MONSIEUR JOURDAIN.- Apprenez-moi
l'orthographe.
MAÎTRE DE PHILOSOPHIE.- Très volontiers.
MONSIEUR JOURDAIN.- Après vous m'apprendrez l'almanach,
pour savoir quand il y a de la lune, et quand il n'y en a point.
(Molière, Le Bourgeois gentilhomme, Acte II, scène IV).
Calendrier comportant des indications astronomiques (en particulier les
positions du Soleil et de la Lune, les dates des éclipses) et météorologiques,
ainsi que des prédictions. Il fournit également des informations susceptibles
de faciliter la vie quotidienne. Selon les almanachs on peut trouver :
les heures des marées ; des conseils relatifs aux travaux des champs et des
jardins en fonction des saisons ; les dates des principales fêtes ; des
recommandations d’ordre médical ; des conseils de cuisine ; des trucs et
astuces pour le quotidien ; les dates et heures des marchés et foires ; des
indications sur les monnaies, les poids et mesures ; des renseignements sur les
personnes ; des adresses ; des maximes, des poèmes, des contes ; des anecdotes,
bons mots, calembours ; des illustrations humoristiques.
Prononciation : [almana]. Le
ch est muet sauf quand le mot est en
liaison avec une voyelle ; on dit "un [almanak] illustré." Étymologie :
vraisemblablement du latin médiéval
almanachus, lui-même du mot arabe
d’Espagne
al-manakh ; de
al, article défini, et
manah, calendrier. Synonymes (aucun d'entre eux n'est plus employé) :
annuaire (dans l’acception originelle du terme), calendrier illustré,
éphéméride (autrefois ce mot avait le sens de "livre où se trouvent consignées
pour une année les prévisions météorologiques"), fastes (tables chronologiques
du calendrier marquant les jours d'assemblées publiques, de fêtes, de
jeux).
Les premiers almanachs remontent à l’Antiquité mais c’est surtout à partir de
l’invention de l’imprimerie qu'ils prennent leur essor. L'un des premiers,
François Rabelais (1494-1553) publie en 1532 (pour l’an 1533) une
Pantagrueline
Prognostication, Certaine, veritable & infaillible pour l'an perpetuel.
Nouvellement composée au prouffit & advisement de gens estourdis &
musars de nature, Par maistre Alcofribas, architriclin dudict, qui est une
parodie de l’astrologie. Nostradamus, avant de traverser les siècles avec ses
Centuries, se fait connaître à partir de 1550 comme faiseur
d’almanachs et de pronostications. Au fil du temps les almanachs deviennent les
instruments essentiels de la propagation du savoir populaire. C'est pourquoi
Henri III, roi de France, est amené, par une ordonnance de l'an 1579, à
défendre «à tous faiseurs d'almanachs d'avoir la témérité de faire des
prédictions sur les affaires civiles ou de l'État, ou des particuliers, soit en
termes exprès, ou en termes couverts». De 1625 à 1913 l'
Almanach
royal, ou
impérial, ou
national - le nom change selon
les fluctuations de l’histoire - donnera les noms de la famille royale de
France et, à partir de 1698, ceux des personnages attachés à la cour et
de tous les fonctionnaires civils et militaires.
Les almanachs circulent par colportage. Détournés progressivement de leurs
fonctions astronomique et météorologique, ils deviennent peu à peu des
recueils de textes littéraires comme les
Almanachs des Muses aux
XVIIIe et XIXe siècles, ou la liste des aristocrates comme l'
Almanach de Gotha. Les almanachs sont, à cette
époque, les livres les plus vendus dans les campagnes.
Parmi les almanachs contemporains on connaît surtout ceux de Pierre Bellemarre,
Henri Gougaud, du Vieux savoyard, du Vieux dauphinois et, bien entendu,
l'
Almanach Vermot, et l’
Almanach de Liège. Certains sont
encore dans la tradition, d'autres n’ont plus de l'almanach que la présentation
calendaire. Ils informent, bien sûr, mais de moins en moins sur la vie
quotidienne. C'est le cas, d'ailleurs, pour un nouveau venu que je suis heureux
de vous présenter...