Le Garde-mots

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Tag - Littérature

Fil des billets - Fil des commentaires

vendredi 26 juin 2009

Ecphrasis

Représentation d’une œuvre d’art (peinture, motif architectural, sculpture, objet d'orfèvrerie, tapisserie) sous forme d'une description littéraire vive et complète. Du grec, ekphrazein, exposer en détail.

La première ecphrasis de la littérature universelle est la description par Homère dans l'Iliade du bouclier d'Achille forgé par le dieu Héphaïstos.  L'arme défensive a été fabriquée à la demande de Thétis,  sa mère, non pas pour protéger Achille, mais « pour que tous soient émerveillés » quand le destin fera de lui un héros, ce qui arrivera à l'occasion de la guerre de Troie.

L’ecphrasis fascine depuis l’Antiquité dans la mesure où elle est la transcription de signes visuels en signes linguistiques.

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vendredi 22 mai 2009

Centon

La merveille du jardin

Le couchant dardait ses rayons suprêmes
Sur le cresson de la fontaine
Où, en chantant je me promène.
Pas une feuille qui bouge,
Au bord de l’horizon rouge.
Ce beau temps me pèse et m’ennuie.
J’offre ces violettes
Ces lys et ces fleurettes
Et ces roses ici
À nous deux. Ne sommes-nous point
La merveille de ce jardin ?

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lundi 18 mai 2009

Une journée au pays de l'Astrée

L’Astrée est un roman pastoral en 5 parties, 40 histoires, 60 livres, 5399 pages, publié entre 1607 et 1627, qui connut dès le début un succès considérable dans l’Europe entière et a encore des lecteurs passionnés. Il eut une grande influence  sur la préciosité. L'auteur, Honoré d'Urfé (1567-1625), ne vit paraître de son vivant que les quatre premiers tomes. Son secrétaire, Balthazar Baro, termina la quatrième partie et écrivit « d'après les notes de l'auteur » la cinquième et dernière partie.

De péripéties en digressions, d’épisodes héroïques en dissertations philosophiques, les sentiments contrariés d'Astrée, ainsi nommée en l’honneur de la déesse grecque de la Justice, et du berger Céladon sont la trame de ce roman fleuve où s'entremêlent les aventures amoureuses, intrigues et rêveries de très nombreux personnages.  L'action se déroule dans la Gaule du Ve siècle, plus précisément sur les bords du Lignon dans la région du Forez près de Saint-Étienne.

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vendredi 20 février 2009

Syndrome de Stendhal

Trouble de nature esthétique éprouvé devant une œuvre d’art. Cette décompensation culturelle se manifeste sous la forme d’une crise d’angoisse avec vertiges, suffocation, battements de cœur, douleurs dans la poitrine, perte du sentiment d’identité et du sens de l’orientation, allant parfois jusqu'au délire et à la dépersonnalisation. L'affection survient chez des personnes impressionnées par le lieu exceptionnel où leur voyage les a menées. Ce nom a été donné en 1990 par le docteur Graziella Magherini, psychiatre à Florence, en référence aux émotions ressenties par Stendhal dans cette même ville en 1817 à la sortie de l’église Santa Croce où il venait de voir une série de chefs-d'œuvre : « Enfin, je suis arrivé à Santa Croce. Là, à droite de la porte, est le tombeau de Michel-Ange; plus loin, voilà le tombeau d'Alfieri, par Canova : je reconnais cette grande figure de l'Italie. J'aperçois ensuite le tombeau de Machiavel ; et, vis-à-vis de Michel-Ange, repose Galilée. Quels hommes ! Et la Toscane pourrait y joindre le Dante, Boccace et Pétrarque. Quelle étonnante réunion ! Mon émotion est si profonde qu'elle va presque jusqu'à la piété. Le sombre religieux de cette église, son toit en simple charpente, sa façade non terminée, tout cela parle vivement à mon âme. Ah ! si je pouvais oublier... ! Un moine s'est approché de moi ; au lieu de la répugnance allant presque jusqu'à l'horreur physique, je me suis trouvé comme de l'amitié pour lui. [...] Je l'ai prié de me faire ouvrir la chapelle à l'angle nord-est, où sont les fresques du Volterrano. Il m'y conduit et me laisse seul. Là, assis sur le marchepied d'un prie-Dieu, la tête renversée et appuyée sur le pupitre, pour pouvoir regarder au plafond, les Sibylles du Volterrano m'ont donné peut-être le plus vif plaisir que la peinture m'ait jamais fait. J'étais déjà dans une sorte d'extase, par l'idée d'être à Florence, et le voisinage des grands hommes dont je venais de voir les tombeaux. Absorbé dans la contemplation de la beauté sublime, je la voyais de près, je la touchais pour ainsi dire. J'étais arrivé à ce point d'émotion où se rencontrent les sensations célestes données par les beaux-arts et les sentiments passionnés. En sortant de Santa Croce, j'avais un battement de cœur, ce qu'on appelle des nerfs à Berlin ; la vie était épuisée chez moi, je marchais avec la crainte de tomber. Je me suis assis sur l'un des bancs de la place de Santa Croce ; j'ai relu avec délices ces vers de Foscolo, que j'avais dans mon portefeuille ; je n'en voyais pas les défauts : j'avais besoin de la voix d'un ami partageant mon émotion. » (Stendhal, Rome, Naples, Florence).

