauver.

« C’est un moment très dur pour moi. Ils demandent des preuves de vie brusquement et je t’écris mon âme tendue sur ce papier. Je vais mal physiquement. Je ne me suis pas réalimenté, j’ai l’appétit bloqué, les cheveux me tombent en grandes quantités.

Je n’ai envie de rien. Je crois que c’est la seule chose de bien, je n’ai envie de rien car ici, dans cette jungle, l’unique réponse à tout est « non ». Il vaut mieux donc, n’avoir envie de rien pour demeurer au moins libre de désirs. Cela fait 3 ans que je demande un dictionnaire encyclopédique pour lire quelque chose, apprendre quelque chose, maintenir vive la curiosité intellectuelle. Je continue à espérer qu’au moins par compassion, ils m’en procureront un, mais il vaut mieux ne pas y penser.

Chaque chose est un miracle, même t’entendre chaque matin car la radio que j’ai est très vieille et abîmée.

Je veux te demander, Mamita Linda, que tu dises aux enfants qu’ils m’envoient trois messages hebdomadaires (...). Rien de transcendant si ce n’est ce qui leur viendra à l’esprit et ce qu’ils auront envie d’écrire (…). Je n’ai besoin de rien de plus mais j’ai besoin d’être en contact avec eux. C’est l’unique information vitale, transcendante, indispensable, le reste ne m’importe plus(…).

Comme je te disais, la vie ici n’est pas la vie, c’est un gaspillage lugubre de temps. Je vis ou survis dans un hamac tendu entre deux piquets, recouvert d’une moustiquaire et avec une tente au dessus, qui fait office de toit et me permet de penser que j’ai une maison.

J’ai une tablette où je mets mes affaires, c’est-à-dire mon sac à dos avec mes vêtements et la Bible qui est mon unique luxe. Tout est prêt pour que je parte en courant. Ici rien n’est à soi, rien ne dure, l’incertitude et la précarité sont l’unique constante. A chaque instant, ils peuvent donner l’ordre de tout ranger [pour partir] et chacun doit dormir dans n’importe quel renfoncement, étendu n’importe où, comme n’importe quel animal (…). Mes mains suent et j’ai l’esprit embrumé, je finis par faire les choses deux fois plus doucement qu’à la normale. Les marches sont un calvaire car mon équipement est très lourd et je ne le supporte pas. Mais tout est stressant, je perds mes affaires ou ils me le prennent, comme le jeans que Mélanie m’avait offert pour Noël, que je portais quand ils m’ont pris. L’unique chose que j’ai pu garder est la veste, cela a été une bénédiction, car les nuits sont gelées et je n’ai eu rien de plus pour me couvrir.

Avant, je profitais de chaque bain dans le fleuve. Comme je suis la seule femme du groupe, je dois y aller presque totalement vêtue : short, chemise, bottes. Avant j’aimais nager dans le fleuve mais maintenant je n’ai même plus le souffle pour. Je suis faible, je ressemble à un chat face à l’eau. Moi qui aimais tant l’eau, je ne me reconnais pas. (…) Mais depuis qu’ils ont séparé les groupes, je n’ai pas eu l’intérêt ni l’énergie de faire quoi que ce soit. Je fais un peu d’étirements car le stress me bloque le cou et cela me fait très mal.

Avec les exercices d’étirement, le split et autres, je parviens à détendre un peu mon cou. (...) Je fais en sorte de rester silencieuse, je parle le moins possible pour éviter les problèmes. La présence d’une femme au milieu de tant de prisonniers masculins qui sont dans cette situation depuis 8 à 10 ans, est un problème (…). Lors des inspections, ils nous privent de ce que nous chérissons le plus. Une lettre de toi qui m’était arrivée, m’a été prise après la dernière preuve de survie, en 2003. Les dessins d’Anastasia et Stanislas [neveux d’Ingrid], les photos de Mélanie et Lorenzo, le scapulaire de mon papa, un programme de gouvernement en 190 points, ils m’ont tout pris. Chaque jour, il me reste moins de moi-même. Certains détails t’ont été racontés par Pinchao. Tout est dur.

