Le Garde-mots

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vendredi 30 janvier 2009

Tarasque

Sainte Marthe et la Tarasque

Sainte Marthe et la Tarasque


Dragon à tête de lion et longue queue, qui portait des écailles sur le dos et possédait six pattes. Il répandait la terreur en Provence parmi les populations vivant au bord du Rhône. Selon la légende, peu après son débarquement aux Saintes-Maries-de-la-Mer, sainte Marthe le soumit en lui passant sa ceinture autour du cou. Elle le conduisit dans la bourgade la plus proche, Tarascon, d’où le nom qu’on lui donna. Les habitants parvinrent alors à le tuer. Par la suite, en mémoire de l’événement, ils instituèrent une fête commémorative qu'on célèbre encore aujourd'hui en faisant défiler un monstre de carton. Le 25 novembre 2005, l'UNESCO a inscrit la tarasque au patrimoine oral et immatériel de l'humanité. Un dinosaure, le tarascosaure*, a été également nommé en référence à la tarasque.

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lundi 26 janvier 2009

Ergotisme

Au Moyen Âge l'ergotisme touchait des milliers de personnes. Cette maladie se traduisait par des crampes, une perte de la sensibilité des extrémités (en particulier du bout des doigts), de la gangrène, des convulsions, des hallucinations. Les victimes éprouvaient des sensations de brûlure, d'où les noms populaires de feu Saint-Antoine (par allusion aux tentatives du Diable d'entraîner saint Antoine en enfer), feu sacré, mal des ardents (du latin ardere, être en feu, brûler). Le noircissement des membres et les brûlures étaient censés punir les personnes atteintes à cause des péchés qu’elles avaient commis et préfigurer l'enfer. Les Antonins les recueillaient dans leurs monastères.

Les épidémies étaient dues à un champignon, Claviceps purpurea, qui se développe, pendant les années pluvieuses, sur les fleurs de seigle et autres céréales. Il forme des filaments qui s’agglomèrent en un tissu dense recouvert d’une écorce violacée visible à l'œil nu. L’ensemble a une forme allongée et recourbée comme l’ergot du coq, d'où le nom vernaculaire d'ergot de seigle. L'affection se produisait quand les gens consommaient du pain "ergoté", c'est-à-dire non débarrassé du parasite.

On sait actuellement que le produit contracte les fibres musculaires, en particulier celles des artères, ce qui explique aussi bien sa toxicité que ses possibilités thérapeutiques. Les sages-femmes l'utilisaient à faible dose pour accélérer les accouchements et arrêter les pertes de sang. Elles l’employèrent d’abord secrètement, puis finirent par révéler son existence aux médecins à la fin du XVIIIe siècle.

De nos jours la farine est très contrôlée et il n'y a pas lieu de craindre le retour d’une telle épidémie. On a parlé pour la dernière fois en France de l'ergot de seigle en août 1951. A l'époque un boulanger de Pont-Saint-Esprit (Gard) fut accusé d'avoir empoisonné 250 personnes et provoqué 6 décès. Les journaux affirmaient qu'il s'agissait d'un retour de l'ergotisme. Les médecins finirent par comprendre qu'un composé mercuriel avait été utilisé pour désinfecter les grains de blé.

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vendredi 5 décembre 2008

Myroblyte

Saint ou Bienheureux dont le cadavre dégage, immédiatement après sa mort, une agréable odeur de fleur, dite odeur de sainteté. Les plus célèbres sont saint François de Paule et un saint de l’Église orthodoxe, saint Siméon le Myroblite. Par extension l’expression mourir en odeur de sainteté  s’em- ploie pour désigner une personne qui meurt en état de grâce, de perfection spirituelle. On qualifie également de myroblytes les icônes qui suintent une huile parfumée. Au sens figuré l’expression odeur de sainteté signifie "être dans les bonnes grâces de quelqu'un ou d’un groupe". Du grec mûron, parfum et blyzein, jaillir. Synonyme : myroblite, myrrhoblite.

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vendredi 14 novembre 2008

Bourdaloue

Vase de nuit de forme ovale, de petite dimension, au fond duquel était peint un œil entouré d’inscriptions grivoises. Il était en vogue à la fin du XVIIe siècle et au commencement du XVIIIe.