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vendredi 16 janvier 2009

Bringé

Dessin d'Ydel


Merci à Ydel pour son dessin original.
Pour afficher toutes ses contributions au Garde-mots cliquez sur l'image.


Se dit d’un animal dont le pelage ou la robe sont tachés ou rayés de rouge et de noir. Peut-être du normand bringe, verge, le sens de « taché, rayé » s'expliquant par les rainures que laissent les lanières du fouet (la verge) sur la peau. Les vaches normandes sont bringées.

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mardi 23 décembre 2008

Glossaires d’auteurs

Pour mieux apprécier certains auteurs, il est bon d’avoir sous la main le glossaire des mots qu’ils emploient. C’est ainsi que l’on peut trouver sur Internet des informations précieuses, rangées par ordre alphabétiques, sur Apollinaire, Beaumarchais (Le Mariage de Figaro), Aloysius Bertrand, (Gaspard de la nuit), Bourdieu, Brassens, Céline, Hergé (injures du capitaine Haddock), Mirbeau, Molière, Montaigne, Montesquieu Platon, Rabelais, Rimbaud, Rousseau (Les Confessions), Senghor, d'Urfé (L'Astrée)...

[avec la collaboration de untel, écume, Joël…]

Qui dit mieux ?

Si vous connaissez des glossaires en ligne de même nature concernant nos bons auteurs j’apprécierais d'en recevoir ici les adresses. Merci d’avance.

lundi 22 décembre 2008

Conte de faits

C'était un marchand de cochonnaille, devenu prince par les hasards de la filiation. Sa couronne était de lard fumé ; son sceptre, qui avait la forme d'un caducée, se composait d’une saucisse de Strasbourg et d’un gros cornichon. Son compte en banque était plus confortable qu’un trône, car il avait hérité de son grand-père d'une principauté d’opérette qui lui rapportait plus d'argent que son commerce. Il y organisait des séances de loto dont le succès auprès des veuves et des anciens bagnards était indiscutable. Il continuait cependant à fabriquer du boudin et des vol-au-vent pour le plaisir.

Il rencontra une marchande de poissons aux yeux de sole rieuse, à la bouche en forme de murène et aux seins blancs comme des carpes délavées. Dès qu'il la vit il sut qu'ils se marieraient et qu’ils entreraient un jour dans la légende du quartier. Toutefois il se demanda s'il arriverait à lui faire des enfants car il manquait d'informations sur la méthode.

Il devait en premier lieu lui parler. L'endroit était propice puisqu'il s'agissait d'une camionnette sécurisée aux vitres aveugles, garée sur un boulevard peu fréquenté, au milieu d'autres véhicules tout aussi discrets.

Il ne comprit pas tout de suite qu'elle arrondissait ses fins de mois, quand il n'y avait plus de colin à l'étalage, en rencontrant des messieurs esseulés contre de la monnaie sonnante et trébuchante. Il crut d'abord que c’était une poissonnière ambulante, mais s’aperçut assez vite de son erreur. Il lui suffit, pour cela, de constater que la camionnette n'embaumait pas seulement l'océan mais également le patchouli et d'autres senteurs moins nobles. Cette fragrance multiple, plutôt agréable pour un marchand de tripes, voilait des remugles corporels qu’il valait mieux ne pas nommer ni respirer de trop près.