Il est important que je dédie ces lignes à ces êtres qui sont mon oxygène, ma vie. A ceux qui me maintiennent la tête hors de l’eau, qui ne me laissent pas couler dans l’oubli, le néant et le désespoir. Ce sont toi, mes enfants, Astrid et mes petits garçons, Fab [Fabrice Delloye], Tata Nancy et Juanqui [Juan Carlos, son mari].

Chaque jour, je suis en communication avec Dieu, Jésus et la Vierge (...). Ici, tout a deux visages, la joie vient puis la douleur. La joie est triste. L’amour apaise et ouvre de nouvelles blessures... c’est vivre et mourir à nouveau. Pendant des années, je n’ai pas pu penser aux enfants et la douleur de la mort de mon papa accaparait toute la capacité de résistance. Je pleurais en pensant à eux, je me sentais asphyxiée, sans pouvoir respirer. En moi, je me disais : « Fab est là, il veille à tout, il ne faut pas y penser ni même penser ». Je suis presque devenue folle avec la mort de mon papa. Je n’ai jamais su comme cela s’est passé, qui était là, s’il m’a laissé un message, une lettre, une bénédiction. Mais ce qui a soulagé mon tourment, a été de pensé qu’il est parti confiant en Dieu et que là-bas, je le retrouvera pour le prendre dans mes bras. Je suis certaine de cela. Te sentir a été ma force. Je n’ai pas vu de messages jusqu’à ce qu’il me mette dans le groupe de [l’otage] Lucho, Luis Eladio Pérez, le 22 août 2003. Nous avons été de très bons amis, nous avons été séparés en août. Mais durant ce temps, il a été mon soutien, mon écuyer, mon frère (…).

J’ai en mémoire l’âge de chacun de mes enfants. A chaque anniversaire, je leur chante le « Happy Birthday ». Je demande à ce qu’ils me laissent faire une gâteau. Mais depuis trois ans, à chaque fois que je le demande, la réponse est non. Ca m’est égal, s’ils amènent un biscuit ou une soupe quelconque de riz et de haricot, ce qui est habituel, je me figure que c’est un gâteau et je leur célèbre dans mon cœur, leur anniversaire.

A ma Melelinga [Mélanie], mon soleil de printemps, ma princesse de la constellation du cygne, à elle que j’aime tant, je veux te dire que je suis la maman la plus fière de cette terre (…). Et si je devais mourir aujourd’hui, je partirais satisfaite de la vie, en remerciant Dieu pour mes enfants. Je suis heureuse pour ton master à New York. C’est exactement ce que je t’aurais conseillé. Mais attention, il est très important que tu fasses ton DOCTORAT. Dans le monde actuel, même pour respirer, il faut des lettres de soutien (...). Je ne vais pas même me fatiguer à insister auprès de Loli [Lorenzo] et Méla qu’ils n’abandonnent pas avant d’avoir leur doctorat. J’aimerais que Méla me le promette. (...) Mélanie, je t’ai toujours dit que tu étais la meilleure, bien meilleure que moi, une sorte de meilleure version de ce que j’aurais voulu être. C’est pourquoi, avec l’expérience que j’ai accumulé dans ma vie et dans la perspective que donne le monde vu à distance, je te demande, mon amour, que tu te prépares à arriver au sommet.

A mon Lorenzo, mon Loli Pop, mon ange de lumière, mon roi des eaux bleues, mon chief musician qui me chante et m’enchante, au maître de mon coeur, je veux dire que depuis qu’il est né jusqu’à aujourd’hui, il a été ma source de joies. Tout ce qui vient de lui est du baume pour mon coeur, tout me réconforte, tout m’apaise, tout me donne plaisir et placidité (...). J’ai enfin pu entendre sa voix, plusieurs fois cette année. J’en ai tremblé d’émotion. C’est mon Loli, la voix de mon enfant, mais il y a déjà un autre homme sur cette voix d’enfant. Un enrouement d’homme-homme, comme celle de mon papa (…). L’autre jour, j’ai découpé une photo dans un journal arrivé par hasard. C’est une propagande pour un parfum de Carolina Herrera « 212 Sexy men ». On y voit un jeune homme et je me suis dit : mon Lorenzo doit être comme ça. Et je l’ai gardé.