Dessin d'Ydel

Merci à Ydel pour son dessin original.
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lundi 27 octobre 2008

Empouilles

Récolte encore sur pied, par opposition aux fruits récoltés, ou dépouilles. Le mot (vielli) est d'ailleurs bâti sur le modèle de dépouille, comme s'il était formé de la préposition de, et de pouille. Il s’agit d’un terme de droit coutumier : "Défenses sont faites à toutes personnes de laisser aller leurs poules ou poulets et autres volailles dans les empouilles, prés, sainfoins, luzernes, qui avoisinent les maisons" (Arrêt du parlement, 14 août 1787).

Premières empouilles, première embrouille

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lundi 20 octobre 2008

Mandorle

Mandorle et Tétramorphe
Tympan de la cathédrale Saint Colman de Cobh (Irlande)


Figure composée de deux cercles brisés en forme d’amande, entourant le Christ assis sur un trône, dit Christ en majesté, Christ en Gloire ou Christ pantocrator, utilisée dans la peinture ou la sculpture pour la décoration des églises depuis le Moyen Âge. Elle s’inscrit dans le tétramorphe : un aigle, un lion, un taureau et un homme ailé, attributs des quatre évangélistes Jean, Marc, Luc, Mathieu. L’ensemble symbolise le passage de l'extérieur à l'intérieur d'une église, donc l’accès au monde spirituel. La mandorle peut également entourer la Vierge ou les Saints. De l’italien mandorla, amande. Synonyme : amande mystique.

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lundi 8 septembre 2008

Spiritualité et Humanisme

J’ai assisté le 19 juillet 2008 à un mariage un peu particulier. Il y avait de la bonne humeur, des invités sympa, des parents souriants, un cocktail dans un très beau parc, un château, des musiciens jazzy et des mariés heureux. Jusque là, rien que du courant, en tout cas du prévisible.

Les mariés


Tout a commencé par une cérémonie religieuse dans un cellier en pierres dorées du Beaujolais, sur les lieux mêmes de la réception. Les mariés, David et Lina, formaient un couple comme les autres, avec toutefois une particularité. Issus de cultures différentes, ils avaient demandé au père Christian Delorme, curé bien connu pour ses positions originales et tranchées, chargé au diocèse de Lyon des relations avec les musulmans, de les aider à consacrer leur union. La Bible, le Coran et un Arbre de vie, posés sur une simple planche de bois, symbolisaient la Table de cérémonie.

Chaque instant fut un moment fort. C’est ainsi que les quelque 150 à 200 invités purent entendre un conte africain, un texte de mère Teresa sur l’Amour, un extrait du Coran (la sourate An-Nûr, autrement dit les Versets de la Lumière). Ces versets ont d’abord été lus en arabe puis le P. Delorme en a donné une traduction française. Il y avait aussi un conte soufi, un extrait de l’Évangile de Matthieu sur Jésus et le mariage, la célébration de l’Arbre de Vie, de la musique anglo-saxonne, bref un cérémonial inédit, composite et joyeusement sérieux. Jusque là, ça sonne un peu différent mais, après tout, le XXIe siècle est déjà bien entamé.  Le curé a béni les alliances, puis David et Lina ont allumé ensemble une bougie, suivant en cela la tradition juive. Le Père Delorme en profita pour leur rappeler que, selon les religions juive et musulmane, "se marier c’est déjà accomplir la moitié de la religion". ll ajouta, avec un rien de malice : "Que ça ne vous empêche pas de faire vôtre la deuxième moitié !"

Nous sommes pour l’entente des êtres et des peuples, n’est-ce pas ? Notre sensibilité ne se contente plus de l’étroite répétition des traditions ancestrales ? Nous avons un regard attendri sur le monde actuel ? Eh bien, vous croyez avoir tout vu, tout lu, tout entendu ? Le plus surprenant, c’est pour maintenant. La cérémonie se termina par un texte de Voltaire. Imaginez : un curé lisant religieusement du Voltaire... Pas n’importe quel curé, je vous l’accorde, mais pas n’importe quel texte de Voltaire non plus : une prière.