Il eut malgré tout envie de lui dire des mots tendres. Comme il n'en connaissait pas il se contenta de lui demander son nom, ce qui lui valut une réponse pour le moins inattendue : "Je m'appelle Églantine. Je pousse des cris quand on m'arrose."  Il trouva la répartie normale pour quelqu'un qui portait un nom de fleur. Puis il se déshabilla car il faisait très chaud. Du fait qu'il n’avait que 39 ans il ignorait que ce geste était un des préludes de l’amour. Ni ses parents ni ses précepteurs n'avaient évoqué devant lui l'existence d'une telle manœuvre.

La marchande de poissons crut qu’il voulait une passe et se déshabilla à son tour. C’est ainsi qu’il put observer pour la première fois les secrets de la féminité sans savoir pour autant quelle suite pratique il fallait donner à cette découverte. Heureusement pour son éducation, Églantine prit l’initiative. Avec autorité elle le prit dans ses bras et l'invita à étudier de plus près son anatomie. C’est alors qu’un événement incroyable se produisit. Un élément jusqu’ici négligé de son corps eut soudain un comportement autonome et ambitieux.

Tout se passa ensuite très vite et d’une manière aussi banale que dans les autres couples. Vingt secondes plus tard le Prince n’était plus tout à fait aussi naïf. Tandis qu'il se rhabillait il vit la marchande de poissons prélever de l’argent dans son portefeuille. Il ne savait pas pourquoi mais cela ne l’empêcha pas de se dire qu’il voulait l’épouser. Il se souvint alors qu’il était timide et décida qu’il ferait sa demande un autre jour.

Il revint auprès d'elle une semaine plus tard, couronné de lard et tenant d’une main ferme son sceptre comestible. Il lui demanda si elle voulait bien recommencer tous les soirs ce qu’ils avaient fait la dernière fois, sans pour autant lui réclamer de l’argent pour la bonne raison qu’il lui proposait le mariage. La belle accepta car, à 70 ans, elle pensa qu’il était temps de se reposer. Sa camionnette n'avait plus de ressorts et elle-même se sentait un peu fatiguée par une longue vie de commerce en tous genres.

lundi 1 décembre 2008

Résultats du grand concours « Écriture »

Après étude des 12 propositions reçues à l'occasion du grand concours « Écriture » organisé sur le Garde-mots du 17 au 30 novembre 2008 le jury décerne le premier prix au texte qui suit, signé * Elsa Mail *. Selon le règlement, les candidats devaient rédiger un texte sur le double thème de l'écriture manuscrite et de l'écriture littéraire, et employer à cette occasion 10 à 12 des mots ou expressions constituant les titres des billets figurant sur le Garde-mots.

* Écriture à l'encre sympathique *


Alban était un jeune homme solitaire et taciturne, nul n’aurait pu dire où et comment il passait ses journées, en tout cas loin de la ferme de son père. Chaque matin, il se dirigeait vers la forêt. Il ne se séparait jamais de son coffre, une boîte en bois de wacapou offerte par son parrain, un navigateur au long cours. Dans ce coffre : un couteau, un encrier, un abécédaire, un cahier et un porte-plume, une bobine de fil de soie, un almanach.

Les anciens du village se moquaient. A quoi bon tous ces objets ? Il ne savait ni lire, ni écrire. Ils étaient presque tous illettrés au village, ceux qui lisaient se comptaient sur les doigts d’une main. La rumeur allait bon train : il se disait qu’Alban voulait paraître savant pour ne pas travailler la terre, certains affirmaient qu’il était loup-garou. Comme il était beau gars, les filles se cachaient derrière les jalousies pour le voir passer.

Seul, à l’ombre d’un saule près de la rivière, il apprenait à lire, à écrire en se remémorant les leçons du père Henry, le vieux curé cacochyme de la paroisse, décédé en décembre. Alban reproduisait les lettres de l’alphabet, les assemblait jusqu’à l’obtention d’un mot connu : Alban, Dieu, Père, Mère, Terre.

Un jour l’aquilon souffla si fort qu’une rafale s’empara de son abécédaire et le jeta dans la rivière. Les lettres furent aussitôt entraînées dans le courant. Alban réussit à rattraper le Y, le voyou des voyelles! Une petite rainette coassa : « Croâ en toi, croâ en toi, repêche les toutes ! Repêche les toutes ! » Il sortit le fil de soie, le coupa, l’attacha à un bâton, enfila sa plume qui devint bouchon, et accrocha le Y en guise d’hameçon. Il vida le contenu de l’encrier pour appâter à l’encre sympathique, aussitôt la plume s’enfonça ! Il ferra : un mot se tortillait au bout du fil tel un goujon, il le décrocha, le posa délicatement dans le coffre, il recommença et hop ! Un autre pris sur le vif, plus petit celui-là. Il recommença encore et encore … à la tombée du jour, son coffre était rempli.