La vie est devant eux, qu’ils cherchent à arriver le plus haut. Etudier est grandir : non seulement par ce qu’on apprend intellectuellement, mais aussi par l’expérience humaine, les proches qui alimentent émotionnellement pour avoir chaque jour un plus grand contrôle sur soi, et spirituellement pour modeler un plus grand caractère de service d’autrui, où l’ego se réduit à su plus minime expression et où on grandit en humilité et force morale. L’un va avec l’autre. C’est cela vivre, grandir pour servir (…).

A mon Sébastien [fils du premier mariage de Fabrice Delloye], mon petit prince des voyages astraux et ancestraux. J’ai tant à te dire ! Premièrement, que je ne veux pas partir de ce monde sans qu’il n’ait la connaissance, la certitude et la confirmation que ce ne sont pas deux, mais trois enfants d’âme, que j’ai (…). Mais avec lui, je devrais dénouer des années de silence qui me pèsent trop depuis la prise d’otage. J’ai décidé que ma couleur favorite était le bleu de ses yeux (…). Si je venais à ne pas sortir d’ici, je te l’écris pour que tu le gardes dans ton âme, mon Babon adoré, et pour que tu comprennes, ce que j’ai compris quand ton frère et ta sœur sont nés : je t’ai toujours aimé comme le fils que tu es et que Dieu m’a donné. Le reste ne sont que des formalités.

(…) Je sais que Fab a beaucoup souffert à cause de moi. Mais que sa souffrance soit soulagée en sachant qu’il a été la source de paix pour moi. (…) Dis à Fab que sur lui, je m’appuie, sur ses épaules, je pleure, qu’il est mon soutien pour continuer à sourire de tristesse, que son amour me rend forte. Parce qu’il fait face aux nécessités de mes enfants, je peux cesser de respirer sans que la vie ne me fasse tant mal. (…)

A mon Astrica, tant de choses que je ne sais par où commencer. Tout d’abord, lui dire que « sa feuille de vie » m’a sauvé pendant la première année de prise d’otage, pendant l’année de deuil de mon papa (…). J’ai besoin de parler avec elle de tous ces moments, de la prendre dans mes bras et de pleurer jusqu’à ce que se tarisse le puits de larmes que j’ai dans mon cœur. Dans tout ce que je fais dans la journée, elle est en référence. Je pense toujours, « ça, je le faisais avec Astrid quand nous étions enfants » ou « ça, Astrid le faisait mieux que moi ». (…) Je l’ai entendu plusieurs fois à la radio. Je ressens beaucoup d’admiration pour son expression impeccable, pour la qualité de sa réflexion, pour la domination de ses émotions, pour l’élégance de ses sentiments. Je l’entends et je pense « Je veux être comme ça » (…). Je m’imagine comment vont Anastasia et Stanis. Combien cela m’a fait mal qu’ils me prennent leurs dessins. Le poème d’Anastasia disait « par un tour du sort, par un tour de magie ou par un tour de Dieu, en trois années ou trois jours, tu seras de retour parmi nous ». Le dessin de Stanis était un sauvetage en hélicoptère, moi endormie et lui en sauveur.

Mamita, il y a tant de personnes que je veux remercier de se souvenir de nous, de ne pas nous avoir abandonné. Pendant longtemps, nous avons été comme les lépreux qui enlaidissaient le bal. Nous, les séquestrés, ne sommes pas une thème « politiquement correct », cela sonne mieux de dire qu’il faut être fort face à la guérilla même s’il faut sacrifier des vies humaines. Face à cela, le silence. Seul le temps peut ouvrir les consciences et élever les esprits. Je pense à la grandeur des Etats-Unis, par exemple. Cette grandeur n’est pas le fruit de la richesse en terres, matières premières, etc, mais plutôt le fruit de la grandeur d’âme des leaders qui ont modelé la Nation. Quand Lincoln a défendu le droit à la vie et à la liberté des esclaves noirs en Amérique, il a aussi affronté beaucoup de Floridas et Praderas [municipalités demandées par les FARC pour la zone démilitarisée]. Beaucoup d’intérêts économiques et politiques qui considéraient être supérieurs à la vie et à la liberté d’une poignée de noirs. Mais Lincoln a gagné et il reste imprimé sur le collectif de cette nation, la priorité de la vie de l’être humain sur quelque autre type d’intérêt.