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lundi 11 août 2008

Ordinaire

Ce qui se dit, se fait, s'utilise, arrive ou se constate de manière habituelle, ce qui est conforme à la manière courante de procéder, ce qui est dans l'ordre des choses. Dans le domaine culinaire : ce qu'on sert habituellement à un repas : l'ordinaire d'une troupe de soldats. Le mot a également un sens péjoratif : « commun, de niveau moyen ». Autrefois il qualifiait une personne qui remplissait ses fonctions toute l'année : maître d'hôtel, médecin, chirurgien, musicien, juge, professeur, évêque ordinaire. Du latin ordinarius, rangé par ordre, conforme à la règle, à l'usage. Synonymes et mots voisins : accoutumé, attitré, banal, classique, commun, courant, coutumier, familier, fréquent, général, habituel, moyen, naturel, normal, prosaïque, quelconque, quotidien, régulier, simple, sobre, usité, usuel.

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vendredi 18 juillet 2008

Éponyme

Se dit d'une personne dont le nom sert à désigner quelque chose. Il peut s'agir :
- d'un lieu : la déesse grecque Athéna (déesse de la Guerre et de la Sagesse) a donné son nom à la ville d’Athènes ; Romulus fonda la ville de Rome en 753 av. J.-C. ; les saints ont en grand nombre prêté leur nom à des villes et villages :   saint Cyr, saint Tropez, saint Étienne, saint Brieuc, sont des saints éponymes.
- d'un continent : l'Europe par exemple ;
- d'un monument : exemple ityphallique, la Tour Eiffel ;
- d'une œuvre dont le titre est le nom d'un des personnages : Candide, Phèdre, Le Père Goriot ;
- d'un mythe : c'est le cas de Sisyphe ;
- d'un peuple ou d'un État : le nom d'Israël a été donné par Dieu à Jacob après sa lutte avec l'ange (Genèse 32:28) ; il s'appliqua ensuite aux douze tribus issues des douze fils de Jacob; c'est aujourd'hui le nom de l'État hébreu ;
- d'une année : dans la Grèce ancienne on appelait archonte éponyme, le premier des neuf archontes (magistrats qui dirigeaient la République d'Athènes) parce qu'il donnait son nom à l'année en cours ;
- d'une société : la famille Michelin est l'éponyme des pneumatiques Michelin ;
- etc.

Du grec epônumos, qui donne son nom à, lui-même de épi, sur, et onoma nom.

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lundi 23 juin 2008

Bétyle

Pierre dressée, classiquement tombée du ciel (aérolithe, météorite), considérée comme le siège d'une présence divine. Étymologie : de l’hébreu beth el, maison de Dieu.

Les bétyles étaient révérés dans l'Antiquité, en particulier en Phénicie, en Grèce, à Rome. Dans la mythologie grecque, Cronos, qui règne sur l’univers, cherche à dévorer ses enfants. Rhéa, son épouse, lui donne à avaler, au moment de la naissance de Zeus (leur enfant) une pierre emmaillotée. Devenu adulte Zeus force son père à régurgiter la pierre ainsi que ses aînés : Poséidon, le dieu de la Mer ; Hadès, le dieu des Morts ; Déméter, la déesse de la Terre ; Hestia, la déesse du Foyer ;  Héra, la déesse du Mariage. Dans la mythologie romaine, Rhéa est assimilée à Cybèle.

Dans la Genèse (28 :10-15), Jacob, en fuite parce que son frère Esaü veut le tuer, s’arrête en un lieu appelé Luz pour y passer la nuit. Il se couche sur une pierre et s’endort. Bientôt il rêve d’une échelle dont la base repose sur la terre et le sommet atteint le ciel. Elle est parcourue par des anges qui montent et descendent. Dieu lui apparaît et lui donne, ainsi qu'à sa descendance, la terre sur laquelle il est couché. A son réveil il dresse la pierre comme une stèle, répand de l'huile sur son sommet et déclare : « Cette pierre, que j'ai dressée pour monument, sera la maison de Dieu. »

Immaculée à l'origine mais noircie par les péchés, la pierre noire enchâssée dans un cadre en argent à l’un des angles de la Ka’ba à La Mecque, la maison cubique dont les pèlerins font sept fois le tour, est un ancien bétyle que les pèlerins adoraient déjà à l’ère pré-islamique. Quand Mohammed détruisit les 360 idoles contenues dans la Ka'ba, il conserva la « Pierre Noire », en déclarant qu'elle était un cadeau d'Allah.

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