Le lendemain, il déposa les mots sur l’herbe humide de rosée. Ceux-ci étaient nerveux, se tortillaient, gigotaient: ils cherchaient leur place respective. Quand ils furent enfin immobiles, Alban lut sans hésiter le message suivant :
Les mots sont sève de vie.
Ils font le tour de la terre.
Leur maison est le dictionnaire
Leur écrin est la poésie.
Alban ivre de joie, les bras levés aux arbres, aux cieux, criait : « Je sais lire ! Je sais lire ! »

Comme le précise l'article 12 du règlement, il appartient à Elsa Mail, dès réception, de recopier son texte à l'aide du stylo Classic 1911 de la société Sailor, qui lui est attribué, et d'envoyer au gardien une reproduction informatique de son manuscrit pour affichage sur ce blog. Par ailleurs ce même texte figurera en bonne place (article 13 du règlement) dans l'édition 2010 de l'Almanach du Garde-mots.

Cerise sur le gâteau...

Ce n'était pas prévu par le règlement pour la bonne raison que la nouvelle vient de tomber à l'instant : le jury a obtenu du journal Le Stylographe, distribué dans tous les kiosques, la publication du résultat du concours. La gagnante et ses concurrents auront ainsi de nouveaux lecteurs.

[Retrouvez ce billet dans
L'Almanach 2010 du Garde-mots
]

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vendredi 7 novembre 2008

Éloge de rien

Éloge

Discours public fait à la louange de quelqu'un ou de quelque chose. Celui qui le rédige ou le prononce estime, approuve ou félicite le destinataire. Il s’agissait, chez les anciens auteurs grecs et latins, d’un genre littéraire bien défini. On doit à Lucien un Éloge de la mouche, à Synésios de Cyrène un Éloge de la calvitie. À la Renaissance Érasme publia un Éloge de la folie. Du latin elogium, épitaphe, avec l'influence du grec eulogia, louange. Synonymes : acclamation, apologétique, apologie, apothéose, applaudissement, approbation, blason, célébration, chant, compliment, congratulation, coup d'encensoir, défense, discours, dithyrambe, encens, encensement, encouragement, épitaphe, exaltation, faire-valoir, fanfare, félicitations, flagornerie, flatterie, glorification, honneur, hosanna, justification, los, louange, magnification, mérite, oraison, outrance, panégyrique, plaidoirie, plaidoyer, prône.

Rien

Absence de toute chose. Expressions consacrées : Absolument rien, À propos de tout et de rien, Autant dire rien, Bon à rien, Ça n’a l'air de rien, Ce n’est pas rien, Cela ne mène à rien, Cela n’est rien, Cela ne fait rien, Cela ne me dit rien, Ce n’est rien, Comme rien, Comme si de rien n'était, Comme un rien, De rien, En moins de rien, En rien, En un rien de temps, Il n'en est rien, Mieux que rien, Mine de rien, N’aboutir à rien, N'avoir peur de rien, N'avoir rien de plus pressé que, Ne comprendre rien à rien, Ne compter pour rien, Ne douter de rien, N'être rien, Ne faire cas de rien, Ne penser à rien, Ne plus rien avoir, Ne plus rien savoir, Ne rien attendre, Ne rien avoir à faire, Ne rien avoir à se reprocher, Ne rien avoir dans la tête, Ne rien comprendre, Ne rien dire, Ne rien dire de bon, Ne rien faire, Ne rien laisser au hasard, Ne rien omettre, Ne rien oublier, Ne rien pouvoir, Ne rien savoir, Ne rien valoir, Ne rien voir, ne rien vouloir, ne rien vouloir entendre, ne rimer à rien, ne servir à rien, ne s’occuper de rien, n'y être pour rien, Parler pour ne rien dire, Partir de rien, Pour ne rien vous cacher, Pour rien, Pour rien au monde, Pour un rien, Propre à rien, Rester sans rien dire, Rien à cirer, Rien à dire, Rien à faire, Rien à redire, Rien à voir, Rien de tel,  Rien moins que…, Rien n’avoir contre…, Rien d’autre, Rien de plus, Rien de rien, Rien de tel, Rien du tout, Rien moins que…, Rien ne va plus, Rien ne vaut…, Rien n'y fait, Rien que ça, Rien que d'y penser, Sans rien d'autre, Sans rien dire, Sans rien faire, Sans rien prétendre, Tout ou rien, Trois fois rien, Un(e) moins que rien, Une fille de rien, Une fois rien, Un rien de, Un temps pour rien… Du latin rem, accusatif de res, chose (ce qui est exactement l’opposé du sens actuel en français). Synonymes : absence, bernique, des clopinettes, des clous, des nèfles, désert, goutte, macache, néant, nib, nulle chose, oualou, pas, peau de zébi, peu de chose, point, que dalle, vide, vétille, zéro.