En Colombie, nous devons encore penser à notre origine, à qui nous sommes et où nous voulons aller. Moi, j’aspire à ce qu’un jour, nous ayons la soif de grandeur qui fait surgir les peuples du néant pour atteindre le soleil. Quand nous ne serons inconditionnels face à la défense de la vie et de la liberté des nôtres, c’est-à-dire, quand nous serons moins individualistes et plus solidaires, moins indifférents et plus engagés, moins intolérants et plus compatissants. Alors, ce jour-là, nous serons la grande nation que nous voulons tous être. Cette grandeur est là endormie dans les cœurs. Mais les cœurs se sont endurcis et pèsent tant qu’ils ne nous permettent pas des sentiments élevés.

Mais il y a beaucoup de personnes que je voudrais remercier car ils ont contribué à réveiller les esprits et à faire grandir la Colombie. Je ne peux pas tous les mentionner [elle cite alors l’ex président Lopez et « en général, tous les ex présidents libéraux », Hernan Echevarria, les familles des députés du Valle, Monseigneur Castro et le Père Echeverri].

Mamita, hélas, ils viennent demander les lettres. Je ne vais pas pouvoir écrire tout ce que je veux. A Piedad et à Chavez, toute, toute mon affection et mon admiration. Nos vies sont là, dans leur cœur, que je sais grand et valeureux. [elle dédie alors un paragraphe de remerciements à Chavez, Alvaro Leyva, Lucho Garzon [ancien maire de Bogota] et Gustavo Petro, puis mentionne des journalistes]. Mon cœur appartient aussi à la France (…). Quand la nuit était la plus obscure, la France a été le phare. Quand il était mal vu de demander notre liberté, la France ne s’est pas tue. Quand ils ont accusé nos familles de faire du mal à la Colombie, la France les a soutenu et consolé.

Je ne pourrais pas croire qu’il est possible de se libérer un jour d’ici, si je ne connaissais pas l’histoire de la France et de son peuple. J’ai demandé à Dieu qu’il me recouvre de la même force que celle avec laquelle la France a su supporter l’adversité, pour me sentir plus digne d’être comptée parmi ses enfants. J’aime la France de toute mon âme, les voix de mon être cherchent à se nourrir des composants de son caractère national, elle qui cherche toujours à se guider par principes et non par intérêts. J’aime la France avec mon cœur, car j’admire la capacité de mobilisation d’un peuple qui, comme disait Camus, sait que vivre, c’est s’engager. (…) Toutes ces années ont été terribles mais je ne crois pas que je pourrais être encore vivante sans l’engagement qu’ils nous ont apporté à nous tous qui ici, vivons comme des morts. (...) Je sais que ce que nous vivons est plein d’inconnues, mais l’histoire a ses temps propres de maturation et le président Sarkozy est sur le Méridien de l’Histoire. Avec le président Chavez, le président Bush et la solidarité de tout le continent, nous pourrions assister à un miracle.

Durant plusieurs années, j’ai pensé que tant que j’étais vivante, tant que je continuerai à respirer, je dois continuer à héberger l’espoir. Je n’ai plus les mêmes forces, cela m’est très difficile de continuer à croire, mais je voudrais qu’ils ressentent que ce qu’ils ont faire pour nous, fait la différence. Nous nous sommes sentis des êtres humains (...).

Mamita, j’aurais plus de choses à dire. T’expliquer que cela fait longtemps que je n’ai pas de nouvelles de Clara et de son bébé (…). Bon, Mamita, que Dieu nous vienne en aide, nous guide, nous donne la patience et nous recouvre. Pour toujours et à jamais.

Propos sélectionnés et traduits par le Comité de soutien à Ingrid Betancourt.
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lundi 19 novembre 2007

Pastiche

Dessin d'Ydel
...le Garde-mots se demandera qui c'est qu'a bu.

Merci à Ydel pour son dessin.
Pour afficher toutes ses contributions cliquez sur l'image.

