Ce mot a évolué depuis son apparition au XVIe
siècle. D’abord orthographié
chie-en-lit, et composé de la forme
verbale
chie (du verbe
chier), de
en et de
lit, il avait à l’époque le sens littéral de « personne qui souille
son lit ». Au XVIIIe siècle il désignait un personnage de carnaval vêtu d'une
chemise de nuit au postérieur barbouillé de moutarde, puis le mot, succès
aidant, s’appliqua à tous les personnages de carnaval. Il devint ensuite
synonyme de masque, de déguisement, d’accoutrement grotesque, de mascarade. À
partir du XIXe siècle il prit son sens actuel de « désordre public ».
Synonymes et mots voisins : agitation, anarchie, billebaude, bouleversement,
branle-bas, carnaval, chambard, chambardement, chaos,
charivari, déguisement, désordre,
désunion, embrouillement, encouble (helvétisme qui
désigne
ce qui
gêne, ce qui encombre), mascarade, pagaille, perturbation, pillage,
ramdam, révolution, sac, saccage, tintamarre, tohu-bohu, trouble.
La première apparition littéraire remonte à Rabelais (Gargantua, XXV) : « Les
fouaciers ne condescendirent nullement à satisfaire leur demande [les bergers
voulaient acheter quelques fouaces] et, ce qui est pire, les insultèrent
gravement en les traitant de trop babillards, de brèche-dents, de jolis
rouquins, de mauvais plaisants, de chie-en-lit, de croquants, de faux-jetons,
de fainéants, de goinfres, de gueulards, de vantards, de vauriens, de rustres,
de casse-pieds, de pique-assiette, de matamores, de fines braguettes, de
mordants, de tire-flemme, de malotrus, de lourdauds, de nigauds, de marauds, de
corniauds, de farceurs, de claque-dents, de bouviers d'étrons, de bergers de
merde, et autres épithètes diffamatoires de même farine. Ils ajoutèrent qu'ils
n'étaient pas dignes de manger de ces belles fouaces et qu'ils devraient se
contenter de gros pain bis et de tourte. »
Parmi les autres utilisateurs de ce mot : Balzac, Cendrars, Giono, les
Goncourt, Hugo, Huysmans, Henry de Montherlant, Zola.