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vendredi 19 septembre 2008

Almanach

MONSIEUR JOURDAIN.- Apprenez-moi l'orthographe.
MAÎTRE DE PHILOSOPHIE.- Très volontiers.
MONSIEUR JOURDAIN.- Après vous m'apprendrez l'almanach,
pour savoir quand il y a de la lune, et quand il n'y en a point.
(Molière, Le Bourgeois gentilhomme, Acte II, scène IV).

Calendrier comportant des indications astronomiques (en particulier les positions du Soleil et de la Lune, les dates des éclipses) et météorologiques, ainsi que des prédictions. Il fournit également des informations susceptibles de faciliter la vie quotidienne. Selon les almanachs on peut trouver :  les heures des marées ; des conseils relatifs aux travaux des champs et des jardins en fonction des saisons ; les dates des principales fêtes ; des recommandations d’ordre médical ; des conseils de cuisine ; des trucs et astuces pour le quotidien ; les dates et heures des marchés et foires ; des indications sur les monnaies, les poids et mesures ; des renseignements sur les personnes ; des adresses ; des maximes, des poèmes, des contes ; des anecdotes, bons mots, calembours ; des illustrations humoristiques.

Prononciation : [almana]. Le ch est muet sauf quand le mot est en liaison avec une voyelle ; on dit "un [almanak] illustré." Étymologie : vraisemblablement du latin médiéval almanachus, lui-même du mot arabe d’Espagne al-manakh ; de al, article défini, et manah, calendrier. Synonymes (aucun d'entre eux n'est plus employé) : annuaire (dans l’acception originelle du terme), calendrier illustré, éphéméride (autrefois ce mot avait le sens de "livre où se trouvent consignées pour une année les prévisions météorologiques"), fastes (tables chronologiques du calendrier marquant les jours d'assemblées publiques, de fêtes, de jeux).

Les premiers almanachs remontent à l’Antiquité mais c’est surtout à partir de l’invention de l’imprimerie qu'ils prennent leur essor. L'un des premiers, François Rabelais  (1494-1553) publie en 1532 (pour l’an 1533) une Pantagrueline Prognostication, Certaine, veritable & infaillible pour l'an perpetuel. Nouvellement composée au prouffit & advisement de gens estourdis & musars de nature, Par maistre Alcofribas, architriclin dudict, qui est une parodie de l’astrologie. Nostradamus, avant de traverser les siècles avec ses Centuries, se fait connaître à partir de 1550 comme faiseur d’almanachs et de pronostications. Au fil du temps les almanachs deviennent les instruments essentiels de la propagation du savoir populaire. C'est pourquoi Henri III, roi de France, est amené, par une ordonnance de l'an 1579, à défendre «à tous faiseurs d'almanachs d'avoir la témérité de faire des prédictions sur les affaires civiles ou de l'État, ou des particuliers, soit en termes exprès, ou en termes couverts». De 1625 à 1913 l'Almanach royal, ou impérial, ou national - le nom change selon les fluctuations de l’histoire - donnera les noms de la famille royale de France et, à partir de 1698,  ceux des personnages attachés à la cour et de tous les fonctionnaires civils et militaires.

Les almanachs circulent par colportage. Détournés progressivement de leurs fonctions astronomique et météorologique, ils deviennent  peu à peu des recueils de textes littéraires comme les Almanachs des Muses aux XVIIIe et  XIXe siècles, ou la liste des aristocrates comme l'Almanach de Gotha. Les almanachs sont, à cette époque, les livres les plus vendus dans les campagnes.

Parmi les almanachs contemporains on connaît surtout ceux de Pierre Bellemarre, Henri Gougaud, du Vieux savoyard, du Vieux dauphinois et, bien entendu, l'Almanach Vermot, et l’Almanach de Liège. Certains sont encore dans la tradition, d'autres n’ont plus de l'almanach que la présentation calendaire. Ils informent, bien sûr, mais de moins en moins sur la vie quotidienne. C'est le cas, d'ailleurs, pour un nouveau venu que je suis heureux de vous présenter...

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