Imitation volontaire et avouée, jubilatoire, du style d’un auteur. Mot tiré de l'italien pasticcio, pâté, et qui désignait à l'origine un tableau réalisé par un peintre imposteur imitant un autre peintre sous le nom duquel il signait. Synonymes : apocryphe (texte dont l'attribution à un auteur déterminé est fausse), centon (composition littéraire constituée d'extraits provenant de différents auteurs), contrefaçon (imitation frauduleuse d'un écrit), copie (reproduction d'un document écrit), faux (contrefaçon d'un document écrit), forgerie (document littéraire écrit par un faussaire), imitation (œuvre composée dans le style d'un auteur), imposture (tromperie sur une œuvre littéraire), manière (façon de s'exprimer propre à un auteur), parodie (sorte de pastiche qui se veut railleur et cocasse), plagiat (fait de s'attribuer des passages de l'œuvre d'un auteur). Anagramme : pistache.

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vendredi 7 septembre 2007

Ne faites pas tomber votre savonnette quand vous êtes sous la douche

Veillez à ne pas lâcher votre savonnette quand vous êtes sous la douche, il y va de l'avenir de l'humanité. Ça n'a l'air de rien, mais avez-vous songé à la quantité d'eau qui coule pendant que vous la ramassez ?


Psycho

Faisons un petit calcul, et encore nous n'allons prendre en compte que les gens propres. Pour ne vexer personne choisissons, au hasard, les français. Admettons que la moitié d'entre eux prenne une douche tous les jours. C'est réaliste, non ? Le débit moyen d'une douche est de 15 litres/mn. Le temps pour ramasser une savonnette est à peu près de 10 secondes. Si chacun de ces trente millions de français laisse échapper sa savonnette une fois - c'est plausible, n'oublions pas qu'ils viennent de se réveiller -, la quantité d'eau répandue inutilement est de 1, 5 litre. Ça fait un gâchis de quarante-cinq millions de litres par jour, 45.000 mètres cubes si vous préférez, pour l'ensemble du pays, soit près de 16,5 millions de mètres cubes par an. Bref, le bilan est plus que lourd. Et encore, imaginez ce que ça donnerait si nous appliquions certains correctifs à ce calcul un peu trop brut : le temps de ramassage devrait être revu à la hausse si nous tenions compte du nombre de personnes qui n'ont pas encore émergé de leur cauchemar au moment où elles passent sous le pommeau, de celles qui prennent leur douche dans le noir, de celles qui somnolent sous l'effet bienfaisant de la chaleur, de celles qui ont du mal à se baisser à cause d'une sciatique, de celles qui font des contorsions pour ne pas se mouiller les cheveux, de celles qui s'assomment au passage sur le mélangeur, de celles qui prennent leur douche à deux, de celles qui ont déjà démarré au gros rouge, sans compter les radins qui se lavent avec un résidu de savonnette, les malchanceux et autres maladroits qui la laissent échapper à plusieurs reprises, les personnes qui glissent en ramassant l'objet farceur, de celles qui ont du mal à le repérer car elles ne savent pas où elles ont mis leurs lunettes, les personnes pour qui l'abdomen constitue un écran douillet qui les empêche de rétablir l'ordre à bord, celles qui sont surprises par un éternuement (ou pire) au moment de se baisser, celles qui sont déconcentrées par la sonnerie du téléphone ou un cri du genre "Tu as encore mis de la mousse à raser sur ma brosse à dents !", celles qui se font assassiner par un cinéphile amoureux. Ce n'est pas tout : il faudrait encore calculer le surcoût global à environ 3 euros le mètre cube d'eau, les frais d'épuration générés par la savonnette indocile, et la facture de gaz qui augmente à cause des calories perdues.

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lundi 25 juin 2007

Embâcle

Congélation de la banquise au début de l'hiver, lorsque la température de l'eau de mer descend en dessous de –1,8° C. Étymologie : mot formé sur le radical de son antonyme "débâcle", qui est un nom féminin alors qu'embâcle est masculin. On nomme débâcle la fragmentation de la banquise en grandes plaques emportées par les courants sous l'effet du dégel printanier. C'est ainsi que tous les ans la banquise se renouvelle et d'ailleurs, soumise aux influences du vent et des courants marins, elle dérive de 4 à 5 km par jour.

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lundi 26 février 2007

Écholalie

Répétition automatique des derniers mots de l'interlocuteur. Il peut s’agir d’un mode infantile d’apprentissage, d’une maladie psychiatrique ou d’un procédé littéraire. Du grec êkhô, bruit répercuté et lalia, bavardage, babil.

Assez proches, les vers en écho, comme cette ballade de Victor Hugo (1828) :

                  La chasse du Burgrave

            «Daigne protéger notre chasse,
                         Châsse
            De monseigneur saint-Godefroi,
                         Roi !
 
            Si tu fais ce que je désire,
                         Sire,
            Nous t'édifierons un tombeau,
                         Beau ;
 
            Puis je te donne un cor d'ivoire,
                         Voire
            Un dais neuf à pans de velours,
                         Lourds,
 
            Avec dix chandelles de cire,
                         Sire !
            Donc, te prions à deux genoux,
                         Nous,
 
            Nous qui, né de bons gentilshommes,
                         Sommes
            Le seigneur burgrave Alexis
                         Six.»
 
            Voilà ce que dit le burgrave,
                         Grave,
            Au tombeau de saint-Godefroi,
                         Froid.
 
            «Mon page, emplis mon escarcelle,
                         Selle
            Mon cheval de Calatrava ;
                         Va !
 
            Piqueur, va convier le comte.
                         Conte
            Que ma meute aboie en mes cours.
                         Cours !
 
            Archers, mes compagnons de fêtes,
                         Faites
            Votre épieu lisse et vos cornets
                         Nets.
 
            Nous ferons ce soir une chère
                         Chère ;
            Vous n'y recevrez, maître-queux,
                         Qu'eux.
 
            En chasse, amis ! je vous invite.
                         Vite !
            En chasse ! allons courre les cerfs,
                         Serfs !»
 
            Il part, et madame Isabelle,
                         Belle,
            Dit gaiement du haut des remparts :
                         «Pars !»
 
            Tous les chasseurs sont dans la plaine,
                         Pleine
            D'ardents seigneurs, de sénéchaux
                         Chauds.
 
            Ce ne sont que baillis et prêtres,
                         Reîtres
            Qui savent traquer à pas lourds
                         L'ours,
 
            Dames en brillants équipages,
                         Pages,
            Fauconniers, clercs, et peu bénins
                         Nains.
 
            En chasse ! – Le maître en personne
                         Sonne.
            Fuyez ! voici les paladins,
                         Daims.
 
            Il n'est pour vous comte d'empire
                         Pire
            Que le vieux burgrave Alexis
                         Six !
 
            Fuyez ! – Mais un cerf dans l'espace
                         Passe,
            Et disparaît comme l'éclair,
                         Clair !
 
            «Taïaut les chiens, taïaut les hommes !
                         Sommes
            D'argent et d'or paieront sa chair
                         Cher !
 
            Mon château pour ce cerf ! – Marraine,
                         Reine
            Des beaux sylphes et des follets
                         Laids !
 
            Donne-moi son bois pour trophée,
                         Fée !
            Mère du brave, et du chasseur
                         Sœur !
 
            Tout ce qu'un prêtre à sa madone
                         Donne,
            Moi, je te le promets ici,
                         Si
 
            Notre main, ta serve et sujette,
                         Jette
            Ce beau cerf qui s'enfuit là-bas
                         Bas !»
 
            Du Chasseur Noir craignant l’injure,
                         Jure
            Le vieux burgrave haletant,
                         Tant
 
            Que déjà sa meute qui jappe
                         Happe,
            Et fête le pauvre animal
                         Mal.
 
            Il fuit. La bande malévole
                         Vole
            Sur sa trace, et par le plus court
                         Court.
 
            Adieu clos, plaines diaprées,
                         Prées,
            Vergers fleuris, jardins sablés,
                         Blés !
 
            Le cerf, s'échappant de plus belle,
                         Bêle ;
            Un bois à sa course est ouvert,
                         Vert.
 
            Il entend venir sur ses traces
                         Races
            De chiens dont vous seriez jaloux,
                         Loups ;
 
            Piqueurs, ardentes haquenées,
                         Nées
            De ces étalons aux longs crins
                         Craints,
 
            Leurs flancs, que de blancs harnois ceignent,
                         Saignent
            Des coups fréquents des éperons
                         Prompts.
 
            Le cerf, que le son de la trompe
                         Trompe,
            Se jette dans les bois épais...
                         Paix !
 
            Hélas, en vain !... la meute cherche,
                         Cherche,
            Et là tu retentis encor,
                         Cor !
 
            Où fuir ? dans le lac ! Il s'y plonge,
                         Longe
            Le bord où maint buisson rampant
                         Pend.
 
            Ah ! dans les eaux du lac agreste
                         Reste !
            Hélas ! pauvre cerf aux abois,
                         Bois !
 
            Contre toi la fanfare ameute
                         Meute,
            Et veneurs sonnant du hautbois...
                         Bois !
 
            Les archers sournois qui t'attendent
                         Tendent
            Leurs arcs dans l'épaisseur du bois !...
                         Bois !
 
            Ils sont avides de carnage ;
                         Nage !
            C'est ton seul espoir désormais.
                         Mais
 
            L'essaim, que sa chair palpitante
                         Tente,
            Après lui dans le lac profond
                         Fond.
 
            Il sort ! Plus d'espoir qui te leurre !
                         L'heure
            Vient où pour toi tout est fini.
                         Ni
 
            Tes pieds vifs, ni Saint Marc de Leyde,
                         L'aide
            Du cerf qu'un chien, à demi mort,
                         Mord,
 
            Ne te sauveront des morsures
                         Sûres
            Des limiers ardents de courroux,
                         Roux.
 
            Vois ces chiens qu'un serf bas et lâche
                         Lâche,
            Vois les épieux à férir prêts,
                         Près !
 
            Meurs donc ! la fanfare méchante
                         Chante
            Ta chute au milieu des clameurs.
                         Meurs !
 
            Et ce soir, sur les délectables
                         Tables,
            Tu feras un excellent mets ;
                         Mais
 
            On t'a vengé. – Fille d'Autriche
                         Triche
            Quand l'hymen lui donne un barbon
                         Bon.
 
            Or, sans son hôte le bon comte
                         Compte.
            Il revient, quoique fatigué,
                         Gai.
 
            Et, tandis que ton sang ruisselle,
                         Celle
            Qu'épousa le comte Alexis
                         Six,
 
           Sur le front ridé du burgrave
                         Grave,
            Pauvre cerf, des rameaux aussi ;
                         Si
 
            Qu'au burg vous rentrez à la brune,
                         Brune,
            Après un jour si hasardeux,
                         Deux !

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jeudi 29 juin 2006

Jardin Da Vinci



Le livre de Dan Brown, vendu à ce jour à 50 millions d'exemplaires et le film de Ton Howard, sa trop fidèle imitation, n'étaient qu'un début … Voici maintenant le jardin Da Vinci de Londres. David Domoney, son concepteur, y a inclus des références au Louvre, y compris un petite pyramide de verre. Les plantes sont celles qu'on trouve dans l'œuvre du grand (malgré tout ce qu'on lui fait !) Leonardo. Il y a même des codes sur les feuilles, qui apparaissent sous l'action des rayons ultraviolets.

Il est plus réjouissant de penser que le nom du Parc Leonardo Da Vinci à Amboise, vient de l'histoire et non de la mode. Invité au Clos Lucé par François Ier le plus grand génie de tous les temps, Léonard de Vinci (1452-1519), y a fini sa vie. Il est d'ailleurs enterré dans l'enceinte du château d'Amboise.

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samedi 8 avril 2006

Pulpe


Ensemble des tissus de consistance molle et tendre qui constituent la plus grande partie de la chair humaine ou animale. On utilise plus particulièrement ce terme pour désigner l'extrémité charnue des doigts, encore appelée pulpe des doigts, ainsi que le tissu conjonctif qui remplit la cavité située au centre de chaque dent, c'est-à-dire la pulpe dentaire. Par analogie : tissu de même consistance qui constitue la partie la plus importante d'un fruit charnu. Du latin pulpa, de même signification.

[Pour Gaspar De La Nuit
qui souhaite atteindre
la pulpe de la vie ...]

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